Avec le parlementaire Davin Akouré, le peuple gabonais n’a pas encore perdu sa voix.

Non sans quelque paradoxe, les lois politiques ou programmatiques confèrent au parlementaire une capacité de confection de règles constructives, somme toute limitée, là où les lois techniques ouvrent sur une opportunité d’action normative, parfois très étendue.

En effet, Davin AKouré, député du groupe parlementaire du parti Les Démocrates ne s’y est pas trompé au cours en interpellant le gouvernement le 4 septembre 2020 :

« Les députés méritent plus de considération et de respect et ne peuvent être réduits à de simples automates ou à du bétail voutant qui répondent aux ordres. Ils ne peuvent être pris à partie pour ne pas avoir exécuté une consigne de vote contraire à leurs convictions. Cette disposition est d’ailleurs contenue dans notre loi fondamentale en son article 39 qui stipule que tout mandat impératif est nul.

En dépénalisant l’homosexualité, le groupe politique du PDG s’est attaqué à l’un des piliers de notre structure sociale, aujourd’hui ce même groupe s’attaque à un second pilier, le respect des anciens. Comment comprendre que des dignitaires de la Républiques occupant de très hautes fonctions soient publiquement sanctionnées pour avoir exprimé librement leur opinion sur une question sociétale ? Le Gabon marche vraiment sur la tête.

L’écueil d’une session parlementaire extraordinaire onéreuse est surement le véritable mobile. Nous sommes contraints comme à l’accoutumée d’accepter les contorsions de ceux qui pour nous, lisent notre loi fondamentale.

On veut un troisième mandat, on veut faire élire son fils, on veut concentrer tous les pouvoirs, on modifie la Constitution. Pourquoi donc le pouvoir s’illustre par la violence ? Pourquoi emprisonne-t-il ceux qui osent penser différemment que lui ? Libérer les prisonniers d’opinions : Bertrand Zibi, Pascal Oyougou et tous les autres ! Libérer les prisonniers politiques ! Laisser les Gabonais s’exprimer car ils partent et ils s’intéressent à leur pays. Pourquoi les emprisonnés ? Ce n’est pas nécessaire.

Le gouvernement a-t-il les moyens de sa politique ? Le gouvernement a-t-il les moyens de ses ambitions ? Ce sont des questions importantes, parce qu’un programme politique s’appuie également sur des moyens.

La bombe du chômage des jeunes va bientôt exploser, tous ces nouveaux diplômés à la recherche d’un nouvel emploi. Que prévoit le gouvernement pour eux ?

Et nous sommes surpris par les choix des options d’enrôlement dans les forces de sécurité au détriment des secteurs essentiels que sont l’agriculture, la santé et l’éducation, secteurs qui demeurent inaccessibles. Et l’arrière-pays est complètement abandonné, laissant la ruralité à son propre compte.

Pourquoi les entreprises installées au Gabon rapatrient tous leurs bénéfices et ne réinvestissent pas chez nous ? Pourquoi avoir confié à une seule entreprise les secteurs aussi stratégiques que l’aéroport, le chemin de fer, le port, l’agro-industrie, la zone spéciale de Nkok ? Le tout agrémenté d’un régime fiscal privilégié en mettant ainsi tous les œufs dans le même panier. Nous aurons à définir un périmètre de souveraineté.

Que le gouvernement rend possible, la prise en charge médicale des cas urgents localement. Que le gouvernement rend possible une autosatisfaction en termes d’agriculture et de produits de base pour que nous ne soyons pas tributaires de nos voisins. »

Naturellement, une telle piste de réflexion, établie à partir d’un cas limité, mériterait d’être corroborée par des études plus systématiques. Car, comme on l’aura noté, ce qu’elle gagne en intelligibilité des processus, l’observation processuelle le perd en montée en généralité.

Obone Flore

Journaliste

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