1. Vous souvenez-vous de l’ivoirité? Ce concept introduit en Côte d’Ivoire, autrefois l’un des pays les plus accueillants d’Afrique, par Henry Konan Bedié, et dont l’idéologie faussement nationaliste, défendait une certaine authenticité ethnique.
2. C’est l’ivoirité, une fois appropriée par les incultes se nourrissant de la paupérisation dans les chaumières des quartiers populaires d’Abidjan, va déclencher le schisme qui a provoqué la guerre civile et la partition du pays.
3. Je vois dans le débat actuel sur la « gabonité » inoculé dans l’espace public par des gabonais intolérants et méprisants de la différence, les germes de l’ivoirité. C’est à dire une idéologie qui prône la pureté ethnique et génétique.
4. C’est à dire que ne seraient de vrais gabonais que ceux qui sont nés de parents gabonais. Et ne peuvent par conséquent donc prétendre gouverner le Gabon que ces gabonais de pure souche. C’est choquant et c’est très grave.
5. En d’autres termes, moi qui suis né d’un père français, je ne serais plus assez pur pour prétendre un jour entrer au gouvernement gabonais? J’ai attendu 53 ans pour l’apprendre? Mesure-t-on combien de gabonais sont disqualifiés par ce concept de gabonité?
6. Ce débat est dangereux. Et il est honteux parce qu’il est convoqué à cause de #Laurence_Ndong, une compatriote émérite de père gabonais que je connais depuis 40 ans et qu’on a tous vu grandir dans les rues de ce pays. Parce que de mère camerounaise, elle ne serait plus subitement assez gabonaise?
7. Sa « mauvaise moitié camerounaise » ferait-elle d’elle désormais une ennemie de la patrie? Je suis mal à l’aise devant tout ça pour plusieurs raisons. (1) Ce débat prospère parce qu’il est porté par une armée d’ignorants et d’aigris qui nient nos us et coutumes en même temps que notre code de la nationalité. L’ignorance est vraiment mère de tous les vices.
8. (2) Ce débat prospère surtout parce qu’il est toléré par les pouvoirs publics et les élites dont le devoir est pourtant de ne pas laisser s’établir une telle philosophie. (3) Ce débat prospère enfin parce que le CTRI s’est involontairement approprié ce concept de gabonité pour exclure de la course à la présidentielle des gabonais non issus de père et de mère gabonais.
9. Je me sens rejeté par mon pays pour lequel je me bats depuis tant d’années. De père français, je ressens avec des milliers d’autres gabonais ayant un parent étranger, cette décision comme une terrible injustice. Nous serions donc des citoyens de second rang? C’est d’autant plus choquant qu’être de père et de mère gabonais ne sera jamais un gage de patriotisme et d’amour du Gabon?
10. Quand je vois ce que les gabonais de pure souche ont fait de mon pays pendant plus de 50 ans, j’ai envie de leur crier mon mépris et leur dire haut et fort, que j’aime ce pays beaucoup plus viscéralement que tous ces ignorants, ces brigands qui veulent aujourd’hui me délégitimer à cause de mon autre moitié. La gabonité est assurément un poison qu’il faut extirper du Gabon.
SARCASTIQUEMENT VÔTRE!
