Le thème du déclin du Gabon est en tout cas suffisamment polémique pour que la publication, normalement anodine, d’une série statistique du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF), sur les Produits intérieurs brut (PIB) par habitant des pays africains ait déclenché un vaste tollé chez les Gabonais depuis quelques jours.
En effet, le CERMF a rendu publics les indicateurs sur les niveaux de richesse par habitant. Et surprise : selon ce classement construit en calculant le produit intérieur brut par habitant, le Gabon arrive en tête du classement grâce à un PIB par habitant de 7 000 dollars début 2021 soit 3,9 millions de francs CFA. Rappelons que le PIB par habitant est une mesure qui résulte du PIB divisé par la taille de la population totale de la nation. Donc, en substance, il est théoriquement le montant d’argent que chaque individu reçoit au Gabon.
Ce classement est contestable suite à la fragilité de la méthode utilisée par le CERMF et l’interprétation de ce recul. Il ne fournit pas une mesure adéquate du bien-être matériel des individus. Afin de comparer la production par habitant, il est en effet nécessaire de corriger les résultats obtenus par le niveau des prix de chacun des pays. Ceux-ci n’étant pas les mêmes surtout dans les secteurs non concurrentiels ou abrités, le pouvoir d’achat n’est pas le même. Toute la difficulté est alors de bâtir un « standard de pouvoir d’achat » (SPA) cohérent, à partir d’une multitude de relevés des prix, qui va modifier le niveau de chacun des pays.
Aussi, que l’on pense à la mesure de l’inflation, des inégalités ou encore du chômage, les indicateurs économiques sont parfois critiqués pour leurs limites et leur incapacité à rendre compte de la perception qu’ont les individus de ces phénomènes. Le PIB ne fait pas exception : bien qu’étant l’un des indicateurs économiques les plus utilisés à l’heure actuelle, il est régulièrement accusé de ne rendre que très imparfaitement compte de l’évolution de la richesse dans une société.
Par ailleurs, le Gabon est le 8e producteur africain de pétrole (et le 36e au niveau mondial) ainsi que le premier producteur africain et le 3e mondial de manganèse. Ainsi, tous les efforts réalisés par le Gabon au cours de ces dernières années, ont permis selon le rapport d’avoir une croissance positive. Au final, et pendant la période 2015-2020, la croissance annuelle moyenne s’est alors établie à 1,6 % pour le Gabon.