Voyons à présent ce qu’il en fut des autres nations. Nous nous intéresserons en premier à la Chine, pour la raison principale qu’un certain nombre de travaux très complets ont déjà été consacrés aux activités des Chinois dans l’océan Indien et à leurs contacts avec l’Afrique. Dans l’Antiquité et au Moyen Age, les relations entre la Chine et les autres grandes régions de l’Ancien Monde, l’Inde, l’Asie occidentale et le bassin méditerranéen étaient presque totalement fondées sur l’exportation de la soie essentiellement et, plus tard, de la porcelaine.
Bien que les Chinois aient possédé le savoir et les moyens techniques requis pour entreprendre de longs voyages sur l’océan Indien dès l’époque de la dynastie des Tang (618 -906), leurs navires marchands ne s’aventurèrent pas au-delà de la péninsule malaisienne. Cette absence des Chinois de l’océan Indien s’explique par des raisons d’ordre culturel et institutionnel. Au cours des siècles qui ont immédiatement précédé l’essor de l’Islam, l’île de Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka) était le principal entrepôt commercial entre la Chine et l’Asie occidentale. Les navires du royaume de Champa ou des États indonésiens allaient aussi loin à l’ouest que Ceylan ; au-delà, le commerce avec l’Occident était entre les mains des Persans et des Axumites.
Les Chinois ne connaissaient l’océan Indien que par les récits des Indiens, des Persans et, plus tard, des intermédiaires arabes. Ils semblent avoir ignoré qu’un autre continent existait par-delà l’océan. Les descriptions fragmentaires de l’Afrique et des Africains qui se rencontrent dans la littérature chinoise semblent reprises de récits de musulmans. Les Chinois furent donc amenés à considérer les Africains comme des sujets des souverains musulmans, et leurs contrées comme une partie de l’Empire arabe. Il leur était facile de se procurer les produits africains qu’ils désiraient et appréciaient auprès des marchands étrangers qui se rendaient dans les ports chinois sur leurs propres navires.
Parmi les produits d’Afrique parvenus jusqu’en Chine, les plus importants étaient l’ivoire, l’ambre gris, l’encens et la myrrhe, ainsi que les esclaves zandj. Dans son fameux récit de l’attaque de Ḳanbalū (Pemba) par le peuple des Wāḳ-Wāḳ en 334/945 -946, Ibn Lākīs rapporte que les Chinois étaient aussi acquéreurs de carapaces de tortue et de peaux de panthère.
On a cru un moment que l’histoire de l’Afrique orientale pourrait être reconstituée à partir des porcelaines chinoises. De fait, une énorme quantité de porcelaines chinoises ont été mises au jour dans les villes côtières de l’Afrique orientale, ce qui donne à penser qu’elles constituaient une part importante des exportations chinoises en Afrique. Des éclats rappelant étroitement ceux de la côte orientale ont également été découverts en Somalie et dans le sud de l’Arabie.
Toute la partie occidentale de l’océan Indien peut donc être considérée comme une aire homogène en ce qui concerne ce type d’exportations. Toutefois, ces porcelaines chinoises sont pratiquement toutes postérieures au XIe siècle.
Il en va de même des pièces de monnaie chinoises découvertes sur la côte. Les éléments dont nous disposons suggèrent donc que si la Chine a depuis des temps anciens importé des marchandises africaines, elle n’a elle-même exporté ses produits en grande quantité qu’après le XIe siècle. Comme il a déjà été dit, les échanges entre la Chine et l’Afrique ne se faisaient pas à travers des contacts directs, mais passaient par le réseau commercial mis en place dans l’océan Indien par les musulmans.
Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)
Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)
Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….
D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…