En réaction à la sortie médiatique indélicate du directeur général de l’agence nationale des bourses et stages du Gabon concernant l’attribution des bourses, Gaston Bekale, professeur de philosophie morale a tenu à recadrer le discours de Ruffin Ndjambou le directeur général de l’Agence Nationale des Bourses du Gabon(ANBG).
« Dire que « 𝗹𝗮 𝗯𝗼𝘂𝗿𝘀𝗲 𝗻’𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝘂𝗻 𝗱𝗿𝗼𝗶𝘁 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝗮𝗶𝗱𝗲 » est non seulement une erreur juridique grave, mais c’est surtout une insulte ouverte à des milliers d’étudiants gabonais, au pays comme à l’étranger, qui attendent leur dû dans la détresse et le silence. Vous parlez avec condescendance, comme si vous étiez au-dessus des lois, au-dessus des étudiants, au-dessus des souffrances que vous contribuez à entretenir.
La bourse est un droit tel qu’il est encadré par des textes réglementaires tels que 𝒍𝒆 𝒅𝒆́𝒄𝒓𝒆𝒕 𝑵° 000179/𝑷𝑹/𝑴𝑬𝑺𝑹𝑺𝑻𝑻𝑬𝑵 𝒅𝒖 30 𝒋𝒖𝒊𝒍𝒍𝒆𝒕 2013, qui définit clairement les critères et obligations de l’État envers les étudiants. Ce droit est fondé sur la réussite académique, le mérite et l’engagement dans les études.
Il ne s’agit donc pas d’un privilège accordé par compassion, ni d’un bonus facultatif. Il s’agit d’un mécanisme permanent, structuré, et prévu pour un versement régulier mensuel aux étudiants gabonais éligibles.
Mais parlons vrai : le problème ne se limite pas à la « 𝗻𝗼𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗯𝗼𝘂𝗿𝘀𝗲 », il est beaucoup plus grave. Il est question de l’irrégularité chronique et honteuse des paiements, des retards de plusieurs mois voire d’années, de l’absence totale de versement pour de nombreux nouveaux bacheliers, et d’un système de gestion pourri par la gabegie, la corruption, l’opacité, et l’incompétence administrative.
Combien d’étudiants vivent aujourd’hui sans avoir perçu un seul billet, alors qu’ils ont été admis et validés dans les règles ?
Combien de jeunes gabonais sont abandonnés à l’étranger, dans des conditions précaires, à mendier de l’aide ou à décrocher parce que l’ANBG n’a pas assumé son rôle ?
Combien de familles sont ruinées parce que l’État n’a pas honoré ses engagements ?
Combien de vies sacrifiées sur l’autel de votre négligence ?
Monsieur le Directeur Général, vous n’avez pas seulement manqué à votre devoir. Vous avez trahi l’esprit même de votre mission. Vous avez oublié que vous étiez au service des jeunes Gabonais, et non leur geôlier financier.
Ce n’est pas aux parents de « 𝒇𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒍𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒆𝒗𝒐𝒊𝒓 » c’est à l’État de respecter le sien. C’est à vous, à l’Agence Nationale des Bourses du Gabon, à vos équipes, de rendre des comptes, de réparer ce système malade, et de traiter les étudiants avec dignité et respect. La jeunesse gabonaise n’est pas mendiant, elle est l’avenir de ce pays ».
Gaston Bekale- Citoyen engagé, Professeur de philosophie morale.