En juin 2009, alors que le Gabon venait de perdre son président de la République, Omar Bongo Ondimba, et que nul ne pouvait prédire l’avenir du pays, c’est bien Marie Madeleine Mborantsuo, pourtant doublement endeuillée, qui s’était levée pour faire respecter les dispositions constitutionnelles qui ont permis à la République gabonaise de continuer à tenir debout.
Autrement dit, au lendemain de l’annonce du décès du fils de Basile Ondimba, c’est le président de la Cour constitutionnelle qui avait réuni les juges constitutionnels de cette époque, tous affectés par ce décès brusque car ayant une histoire particulière avec l’illustre disparu, pour rappeler à chacun le rôle de la Cour constitutionnelle en pareille situation.
C’est alors que le processus de la vacance de la présidence de la République fut entamé. Demeurant concentrée uniquement sur ses missions, la Cour constitutionnelle laissera ensuite aux acteurs politiques, de la majorité et de l’opposition, la charge qui était la leur, c’est-à-dire, l’organisation même des opérations électorales sous la supervision de la Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP) et du ministère de l’intérieur.
Voici un élément vrai et vérifiable de l’histoire de notre pays qui permettra toujours d’affirmer que sans la présence et l’action de la Cour constitutionnelle présidée par Marie Madeleine Mborantsuo, le Gabon n’aurait peut-être pas connu la transition pacifique de 2009 saluée à l’unanimité par la communauté internationale.
Selon les dispositions constitutionnelles en vigueur, notamment l’article 83 de la Loi fondamentale, il est dit que « la Cour constitutionnelle est l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics ».
C’est dire que la Haute juridiction a un regard sur le fonctionnement de toutes les autres institutions. Cela passe naturellement par la conformité légale des profils choisis devant occuper la tête desdites institutions.
Le Gabon étant un petit pays avec une très faible population, l’équivalent d’un quartier d’Abidjan ou de Kinshasa, il n’est pas surprenant que tous les acteurs naviguant au sommet de l’État soient connus ou parents des différents membres de la Cour constitutionnelle ou d’autres institutions.
De Germain Ngoyo Moussavou de la Haute Autorité de la communication (HAC) à René Aboghe Ella de la Cour des comptes en passant par Moïse Bibalou Koumba du Centre Gabonais des Élections (CGE) ou Mbou Nestor de la Commission Nationale de Lutte contre l’enrichissement Illicite (CNLCEI), aucun d’entre eux n’est un inconnu du landerneau public ou politique de notre pays.
De toutes les accusations fallacieuses polluant les réseaux sociaux, personne ne remet en cause la compétence des différents profils cités ou considérés comme proches de Marie Madeleine Mborantsuo. Ce qui est une chose fondamentale et rassurante. C’est dire que la raison n’a pas totalement foutu le camp de la tête de ces perfides trompeurs identifiés.
Or, il est pointé ou surligné la « proximité » qu’ils auraient avec le président de la Cour constitutionnelle. On a presqu’envie de demander : est-ce un nouveau délit ?
Pour une fois que dans le choix des hommes, la République du village que nous critiquons tous n’est pas honorée, il s’en trouve des esprits malveillants pour estimer qu’on peut innover dans l’imbécilité en créant un nouveau délit intitulé « proche de Marie Madeleine Mborantsuo ». N’est-ce pas le comble du ridicule quand la majorité des gens, ici et ailleurs, apprécie sa densité et salue l’épaisseur de son parcours?
Considérons même que ces présidents d’institutions soient proche du président de la Cour constitutionnelle : (1) qu’on nous dise si ces hauts cadres choisis ne sont pas des gabonais, (2) s’ils ont démérité lors de l’exercice de leurs fonctions, ou (3) s’ils ont été nommés par le président de la République ou par le président de la Cour constitutionnelle.
Considérons que le président de la Cour constitutionnelle aurait proposé les différentes personnes citées : qui dans le monde de la communication pourrait remettre en cause la compétence de Germain Ngoyo Moussavou en matière d’écriture? Qui dans le monde de la magistrature pourrait critiquer le niveau de René Aboghe Ella ou de Mbou Nestor ? Qui dans l’enseignement supérieur ou dans la Haute administration pourrait pointer du doigt l’expertise de Moïse Bibalou Koumba ou de Joel Ledaga ?
Si c’est Marie Madeleine Mborantsuo qui aurait contribué à faire leur promotion, c’est encore une fois de plus des ovations qu’elle mérite de recevoir car elle rend valablement hommage à la République en coptant des cadres dignes et à la compétence tant recherchée pour servir le Gabon. C’est bien de ce Gabon dont nous rêvons tous. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut. N’avions nous pas toujours critiquer les fameuses erreurs de casting ? Ce concept si cher au professeur Guy Rossatanga Rignault.
On ne peut en réaction à la production saluée de Costy Eka sur les 30 ans de la Cour constitutionnelle et sur la vie de Marie Madeleine Mborantsuo pondre des inepties qui ne reposent sur aucune disposition légale. Sinon, à quoi correspondraient ces boules puantes qui infestent la toile numérique ?
Bien heureusement la bave du crapaud n’atteindra jamais la blanche Colombe. Et nous y sommes.
Par Télesphore Obame Ngomo
Président de l’OPAM.