« La symbolique des trois petits singes et le choix du déclin et de la misère » prédit Serge Abslow.

Il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir. Il n’y a pas pire sourd que celui qui refuse d’entendre et il n’y aura jamais pire complice de ces deux là que celui qui refuse de parler. Et notre pays, hélas, n’est peuplé que de ces 3 types d’individus, l’aveugle, le sourd et le muet, tous trois héritiers respectifs des tares de l’aveuglement, de la surdité et de la mutité volontaires.

Alors qu’il voit, l’aveugle volontaire détourne les yeux. Alors qu’il entend, le sourd volontaire se bouche les oreilles. Et alors qu’il peut parler, le muet volontaire ferme sa bouche. Peu importe ce qui se passe sous leur nez, ils ont choisi de vivre selon la symbolique des 3 petits singes: ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire.

Même quand ils cheminent ensemble et solidaires vers un avenir de plus en plus incertain, ils refusent de s’alerter mutuellement pour se prémunir des dangers qu’ils savent pourtant imminents. En plus d’être aveugles, sourds et muets, comme des autruches, ils choisissent aussi d’enfoncer leur tête dans le sable, laissant à la merci des vents contraires, leur croupe offerte a toutes les profanations.

Que d’images et illustrations métaphoriques pour tenter d’expliquer le contraste gabonais. Ce pays étonnant, presque fascinant, où les habitants sont un sujet de recherche que même les plus prestigieux chercheurs ne sauraient épuiser. En effet, la complexité de la nature psychique, sociologique et même anthropologique du gabonais, défie les lois de la recherche empirique et scientifique. Elle défie les lois de la logique.

Pour preuve, ce pays est devenu si illogique que son peuple semble être atteint de trisomie. Sinon comment comprendre que l’instrument le plus emblématique de la sécurité sociale s’écroule sous ses yeux comme un château de cartes sans bouger ? Que les prix des produits de première nécessité flambent sous ses yeux sans réaction? Que les bourses d’études de ses enfants soient coupées là où elles ne sont pas simplement supprimées sans jamais s’indigner ?

Comment comprendre que le prix du sac de ciment prenne l’ascenseur sans insupporter les Gabonais? Que les pénuries de carburants, produits dérivés du pétrole qui est produit sur leur sol depuis 100 ans, soient devenues si récurrentes parce qu’importés, sans choquer les Gabonais? Que même le prix de la baguette de pain ait été augmenté de 20% par un tour de passe-passe, sans que les Gabonais s’en émeuvent ?

Comment concevoir que nos ambassades ferment successivement dans le monde et que (leurs personnels abandonnés à leur triste sort, meurent de misère à travers le monde, laisse les Gabonais indifférents? Comment interpréter que les Gabonais de la diaspora forment désormais des réseaux criminels dans leurs pays d’accueil, dans l’indifférence des Gabonais?

Comble de cet incroyable attentisme et immobilisme de ce peuple gabonais définitivement « mis en bouteille », la formidable dette extérieure qu’il est, cerise sur le gâteau, condamné à payer alors qu’elle n’aura servi qu’à engendrer ces maux nouveaux qui actent le déclin de notre pays, que je viens de décrire avec peu de mots, et qui sont annonciateurs d’un plus grand chaos.

Un seul responsable? Le peuple gabonais lui-même. Ce peuple gabonais qui subit sans jamais rechigner, des tribulations qu’aucun autre peuple digne et riche, n’est capable d’endurer. Un peuple masochiste à souhait et frappé d’un syndrome de Stockholm aigu, qui espère, enchaîné par sa peur et sa couardise dans les bas-fonds de la misère, la venue d’un Moïse improbable pour le sortir de cette Egypte tropicale où les bébés Zeus jouent les pharaons.

A défaut de ce messie qui ne viendra jamais, il ne reste qu’à espérer, comme sanction suprême décrétée par Dieu lui-même, pour juger ce peuple de pleutres, que le ciel lui tombe sur la tête afin qu’il réalise enfin, que son pays autrefois un paradis, est en train de s’effondrer. Que la colère de Dieu emporte avec elle, par le feu de l’enfer, comme au temps de l’incorrigible Sodome et Gomorhe, ce pays et ce peuple irréversiblement corrompus.

Paul Essonne

Journaliste

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