Avec la mise en place d’une taxe foncière le 1er janvier 2023, l’Etat se dirige inexorablement dans une spirale infernale. Cet impôt ne va pas passer inaperçue pour les propriétaires. Le montant de la taxe foncière risque d’être salé.
Cette mesure prévue présage d’une petite révolution au Gabon, où jusqu’à aujourd’hui on paye très peu de taxes et où l’argent du pétrole n’est malheureusement pas redistribué équitablement. En effet, la rente pétrolière est une ressource issue du résultat d’un rapport de force politique. Pourquoi tout le monde n’en profite pas, de ceux qui occupent des emplois publics, jusqu’aux bénéficiaires d’allocations diverses, en passant par les entrepreneurs et autres hommes d’affaires ? Le modèle rentier gabonais a au contraire handicapé un secteur privé fragile et en manque de financement. Avec deux décennies d’efforts la situation peut être renversée. La première tâche, dans le court terme, est de maintenir cette ressource.
Où est l’argent provenant de l’augmentation du prix de vente du pétrole ? Qu’a-t-on fait du montant des ressources soudainement disponibles ? L’instauration d’une taxe foncière fait que l’Etat n’a pas eu le temps de mettre en œuvre un modèle de développement spécifique. Ce dernier supposerait une prise de conscience de l’intérieur par les masses. Le choc est trop rapide et la prise de conscience de ce qui peut se passer ne peut être que le fait d’une élite très petite. On tombe donc dans un schéma de rattrapage des pays industrialisés, sans trop en connaître les implications ni les coûts.
On peut déplorer dans notre pays l’absence d’un nouveau cadre de vie avec la construction de logements pourvue et des bâtiments publics. De plus, le manque de projets d’équipements urbains est la cause des mauvais services de voirie, d’eau potable, d’assainissement, de collecte des ordures. Il faut maintenant mettre des êtres humains dans ce monde d’artéfacts caractérisé par son abstraction, la complexité de ses relations internes et sa dureté. Car, le développement d’une société de consommation, avec la complexité de l’appareil de production qui l’accompagne, ne peut se faire sans une institutionnalisation progressive des fonctions gouvernementales.
Aussi, le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba doit prendre des dispositions pour y remédier. Il doit ainsi procéder à des réformes financières, économiques et structurelles, au premier rang desquelles une rationalisation de la dépense publique, des privatisations, et l’instauration à moyen terme d’une taxe sur la valeur ajoutée.