Si tenir un congrès pour un parti est légitime même quand il s’agit du Rassemblement pour le Gabon en abrégé RPG, faire des propositions hors-sol, qui ne tiennent comptent ni de l’obligation du respect du cadre constitutionnel, ni même du contexte politique actuel, peut s’avérer être une atteinte fragrante à la volonté souveraine du peuple gabonais de s’affranchir du régime dictatorial qui gouverne le pays.
J’ai été effaré de découvrir sur les antennes de RFI, la proposition de l’actuel président du RPG, que je ne connaissais pas personnellement. Le président du parti du père Paul Mba Abessole a eu l’outrecuidance d’émettre l’idée d’une transition politique, c’est-à-dire qu’à la place de l’élection présidentielle dont la tenue se rapproche inexorablement, monsieur Laurent ANGUE MEZUI demanderait gentiment à la classe politique d’observer une période transitoire de deux (2) à trois (3) ans, pour dit-il mieux préparer les élections dans notre pays.
Sans vouloir savoir comment en face d’un régime qui a à sa disposition l’armée, les institutions républicaines, les institutions politiques, l’argent du pays, le président du RPG va-t-il opérer pour faire accepter aux tenants du pouvoir une telle idée, je trouve que cette proposition est la dernière carte jetée dans la bataille pour un parti dont l’ancrage dans l’opposition a beaucoup vacillé depuis le début des années 90, autant que sa représentativité au sein des assemblées politiques, indication majeure de la volonté de conquérir le pouvoir pour une formation politique.
Je n’ai pas la prétention de tout savoir mais je ne connais pas de transitions politiques qui se seraient tenues sans un « fait contraignant ». Que le président du RPG nous donne l’exemple d’une transition politique qui aurait été acceptée gentiment par les tenants du pouvoir. Le parti au pouvoir fait constamment dans le déni de la réalité, il nous explique à chaque fois que tout va bien au Gabon. Sur la base de ce mensonge maintes fois répété et devenu réalité dans leur esprit, pour quelles raisons les occupants du pouvoir céderaient-ils à l’idée d’une transition, qui n’aurait finalement qu’un seul but, celui d’affaiblir leur hégémonie sur l’ensemble des secteurs de notre pays le Gabon.
Je ne veux pas me poser la question du comment de cette transition, ni celle du qui ferait partie de cette transition politique ou même du comment se ferait-t-elle, avec ou sans le PDG et enfin qui déclarerait l’activation d’une telle transition politique dans quel cadre légal ou constitutionnel, en gros quelle institution serait habileté à prononcer la transition politique RPGiste ?
Je refuse également de croire, au regard de l’expérience et de l’intelligence des cadres du RPG, notamment le père Paul Mba Abessole, qu’il s’agisse là d’un acte de naïveté politique. Je pense que le RPG, prépare l’opinion à une intégration nouvelle dans la majorité autour du PDG, au prétexte d’un rejet de sa proposition par l’ensemble des acteurs politiques de l’opposition gabonaise, qui viennent d’entamer un projet de rassemblement de leurs forces.
Je voudrais enfin rappeler que l’histoire n’a pas encore digéré le rapprochement du fondateur de ce parti avec le pouvoir Bongo-PDG, que ses héritiers viennent encore par cette proposition, de semer le doute dans la tête des gabonais au sujet de la sincérité des acteurs politiques. Il ne faut pas nous faire croire que le béret noir que portait le père Paul Mba Abessole des années 90 et qui symbolisait le combat politique, ne trouvera plus jamais tête à sa mesure. Il n’y a de nouveau que ce que l’on a oublié.
Jo Dioumy Moubassango, M.P.P