« De quelle indépendance parlons-nous 62 ans plus tard ? » s’interroge Étienne Francky Meba Ondo.

En communication, nous disons : « L’information, c’est le pouvoir ». Soit. 

Mais, pour s’informer au Gabon, les Gabonais doivent, d’une part, passer par le quotidien « L’union » qui, contrairement à ce que croient de nombreux Gabonais, est bel et bien un journal privé.

« L’Union » qui a été préféré au journal « Gabon Matin » par les dirigeants actuels puisqu’ils y sont pour certains actionnaires. Sacrifiant ainsi le journal public « Gabon Matin » qui appartient à l’Agence gabonaise de presse.

Voici le sens de l’indépendance au Gabon après 62 ans. Loin des discours pompeux. Allons savoir si des Français ne sont pas complices derrière cette histoire.

C’est aussi dans cette logique qu’on tue continuellement la presse gabonaise en accordant le monopole de la publicité et de la communication institutionnelle PAYANTE à « L’Union » . Pour ensuite se partager les bénéfices et les dividendes entre Français et Gabonais complices de ces choix antipatriotiques.

Sinon, comment un journal comme « L’Union », qui paraît tout en couleur sur une trentaine de pages fait-il des bénéfices en se vendant quotidiennement à 500 FCFA seulement ? Alors que des journaux de 8 pages en « noir et blanc » coûtent plus cher,  soit 600 FCFA en moyenne et ne s’en sortent que difficilement ?

Peut-on parler d’indépendance lorsque des Gabonais sont de la sorte empêchés de s’autonomiser financièrement dans leur propre pays ?

Quand ce n’est pas « L’Union »,  il faut pour s’informer au Gabon passer par le bouquet de Canal+ de monsieur Bolloré. Encore un Français.

L’accès à l’information publique doit être non marchand. Pour ne pas dire gratuit. Mais, depuis des années, nous ne sommes plus en mesure de capter une chaîne nationale gratuitement et sans passer par Bolloré. Sans payer d’abonnement. L’information publique la plus basique est désormais payante.

Sommes-nous alors indépendants à ce niveau ? La Constitution exige-t-elle que l’information publique soit un bien marchand ? Non !

Pourtant, Bolloré et les dirigeants Gabonais sont conscients de ce que les médias publics en France sont gratuits. Selon le CSA (l’agence de régulation,  l’équivalent de la HAC au Gabon), ce sont les fournisseurs qui supportent les charges de cette gratuité. Ici au Gabon,  non seulement on paie pour avoir un décodeur et un abonnement mensuel minimal de 5000 FCFA, mais on se doit également de débourser 500 FCFA en plus pour la RAC (Redevance Audiovisuelle et Cinématographique). Alors même que ces médias sont la propriété du Parti Démocratique Gabonais et interdits de se démocratiser.

De quelle indépendance parlons-nous alors ?

Pour se nourrir,  nous allons aux « dos tournés » ou la « cafète ». Des endroits détenus par une majorité d’expatriés. De même, pour acheter de la nourriture surgelée, ce sont nos amis Libanais et Mauritaniens qui tiennent le marché.

De quelle indépendance parlons-nous ?

Pour s’acheter une voiture, soit tu vas chez Kerangall et sa zone industrielle d’Oloumi,  soit tu vas voir nos amis Libanais dispersés avec leurs magasins dans Libreville. A défaut, tu passes par le marché noir du Cameroun pour les voitures de plus de 5 ans.

De quelle indépendance parlons-nous ?

Au niveau politique, nous sommes soumis au diktat illégitime d’Ali, Sylvia, Noureddin, Oceni, Accrombessi… Ceux qui ont toujours un pied au Gabon, un pied à l’étranger. Toujours un soupçon de double nationalité. Et quand ils ont fini de jouir du Gabon comme Liban ou Accrombessi, ils foutent le camp à l’étranger. Nous laissant, nous qui n’avons que le Gabon,  dans la merde et un endettement sans précédent de plus de 7000 milliards de FCFA. A défaut d’envoyer certains en prison.

De quelle indépendance parlons-nous ?

Qui contrôle les télécommunications au Gabon,  notamment Gabon Telecom ? Des Marocains ? Qui contrôle les principales banques ? Des Marocains ? Des Ivoiriens ?

De quelle indépendance parlons-nous ?

Qui contrôle nos ports pour l’entrée des biens de consommation ? GSEZ ou OLAM ? Qui contrôle l’aéroport ? GSEZ ou OLAM ?  Qui détient le fameux marché de la Transgabonaise ? Qui a investi dans des hectares de plantations de palmier à huile au Gabon,  alors que le litre d’huile de friture est passé de moins de 1000 à 1500 FCFA ? Qui est responsable ? OLAM ? ARISE OU GSEZ ?

De quelle indépendance parlons-nous ?

Après 62 ans d’existence, les boutiques de quartier, les vulcanisateurs, les restaurants, les taxis,  les couturiers, les commerçants de proximité pour le dépôt et le retrait d’argent,  pour l’achat de forfaits, pour le règlement de nos factures d’électricité… Tout est quasiment détenu par des expatriés.

Et, pour enfoncer le clou et connaissant le complexe d’infériorité des Gabonais, on nous apporte des KFC et autres Paul. Regarde-nous en train de nous exhiber dans ces endroits… Les autres se font de l’argent… Pendant que nous sommes juste fiers de nous s’installer dans leur beaux bâtiments pour y dépenser notre argent.

De quelle indépendance parlons-nous ?

Tous nos carrefours sont infestés de commerçants expatriés et ambulants,  qui jouent à « cache-cache » avec les agents de la Mairie et les policiers. Dans l’indifférence totale des Gabonais qui, au contraire,  encouragent cette anarchie et ce commerce au noir qui se fichent des taxes et des impôts.

Dans quel pays sérieux du monde des étrangers peuvent-ils se sentir aussi libres de narguer l’Etat, si les populations autochtones ne sont pas consententes ? Si l’administration et le pouvoir politique ne sont pas complices ? Que le Parti Démocratique Gabonais et son président arrêtent alors de nous raconter des histoires. Ils sont responsables de ce laisser-aller.

De quelle indépendance parlons-nous ?

Qui a détourné les Gabonais du commerce du Cacao et du Café, de l’agriculture et des chantiers forestiers ? Qui nous a rendus esclaves de la fonction publique et des entreprises privées assujetties au pouvoir politique ? Un environnement qui n’a qu’une seule règle : « Quand l’argent sale parle, la vérité se tait ! »

C’est bien là le terreau de l’indignité et de l’acception de toutes les souillures contre nos consciences, en échange de notre propre argent public.

De quelle indépendance parlons-nous ?

Pourquoi le Président Léon Mba, qui apparaît sur le buste présent sur ma photo d’illustration, ne voulait-il pas de cette indépendance factice ?

62 ans plus tôt,  avait-il prédit ce désordre ? Avait-il lu l’hypocrisie de la France ?

À chacun d’y répondre.

Puisque nous ne sommes bons que pour festoyer. Et tous ceux qui ont pris notre pays en otage en sont conscients.

« Le Gabonais vendra père, mère et le pays tout entier pour de l’argent facile. Ils n’ont aucune dignité, ces Gabonais », entend-on dire.

On pourrait passer toute la journée à en parler… Je préfère m’arrêter par ici.

Le 17 août restera alors un jour ordinaire pour moi jusqu’à ce que nous nous réveillions de nos faux-semblants.

Étienne Francky Meba Ondo

Dit Meboon Môôn Meba Ondo – Officiel

Paul Essonne

Journaliste

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