A l’aune des bouleversements identitaires, la société gabonaise doit trouver une nouvelle voie qui interrogerait l’histoire officielle du Gabon jusque dans ses dénis et ses rémanences. Car, l’histoire se fait en érigeant des monuments tout autant qu’en les faisant tomber.
Mais force est de constater que, les tenants du pouvoir se tiennent pour l’accomplissement du progrès et ne voit dans l’héritage culturel de notre pays qu’une poubelle de l’histoire où s’accumulent les mêmes tares que celles qui restent à dénoncer aujourd’hui chez les ennemis du progrès. Fondamentalement, c’est la montée en puissance d’une culture de la censure qui entraîne de fait un véritable recul, la menace d’un effacement de l’histoire gabonaise. Il s’agit en l’occurrence des pratiques d’ostracisation de personnes dont les propos sont jugés choquants par les membres de certaines communautés idéologiques. Cette notion dénote un moyen d’imposer un ordre social spécifique. Dans une telle société, la critique est exclue, voire plus fondamentalement, le débat public lui-même. Elle met en danger la liberté d’expression, l’exclusion de la pensée divergente. La guerre est clairement culturelle et se radicalise.
Aussi, la presse ne devrait donc pas lisser les opinions, car par définition elle doit être le lieu d’expression de toutes les opinions, y compris celles qui dérangent jusqu’à l’insupportable. La confrontation des idées est consubstantielle de l’existence même de la presse qui a le devoir de résister à toute pression. De plus, la presse a l’obligation de débattre, de permettre le choc des idées et d’aller à contre-courant s’il le faut. Sinon, c’est la démocratie qu’on annule.
Les Gabonais doivent travailler à faire apparaître l’altérité, l’étrangeté des cultures anciennes, percevoir et faire sentir les différences dans l’ordre culturel, car ce sont elles qui mesurent le temps.