« Décolonisation du sang et des larmes 2e partie » : l’Afrique encore loin du compte !

Aujourd’hui encore, beaucoup de pays africain continuent de payer l’impôt colonial en France et ce, malgré l’indépendance. A défaut d’être pillé par des colonisateurs revanchards comme en Guinée, pour les pays nouvellement indépendants il fallut trouver des compromis avec la France.

Ne voulant pas continuer à subir une domination française, la Guinée refusa de signer le pacte de colonisation proposé par le Général De Gaulle, il accepta de payer en contrepartie, une dette annuelle à la France pour les soi-disant avantages obtenus lors de la colonisation française soit 40% du budget du pays en 1963. Ce furent les seules conditions de la France pour ne pas détruire la Guinée avant de partir.

D’ailleurs, le documentaire de France 2 qui, est une série de témoignages distillant des informations pertinentes de cette période avec notamment l’Ivoirien Soro Solo « On vous apprend à avoir honte de vous-même, de votre culture et d’adopter la culture, la civilisation du dominateur qui est le Blanc, qui est le Français. C’est ça le résultat du lavage de cerveau de la colonisation. »

Côte-d’Ivoire, Vietnam, Algérie, Madagascar, Syrie, Maroc, Gabon, l’Empire colonial français s’est effondré en l’espace d’un quart de siècle. L’aveuglement de la République a nourri des décennies de haine et de violence.

Les richesses coloniales se déversèrent sur la France. Certes, les écoles se multiplient. Mais à peine 8% des enfants de l’empire s’asseyent sur ses bancs. Et l’apprentissage est très orienté.

La Réunionnaise Françoise Verges n’est pas en reste pour ce qui est des révélations « Moi, je vais à l’école primaire puis au Lycée, je n’apprendrais jamais rien sur mon pays. Mais rien. »

Plus loin Soro Solo ajoute « On nous apprenait à connaitre tous les grands fleuves de la France, leur débit, leur longueur, leur navigabilité. On allait même jusqu’à apprendre quel poids du pain était mangé par un Français à l’année. »

Même le grand Manu Dibango du Cameroun n’y va pas de mainmorte « Avec les livres que nous avions, en plus, tous les livres magnifiaient normalement le colonisateur. Puisque, d’abord, c’est lui qui écrivait les livres. Donc, on entrait dans l’Histoire à travers les livres. »

Françoise Verges fait une déclaration saisissante « Je raconte souvent que quand on a le cours sur les volcans, on apprend tout sur les volcans d’Auvergne, qui sont morts depuis je ne sais pas combien de temps. Alors, à La Réunion, nous avons un volcan qui très gentiment, entre en éruption plusieurs fois par an et on aurait pu avoir une leçon en direct. Aller voir ce que c’est un volcan. Eh bien non, on apprenait les volcans d’Auvergne. C’était grotesque mais ça n’a pas beaucoup changé, aujourd’hui. »

Soro Solo ira même très loin dans la dénonciation et l’invective l’invective « A l’école, on avait instauré quelque chose pour nous obliger à parler et à réfléchir en français. Si un de vos camarades vous surprenait à parler votre langue maternelle, en l’occurrence le sénonfo qui est ma langue maternelle, il vous dénonçait à l’instituteur. Et pour vous humilier, on vous accrochait un crane d’âne au cou pour que tous vos camarades de la cours de récréation disent :’’Regardez le vilain, il a parlé sénonfo, il ne parle même pas la langue des civilisés’’. Et le gamin que vous êtes, on vous apprend à avoir honte de vous-même, de votre culture, de votre civilisation et donc, à la renier. Et d’adopter la culture, la civilisation du dominateur qui est le Blanc, qui est le Français. C’est ça, le résultat du lavage de cerveau de la colonisation. »

Pendant que les élèves de l’empire apprenaient la grandeur de la métropole, loin des caméras, la France engage l’une des plus impitoyables répressions de ces années d’après-guerre. Des évènements, longtemps ignorés des manuels d’Histoire. Cette histoire a laissé des traces indélébiles dans les cœurs et dans les âmes.

Aujourd’hui encore, à l’instar du Togo, 14 pays africains sont obligés par la France à travers le pacte colonial de mettre 85% de leur réserve à la banque centrale de France à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, la Cote d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo, le Cameroun, la République Centrafricaine, le Tchad, le Congo Brazzaville, la Guinée-Equatoriale, le Gabon.

En face, la France ne leur permet d’accéder qu’à seulement 15% de leur argent par an. S’ils ont besoin de plus, les pays africains doivent emprunter à des taux commerciaux.

Le temps des colonies n’est plus mais les blessures restent vives.

Obone Flore

Journaliste

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