Avec son endettement, le Gabon creuse-t-il sa tombe ?

L’explosion de la dette publique au Gabon, induit une vulnérabilité grandissante. De plus, la part de la dette libellée en devises a augmenté de 12 points de pourcentage depuis 2013 et ressort à 36 % du PIB en 2018. Une telle situation expose certains pays subsahariens au risque d’un tarissement brutal des flux de capitaux. Comment un pays exportateurs de pétrole, comme le Gabon, a accumulé de la dette ?

En effet, le ratio dette publique/PIB y a plus que doublé en 2019 par rapport à 2019, la fin du boum des produits des matières premières en 2014 pesant sur les déficits budgétaires. D’ailleurs, la Coordination nationale organe d’exécution de la Coalition pour la Nouvelle République a fait une déclaration le 29 septembre 2020, sur l’endettement exponentiel du Gabon :

« Au regard de la note du Fonds Monétaire Internationale (FMI), force est de constater que le Gabon est engagé au cours de ces dix dernières années dans une spirale d’endettement sans fin c’est-à-dire d’emprunts tous azimuts. D’après le FMI et certains analystes gabonais éclairés, la dette du Gabon s’élève à ce jour, à plus de 5800 milliards de francs CFA auxquels il faut ajouter les 480 milliards qui auraient été empruntés récemment dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19.

La dette du Gabon culmine aujourd’hui à plus de 6300 milliards de francs CFA, ce qui est particulièrement préoccupant pour l’avenir de notre pays tant les générations futures sont engagés à la rembourser alors même que les retombées économiques et sociales sont nulles. Le cas le plus patent est celui des emprunts auprès de l’Agence Française de Développement (AFD) pour dit-on la construction de nouvelles salles de classe, plus de 800 milliards de francs CFA prêtés à l’Etat gabonais par l’AFD ces dix dernières années sans qu’une seule salle de classe n’est pu sortir de terre. A quoi donc a pu servir cet argent ?

Un emprunt pour être rentable doit se traduire par la réalisation d’infrastructures ou la production de richesses pour valoriser le produit intérieur brut (PIB) du pays emprunteur. Emprunter pour couvrir uniquement les charges de l’Etat est donc contreproductif voire nocif pour l’avenir économique du pays.

Au Gabon, tout porte à croire que la relance économique scandée depuis 2016 n’est qu’un slogan creux tant elle peine à être visible. Les 6300 milliards de francs CFA empruntés ces dix dernières années ne semblent pas avoir été investis pour relancer l’économie gabonaise telle que demandée par les institutions financières internationales.

Le Gabon croule aujourd’hui sous le poids d’une dette colossale sans contrepartie avérée et réelle. Une dette faut-il le rappeler avec insistance est contracté pour financer les politiques publiques conçues et planifiées dans le temps pour atteindre des objectifs de développement économiques et sociales quantifiables et vérifiables.

A quoi a servi cet argent ? La dette du Gabon ne reposant sur rien, est au contraire ce qu’il est convenu d’appeler une dette creuse sèche et non-opposable au peuple gabonais parce que manquant cruellement d’effet et de retombés bénéfiques. Le peuple gabonais cherche à savoir à quoi a servi la colossale somme de 6300 milliards de francs CFA contractée au fil des exercices budgétaires de 2009 à 2019. Mieux, 35000 milliards de francs CFA de budget cumulés pendant ces dix dernières années ont servi à quoi s’ils n’ont pas suffi à l’amortissement de la dette.

Qu’a fait le régime Ali Bongo des bénéfices générés par la plus-value pétrolière ces dix dernières années ? Les entreprises nationales se trouvent aujourd’hui à l’agonie, conséquence directe d’une dette intérieure colossale que les émergents sont incapables de résorber. »

Dans ce cadre, le Gabon doit fournir de nouveaux efforts budgétaires. Selon les calculs de la Banque mondiale, il va devoir dégager des excédents primaires pour conserver le niveau de 2019 dans les années à venir. Le Gabon devra consentir un effort supérieur à la moyenne.

À long terme, le Gabon doit s’employer à rendre son niveau d’endettement public soutenable, ce qui passe par une amélioration indispensable de la transparence et de la gestion de la dette. Car de solides capacités de gestion peuvent améliorer la transparence de la dette, minimiser les risques de passif, atténuer les menaces liées à une rapide accumulation de l’endettement et renforcer la stabilité macroéconomique générale.

Chimène Okome

Journaliste

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