Restructuration inclusive : Le Gabon dans l’impasse !

Au sortir du système colonial, la paix et la stabilité constituaient deux des principaux enjeux auxquels le Gabon devait faire face en raison de son histoire politique et institutionnelle.

Bien qu’elle n’ait duré qu’une période relativement courte de moins d’un siècle dans l’histoire africaine, la colonisation a redéfini les enjeux de pouvoir, réorienté les formes économiques, cristallisé de nouveaux intérêts… Le risque, dans ces conditions, était de voir le pays sombrer dans d’interminables guerres.

Aujourd’hui, les causes profondes de l’effondrement de l’État s’articulent autour du déclin économique, la culture de violence héritée de l’État colonial et la rareté ou l’abondance des ressources. Les causes secondaires seraient le chômage, le manque d’éducation, la pression démographique, l’instrumentalisation de l’ethnicité, la disponibilité des armes, la faiblesse de la société civile.

En effet, depuis le 31 août 2016, la lutte pour la libération du Gabon et le triomphe de l’État de droit, démocratique et républicain, a été menée sans relâche avec détermination et engagement, en affrontant toutes les embûches auxquelles les Gabonais ont dû faire face. Le peuple gabonais tiens toujours son destin entre ses mains. Soyons, chaque jour, toujours plus nombreux à avoir cette conviction en partage. Le régime actuel au pouvoir a montré ses pires facettes.

Que penser d’un pouvoir qui n’hésite pas à arrêter et à détenir sans jugement, dans des conditions inhumaines, des citoyens dont le seul tort est de croire qu’il n’y a point de démocratie sans garantie des libertés fondamentales ?

Que penser d’un pouvoir dont la seule réponse aux revendications légitimes des différentes catégories sociales, se résume à l’usage disproportionné de la violence policière, révélant un peu plus la démence qui s’est invitée au sommet de l’Etat ?

Que penser d’un pouvoir qui, après avoir mis en place un système de prédation implacable des finances publiques, s’acharne contre des entreprises, par des redressements fiscaux à tout vent, et des arnaques de nature à causer l’effondrement de notre économie déjà mal en point ?

A tous les niveaux, social, économique, politique et culturel, qu’il s’agisse de politique intérieure ou de politique extérieure, la situation de notre pays n’a cessé de se dégrader profondément. Force est de constater que tous les travestissements de la réalité ne trompent plus, ni au Gabon, ni à l’étranger. Tout au plus, ils ne font qu’accroître le discrédit sur le Gabon et les Gabonais.

Au plan interne, les perspectives sont illisibles et frappées du sceau de la précarité, une précarité qui accable les ménages, les entreprises et les administrations publiques. Chacun voit que le climat social est un véritable chaudron. Notre vie au quotidien est compromise par la peur, l’incertitude du lendemain et l’insatisfaction de nos besoins, y compris les plus élémentaires.

La loi ne dispose que pour l’avenir, c’est le principe bien connu de la non-rétroactivité de la loi !
Le peuple gabonais a désormais suffisamment d’éléments d’analyse pour se forger quelques certitudes.

Compte tenu du passé colonial du Gabon et de sa position dans le système international, on peut difficilement échapper à la tentation de ramener les conflits à des déterminants économiques et culturels ou d’accorder une prépondérance aux facteurs externes. Mais s’en tenir à cette explication reviendrait à simplifier le problème et à ignorer les dynamiques politiques de proximité et le rôle des acteurs politiques gabonais eux-mêmes.

Puisqu’il n’y a pas d’institutionnalisation de règles de prise et d’exercice du pouvoir, les dirigeants ont tendance à s’agripper au pouvoir aussi longtemps qu’ils le peuvent et ne partent que contraints et forcés par des mobilisations populaires ou des révoltes. Quand ils exercent le pouvoir, les dirigeants personnalisent le pouvoir, ce qui mène à l’exclusion de certains et crée des tensions dans la société. Ils ne mettent en place aucun mécanisme de lutte pacifique pour le pouvoir.

Les conflits gabonais sont, par ailleurs, les produits d’une crise de gouvernance économique. Celle-ci est naturellement liée à la crise de gouvernance politique. En effet, puisqu’il n’y a pas de vraie séparation entre la fonction et la personne qui l’occupe (arrivée au pouvoir en général par la force), il n’y a pas non plus de mécanismes d’imputabilité.

Aborder les conflits en termes de dysfonctionnements politiques et économiques générés permet de comprendre les fondements structurels des conflits gabonais. Mais une telle approche ne dit ni qui active ces conflits ni pourquoi ces acteurs provoquent des crises logiquement irrationnelles.

Si nombre de conflits se lisent sous l’angle de l’héritage colonial ou comme des extensions de la rivalité bipolaire, cela n’épuise pas la question du rôle des acteurs internationaux dans les conflits.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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