« Voyage en histoire 5 : Le monde islamique et l’Afrique, Afrique du Ve siècle au XIe siècle » par Jacky Bayili.

Voyons à présent quel fut l’impact du monde musulman et de sa civilisation sur l’Afrique et sur les peuples africains. Nous traiterons dans un premier temps des régions du continent africain qui se trouvèrent assimilées à l’Empire musulman à l’issue de la première vague de conquêtes, c’est-à-dire l’Égypte et l’Afrique du Nord, avant de nous intéresser aux régions qui ont, d’une manière ou d’une autre, subi l’influence de l’Islam ou des peuples musulmans sans avoir été politiquement rattachées à aucun des grands États islamiques de l’époque.

L’histoire de l’Égypte islamique entre le VIIe siècle et la fin du XIe siècle est celle, fascinante, d’une province importante mais assez reculée du califat devenant le centre du puissant empire des Fatimides, simple grenier à l’origine puis principal entrepôt commercial entre la Méditerranée et l’océan Indien, sorte de parent pauvre du monde musulman sur le plan des activités intellectuelles devenant l’un des plus grands centres culturels arabes. L’Égypte a influé à maintes reprises sur les destinées d’autres parties de l’Afrique ; elle a été le point de départ de la conquête arabe du Maghreb du VIIe siècle, puis de l’invasion hilālī du XIe siècle. La première eut pour effet d’islamiser l’Afrique du Nord, et la seconde de l’arabiser.

Ce fut à partir de l’Égypte que les Bédouins arabes entamèrent leur mouvement vers le sud et pénétrèrent progressivement en Nubie, ouvrant ainsi la voie au déclin de ses royaumes chrétiens et à l’arabisation du Soudan nilotique.

Bien que l’Égypte ait cessé pendant cette période d’être une terre chrétienne et que la majorité de sa population se soit convertie à l’islam, le patriarcat d’Alexandrie continuait de contrôler les églises monophysites de Nubie et d’Éthiopie et fut par moments l’instrument de la politique égyptienne dans ces pays.

Il ne faut pas non plus perdre de vue le fait que l’Égypte était la destination finale d’un grand nombre d’esclaves noirs d’Afrique qui furent importés de Nubie (selon le célèbre traité [ baḳt]), d’Éthiopie et du Soudan occidental et central. Parmi cette malheureuse marchandise humaine, il se trouva un certain Kāfūr qui finit par devenir le véritable chef du pays. D’autres, par milliers, devinrent des militaires, exerçant une influence considérable en matière de politique intérieure. Cependant, le plus grand nombre d’entre eux furent employés à diverses tâches modestes ou subalternes.

Il faudra attendre les XIIe et XIIIe siècles pour que l’Égypte joue véritablement un rôle de premier plan en se posant en champion de l’islam face aux croisés occidentaux et aux envahisseurs mongols, mais elle n’aurait pu le faire sans la consolidation politique et économique des siècles précédents. Au Maghreb, les conquérants arabes se heurtèrent à la résistance opiniâtre des Berbères et ne parvinrent à soumettre les principales régions qu’à la fin du VIIe siècle. La plupart des Berbères se convertirent alors à l’islam et, malgré le ressentiment que leur inspirait la domination politique arabe, ils devinrent d’ardents partisans de la nouvelle foi, qu’ils contribuèrent à propager de l’autre côté du détroit de Gibraltar et au-delà du Sahara. Les guerriers berbères formaient le gros des armées musulmanes qui conquirent l’ Espagne sous les Umayyades, comme des troupes aghlabides qui arrachèrent la Sicile aux Byzantins et des forces fatimides qui menèrent des campagnes victorieuses en Égypte et en Syrie.

L’Afrique du Nord occupait une position clé dans le monde musulman, au plan politique et économique. C’est du Maghreb que fut lancée la conquête de l’Espagne et de la Sicile, dont on sait les répercussions sur l’histoire de la Méditerranée occidentale et de l’Europe.

Le Maghreb a été un maillon important entre plusieurs civilisations et le relais d’influences diverses circulant dans les deux sens. Sous la domination musulmane, cette région de l’Afrique se trouva à nouveau rattachée à une économie d’importance mondiale, dans l’orbite de laquelle elle joua un rôle de premier plan. Au cours de la période étudiée, elle connut une nouvelle croissance démographique, une urbanisation considérable et un regain de prospérité économique et sociale.

Du point de vue religieux, les Berbères ont exercé une double influence. Tout d’abord, leurs traditions démocratiques et égalitaires les ont poussés très tôt à adhérer à celles des sectes de l’islam qui prêchaient ces principes. Bien que le kharidjisme berbère ait été écrasé après s’être épanoui pendant plusieurs siècles et qu’il n’ait survécu que dans quelques communautés, l’esprit de réforme et de populisme est demeuré partie intégrante de l’islam maghrébin, comme en témoignent les grands mouvements des Almoravides et des Almohades ainsi que la multiplication des confréries soufies.

Docteur Jacky Bayili (attaché scientifique à la province du Sanguié)

Expert en économie solidaire, merci à Bahiome ; Union des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee (UGF/CDN)

Source : Quoniam.info Chercheur Permanent Luc Quoniam Université Aix-Marseille – Région Sud Toulon Var ….

D’après les collections à l’Unesco et l’université de Ouagadougou, le collectif asso paca et l’association culture et partage…

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