Plus de transparence dans l’opération de récupération des bois abandonnés.

Conformément aux dispositions de la note circulaire N°0835/MEFMEPCPAT/SG/DGF/DPRC, et celles du décret N°0273/PR/MEF du 02 février 2011 et de l’arrêté N°0026MEFMEPCODDPAT du 25 mai 2020, une opération d’identification, de récupération et de valorisation, par l’administration forestière, des bois abandonnés sur l’ensemble du territoire est annoncée.

Cette opération vise à évacuer les nombreux stocks de bois coupés illégalement à travers le territoire national pour contribuer à mettre fin à cette pratique, régulariser les activités dans le secteur et lutter contre la corruption.

L’opération ci-dessus mentionnée est assise sur des conditions strictes à respecter, notamment la déclaration par toute personne physique ou morale, de l’existence de bois abandonnés, en précisant la localisation (coordonnées GPS et/ou indication du lieu/village), les essences, la quantité et les conditions d’exploitation.

Aux termes de la décision N°0018/MEFMEPCPAT/SG/DGF portant prorogation du Certificat de cession N°00187/MEFPEPDGE/CAB-M/CTOGCVBAS/CE3 du 21 août 2017, le Ministre en charge des forêts a cédé à la Société ULTRA BOIS un volume de 726,843 m3 de bois de Kévazingo non transformé. Le certificat de cession ci-dessus mentionné est prorogé pour quatre (4) mois à compter de la date du 03/08/2020.

Pour rentrer en possession du bois qui lui a été cédé par l’administration en charge des forêts, la Société ULTRA BOIS a produit en date du 24 août 2020 et selon les exigences règlementaires en la matière, un document faisant état des conditions d’exploitation et des volumes de bois de Kévazingo en fonction de sa qualité.

Toutefois, nous constatons que ce document ne mentionne aucune localisation géographique pouvant faciliter la traçabilité de tout le bois à évacuer, lorsqu’on sait que la décision de prorogation oblige ULTRA BOIS à mener un « contrôle sur terrain de la localisation, notamment les coordonnées GPS et/ou l’indication du lieu/village » et de procéder au « martelage du bois par un système de traçabilité pour son évacuation, notamment des puces électroniques ou des balises GPS ». Nous estimons que cette omission volontaire de la Société ULTRA BOIS est une pratique susceptible d’encourager la fraude et de perpétrer l’exploitation illégale du Kévazingo.

Au vu de ce qui précède, Brainforest, organisation non gouvernementale de droit gabonais, engagée entre autres dans la préservation de cette espèce à travers deux projets en exécution, recommande à l’administration de veiller au strict respect des mesures encadrant l’opération de récupération du bois abandonné et rendre public toutes les conditions y relatives, notamment la localisation des bois afin de permettre une observation indépendante des opérations dans ce cadre. Nous recommandons également, toujours à des fins de transparence, la mise en place d’un comité ad hoc multi acteurs pour assurer le suivi de l’application de cette mesure.

Marc Ona Essangui, fondateur de l’ONG Brainforest, lauréat en 2009 du prix Goldman pour l’environnement pour son engagement en faveur de la forêt tropicale.

Chimène Okome

Journaliste

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