Le débat de Missélé eba’a : La République s’indigne sagement…

Il a fallu attendre 12 ans pour entendre, avec Faustin Boukoubi, au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, un discours d’une dimension digne d’un disciple du Grand maître, Omar Bongo Ondimba.

En effet, en 2009, Guy Nzouba Ndama, alors président de ladite institution, avait tenu devant le président de la République, nouvellement élu, un discours d’une grande sagesse, jugulant habilement toutes les passions. Les conseils prodigués par l’ancien étaient limpides et instructifs pour qui voulait la réussite d’Ali Bongo Ondimba après l’élection présidentielle controversée qui venait de se dérouler.

Profitant de la rentrée parlementaire, le président de l’Assemblée nationale, Faustin Boukoubi vient de livrer un discours qui verra date. Le ton et la forme du discours, s’adressant publiquement aux acteurs au pouvoir, lui-même appartenant à la majorité au pouvoir, sont la preuve que tous les signaux annonçant un danger sont allumés.

Autrement dit, lorsque le président de l’Assemblée nationale se sent obligé de dire publiquement ce qui se dit normalement en privé quand on n’est pas en cohabitation, c’est qu’il y a un fil rompu ou des connexions bouchées entre certains pouvoirs, en l’occurrence l’exécutif et les autres.

C’est dans la phrase « les gabonais nous regardent » que se trouve toute l’autopsie faite du pouvoir actuel. Elle nous rappelle les derniers mots d’Omar Bongo Ondimba qui interpellaient la conscience collective de ses disciples.

Oui les gabonais qui ont brulé l’Assemblée nationale en août 2016 regardent les dirigeants irresponsables qui se succèdent au sommet de l’État. De la Légion étrangère à l’infantilisation du pouvoir avec les collégiens du bord de mer en passant par ces hauts cadres de la République devenus abusivement prisonniers.

Oui les gabonais qui ont lynché Patrick Ndong Eyeghe regardent Sylvia Bongo Ondimba, Noureddine Bongo Valentin et leurs affidés. Visiblement le projet « enculer la République » annoncé à Ryad est bien ce qui se fait actuellement. On refuse de respecter la République et ses codes pour imposer, au nom du Président de la République, des décisions ridicules, les unes à la suite des autres.

Quid de la dissolution du ministère des travaux publics ? Deux semaines après, aucune interpellation. Armel Léon Balonzi et Ian Ghislain Ngoulou son maître jouissent paisiblement des biens dont ils ne peuvent justifier la possession.

Oui les gabonais qui ont librement adhéré au mouvement pacifique des casseroles regardent ceux qui refusent de respecter les lois de la République et les codes de gestion d’un pouvoir. Qui dirige le Gabon ? Quelle est la responsabilité du gouvernement dans le désordre qui sévit au sommet de l’État ?

Oui les gabonais qui croient en Dieu et qui se sont indignés avec l’Eglise catholique des mesures restrictives ridicules du Covid-19 regardent les parlementaires qui ont refusé de rendre publique les résultats de l’enquête parlementaire sur la gestion du Covid-19.

La cohérence voudrait qu’au-delà des belles tournures des phrases choisies, on s’applique la rigueur exigée aux autres. Honorables, rendez publique le rapport d’enquête parlementaire si vous êtes sincères dans vos mots. Les gabonais vous regardent.

Oui les gabonais désespérés regardent les acteurs politiques et publiques qui font allégeance à des imposteurs au sommet de l’État. Ceux qui parlent et agissent au nom d’Ali Bongo Ondimba n’ont aucune légitimité et aucune légalité. Pourquoi, au-delà des intérêts divers, la République dans son fonctionnement institutionnel laisse faire ?

Oui les gabonais révoltés regardent les parlementaires qui doivent faire une loi de finances rectificative prenant en compte la plus value pétrolière qui manque dans les caisses de l’État. Il en va de la survie du peuple gabonais et de sa dignité. Rien ne donne le droit à des individus de faire disparaître autant d’argent qui peut servir à régler plus de 70% des problèmes du pays. Ordo ab chao aiment répéter les francs-maçons. Et ils sont nombreux au Gabon. Appliquons.

Oui les gabonais affolés regardent ces compatriotes qui, sans présenter un quelconque bilan ou des réalisations concrètes des septennats écoulés, sans tenir compte de l’état de santé fragilisé du président de la République appellent à sa candidature. Soit on navigue en pleine folie soit ceux qui s’amusent à le faire sont en pleine séance de sorcellerie.

Ces gens qui appellent à sa candidature n’ont-ils pas de malades victimes d’AVC dans leur famille au point de penser qu’Ali Bongo serait un malade exceptionnel ? Jusqu’au bout, comme en 2016, nous le protégerons. Sa santé avant tout. Il ira tranquillement se reposer et profiter de ses derniers jours. Nous ne participerons pas à sa torture.

Oui les gabonais agacés regardent les dirigeants corrompus abuser du Gabon qui font plonger notre pays dans la pauvreté et la déshumanisation. Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes entrain de faire. Il nous regarde…

Le management tordu et approximatif constaté et contesté par les honorables députés nous invite à bien comprendre la démarcation qui est faite publiquement. Les parlementaires refusent de cautionner ou de valider des attitudes qui appelleront forcément un procès avec l’histoire, tôt ou tard.

Ce qui fait que finalement on a d’un côté les héritiers d’Omar Bongo Ondimba qui refusent de se soumettre à une manière de faire qui n’honore pas la République. Et d’un autre, on a des extraterrestres qui apprennent à faire la guerre sur un champ jugé difficile. Aussi, on constate que d’erreurs et que de maladresses. Napoléon ne croyait pas si bien dire « on ne perturbe pas un ennemi qui fait des erreurs ». Le silence puis les mots de la République trouvent un sens.

La République sait s’exprimer, s’indigner et sagement. Nous y sommes. Au nom du peuple, Faustin Boukoubi a parlé. Nos parlementaires savent que pour être sauvés, il faut avoir été vu une fois au moins dans la charrette des victimes. C’est fait.

Par Télesphore Obame Ngomo

Président de l’Opam

Paul Essonne

Journaliste

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