Le lundi 8 juillet 2024, sieur Otounga Hans a comparu devant le Tribunal Correctionnel de Libreville en flagrant délit, poursuivi par le Ministère Public pour diffusion des fausses informations, délit puni par le Code Pénal gabonais. Il a été placé sous mandat de dépôt le 03 Juillet 2024.
C’est à 12h03 que l’affaire susmentionnée a été appelée à la barre. Hans Otounga aux côtés de son avocat vont écouter religieusement Madame la Présidente du Tribunal de Ceans, qui fera lecture de l’exposé des faits : que courant juin 2024, le prévenu a diffusé des informations mensongères, qu’il a produit un enregistrement audio dans lequel il relate avoir été victime des sévices corporelles durant sa garde à vue, que cette information mensongère a causé un trouble à l’ordre public.
La Parole est alors donnée à Otounga Hans.
D’une voix fébrile,l’intéressé explique au tribunal que le 28 juin 2024, après sa garde à vue, son avocat Me Moumbembé s’est rendu à son domicile. Ce dernier lui a donc demandé de relater ce qui s’est passé de son arrestation jusqu’à sa libération. L’avocat a ainsi enregistré ses propos en présence de sa mère et d’autres membres de la famille. Il ajoute qu’il n’a fait que dire ce qu’il a vécu et ajoute que ce n’est pas lui qui a publié l’enregistrement.
Me Moumbembé dans sa ligne de défense demande : « Vous avez vu le dos de cet enfant ? » Il poursuit en disant que son client a été arrêté à son domicile par des individus en cagoule qui lui ont également fait porter une cagoule. Il a passé 14 jours en garde a vue.
A ce niveau, la Présidente du Tribunal interroge l’avocat : « vous avez porté plainte ? »
Ce dernier lui répond : « Je vais en venir … » . Quelques murmures se font entendre dans la salle, mais l’avocat qui a toujours la parole continue en disant : « mon client a été conduit dans une maison dans la forêt à la sablière. Il a été torturé, mêmes aux fesses ! »
Il ajoute que même le Procureur de la République n’était pas informé de cette garde à vue et que c’est lui qui a saisi le Procureur et l’a tenu informé de ce que son client est en garde depuis plusieurs jours.
Me Moumbembé revient ensuite sur la date du 28 juin, jour de la relaxe de Hans Otounga.
Ce jour là, c’est un agent de la Direction Générale des Recherches qui lui a dit que son client vient d’être libéré. C’est ainsi qu’il s’est immédiatement rendu au domicile du concerné accompagné d’un membre de l’association SOS Prisonniers. Une fois sur les lieux, il a appelé le Procureur de la République pour lui signifier qu’il va faire un enregistrement audio et le lui envoyer. « Mon client n’a pas fait d’affabulaton ! » maintient la défense. « C’est moi qui ai enregistré. J’ai envoyé l’enregistrement à deux personnes : Au Procureur de la République et à Thibault Adjatys, le grand frère de mon client.
Par la suite, j’ai appris que mon client a encore été arrêté. Je suis donc allé voir le Procureur afin de comprendre pourquoi c’est lui qu’on arrête et pas ses tortionnaires. Le Procureur m’a répondu que mon client va en prison pour sa protection. »
L’avocat s’exclame alors : « si vous voulez, arrêtez moi ! Arrêtez le Procureur de la République ! Arrêtez Thibault Adjatys ! Nous étions trois à avoir cet audio publié par Thibault ».
L’avocat ne s’arrête pas là. Il affirme avoir appris des choses :
« mon client a été pédé ! » S’adressant à son client, il dit : « Mon petit, il faut me dire la vérité ! » Aussitôt, le client lève la main, sourit et rectifie les dires de son avocat en disant qu’il n’a pas été « pédé ».
Des murmures se font de nouveau entendre dans la salle et on perçoit quasi-distinctement quelqu’un dire : « Moumbembé c’est un vrai fou ». La Présidente de Ceans recadre alors l’avocat.
La séance se poursuit.
L’avocat a produit au tribunal un certificat Médico-Judiciaire après examen de son client.
Selon ledit document, l’agression physique subie par Hans Otounga a entrainé :
– De multiples cicatrices générales, des contusions dermatologiques ;
– Des insomnies et peurs hallucinatoires ;
– Des traces de ligatures des poignets gauche et droit avec insensibilité des mains ;
– Des dorso-lombalgies invalidantes ;
– De multiples épisodes de syncopes ;
– De multiples plaies buccales avec hémorragies buccales ;
– Des douleurs pelviennes avec anurie.
Tout au long de cette plaidoirie Me Moumbembé n’a pas cessé de clamer l’innocence de son client en décriant les violences subies par lui.
La Présidente du Tribunal a fixé le délibéré au 29 juillet prochain.
Hans Obame Otounga, est donc reparti en prison. Son sort sera fixé dans 20 jours.
SOS Prisonniers Gabon, c’est enfin notre essor vers l’Indépendance de la Justice et le respect des droits humains.