TRIBUNE LIBRE : vers un monde d’égalité entre les sexes: une mission pour tous.

A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ce 25 novembre, Josep Borrell, Haut Représentant Vice-Président pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne (UE) et Jutta Urpilainen, Commissaire de l’UE pour les Partenariats internationaux ont réalisé cette tribune libre.

Début 2020, Awa venait d’avoir 15 ans lorsqu’elle a appris que son mariage était en train d’être  arrangé. S’échapper semblait difficile, mais Awa a trouvé le courage de défier la décision de son  père. Son petit village au Mali avait un comité pour la prévention des mariages précoces, et elle a  porté son cas devant lui. Ce groupe de personnes respectées a présenté au père d’Awa tous les  arguments contre le mariage précoce et a réussi à le convaincre. C’est pour aider la cause des jeunes  filles comme Awa que l’Union européenne soutient ce comité et de nombreux autres projets dans ce  domaine à travers le monde.

Notre objectif en tant qu’UE est que chacun ait le même pouvoir de façonner la société et sa propre  vie. Nous le mettons noir sur blanc dans notre troisième plan d’action pour l’égalité des sexes,  adopté le 24 novembre, appelant à un monde d’égalité entre les sexes. Maintenant, en raison des  importantes répercussions de la COVID-19 sur l’action mondiale pour l’égalité et alors que les  organisations de la société civile, y compris les organisations de femmes et LGBTIQ, sont confrontées  à un rétrécissement des espaces civique et démocratique, le renforcement d’un monde d’égalité  entre les sexes est plus que jamais important.

L’histoire d’Awa est similaire à celle de nombreuses filles du monde entier, qui parviennent à  prendre le contrôle de leur vie et à résister aux inégalités et à la discrimination fondée sur le genre  social. Elles ont une voix, elles conduisent le changement et elles ont l’Union européenne à leurs  côtés. En effet, les droits des femmes sont des droits humains et l’égalité des sexes est une valeur  non négociable de l’UE. Cette valeur devrait se refléter dans l’action extérieure de l’UE et dans la  conception de tous ses programmes de développement.

C’est avec le soutien de l’UE que Tufahah Amin, Aziza Al-Hassi et Amine Kashrouda ont développé  une application pour l’enseignement en ligne à Benghazi. C’est également avec le soutien de l’UE que la plateforme Gaziantep a été lancée l’année dernière pour aider davantage de femmes à  participer au processus politique syrien. Et c’est dans le cadre de l’initiative Digital2Equal soutenue par l’UE pour les plateformes en ligne que 15 000 femmes en Inde recevront une formation en hôtellerie et pourront améliorer leurs revenus.

Les défis de l’égalité entre les femmes et les hommes sont aussi variés que les contextes dans  lesquels ils émergent. Ces défis appellent donc des réponses spécifiques que ce soit par le biais de  forums multilatéraux, de dialogues avec les pays partenaires sur des propositions politiques de l’UE  ou de financement de projets concrets. Grâce à nos programmes d’éducation, nous visons à aider  davantage de filles à fréquenter l’école, à apprendre et à se considérer comme de futurs moteurs de  changement. Nous pensons que l’éducation est également l’un des moyens les plus puissants de  mettre fin à l’isolement et aux abus, car il n’y a pas d’option de sortie sans autosuffisance  économique. Nous adoptons la notion de sécurité humaine et intégrons l’égalité des genres dans  nos programmes de formation pour les opérations de gestion de crise de l’UE ; par exemple, dans le  programme EUCAP Sahel Mali pour les forces de sécurité intérieure (Mission de l’UE visant au  renforcement des capacités).

Pendant la pandémie de coronavirus, le niveau de violence sexiste a considérablement augmenté et  l’UE s’est associée aux Nations Unies pour offrir des abris et des lignes d’assistance téléphoniques et  pour apporter un soutien vital aux organisations féminines opérant sur le terrain. Les mesures  sensibles au genre et à l’âge et l’atténuation des risques de violence sexiste font partie de l’ADN de  la réponse mondiale de notre équipe Europe à la COVID-19. Pourtant, au-delà d’une action  immédiate, nous devons rester conscients des défis auxquels les femmes sont confrontées dans un  marché du travail en contraction et une économie mondiale en mutation. Mais les défis ouvrent aussi des perspectives. Nous célébrons le fait que les femmes et les filles participent de plus en plus  à l’élaboration des transformations mondiales, avec de nouvelles générations actives sur le terrain pour une transition verte et juste, l’égalité des droits pour tous, la démocratie et des sociétés  pacifiques et inclusives. Un changement positif est possible et la reprise post-COVID-19 doit être  l’occasion de s’attaquer aux inégalités structurelles et construire des sociétés plus inclusives. Il est  essentiel de souligner le rôle des femmes dans les transitions vertes et numériques à venir.

Des changements sont encore nécessaires. Cette année, 25 ans se sont écoulées depuis la Déclaration de Pékin sur les droits des femmes et 20 ans depuis l’adoption de la résolution 1325 du  Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Bien que des progrès  aient été accomplis depuis, aucun pays au monde n’est sur la bonne voie pour atteindre l’égalité des  genres d’ici 2030. Pas même l’Europe, comme l’a révélé la récente mise à jour de l’indice d’égalité de  genre de l’Institut européen pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Trop de femmes n’ont  toujours pas accès aux ressources, aux services sociaux essentiels et à l’égalité des pouvoirs. L’appel  à plus d’action est donc immédiat.

Le plan d’action de l’UE pour l’égalité des sexes n’est pas un exercice sur papier. C’est un appel à  l’action, avec des mesures concrètes. Nous voulons autonomiser davantage de femmes et de filles,  dans toute leur diversité, pour qu’elles soient des acteurs et des leaders économiques, politiques ou  environnementaux. Nous voulons continuer à intégrer les femmes, la paix et la sécurité dans le  programme plus large d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes. Nous voulons  promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs et faire du leadership sensible au genre la  norme dans les institutions de l’UE, en donnant l’exemple.

Nous pensons que l’égalité des genres mérite d’être placée au cœur des politiques européennes.  Non seulement parce qu’un monde d’égalité entre les sexes, juste et inclusif signifie un monde plus  prospère et plus sûr pour nous tous, mais parce que nous considérons que l’égalité des genres est un  objectif à part entière et une mission pour l’Europe, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses  frontières.

Paul Essonne

Journaliste

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