Nomination du Gouvernement de la 5ᵉ République Gabonaise : Entre Attentes, Doutes et Espoirs par André Bouassa

La récente annonce de la composition du premier gouvernement de la 5ᵉ République gabonaise a immédiatement suscité une vague de réactions contrastées. De Libreville à Oyem, de Franceville à Port-Gentil, de Mouila à Makokou, du Gabon en France , du Senegal aux USA, les citoyens oscillent entre espoir, perplexité, satisfaction mesurée et indifférence prudente. Que faut-il réellement penser de cette nouvelle équipe gouvernementale ? Est-elle à la hauteur des promesses de rupture ? Reflète-t-elle une volonté de transformation profonde ou reste-t-elle ancrée dans les logiques politiques anciennes ?

1. Une mosaïque de réactions populaires : entre confiance et scepticisme

Dès la publication de la liste, plusieurs voix se sont fait entendre :

– *Satisfaction* pour certains, qui saluent la nomination de figures nouvelles, parfois issues de la société civile, la reconduction des membres de la diaspora ou du monde professionnel, en rupture avec les profils politiques classiques.

– *D’autres appellent à accorder une chance* à cette équipe, insistant sur la nécessité de juger sur pièces et non sur préjugés.

– *Mais une partie de la population reste perplexe*, pointant du doigt certaines reconductions de ministres de l’ancien régime ou la présence de figures jugées controversées.

– *Enfin, certains expriment une indifférence résignée*, estimant que la simple nomination d’un nouveau gouvernement ne suffit pas à changer les dynamiques profondes du pays.

*2. Un signal fort : les nominations des Vice-Présidents*

L’un des faits les plus marquants dans cette recomposition du pouvoir est *la nomination des deux vice-présidents*, non issus des ethnies ni des régions du chef de l’État. Ce choix, hautement symbolique, envoie un message clair : *l’unité nationale prime sur les clivages identitaires.*

*a) Un geste de dépassement des logiques régionalistes*

Dans un pays où la répartition du pouvoir a souvent été perçue à travers le prisme ethno-régional, *le fait que le président ait volontairement choisi de s’entourer de personnalités issues d’autres aires culturelles* constitue un acte politique fort. Cela traduit une volonté d’apaisement, d’équilibre et de représentation équitable du territoire national.

*b) Vers un renforcement du sentiment d’appartenance nationale*

Ces nominations participent à renforcer la cohésion et l’unité du peuple gabonais. Elles permettent à chaque région, chaque communauté, de se sentir impliquée et représentée au sommet de l’État. C’est aussi un appel à dépasser les clivages historiques et à bâtir une République inclusive, fondée sur le mérite, la compétence et l’intérêt supérieur de la nation.

*3. Une composition représentative ?*

Outre les vice-présidences, la représentativité globale du gouvernement est aussi scrutée à travers trois dimensions :

*a) Diversité ethnique et régionale*

Le Gabon, pays multiethnique et multirégional, a toujours accordé une importance stratégique à la représentation géographique. Si un effort certain de rééquilibrage est perceptible, des voix s’élèvent pour signaler que certaines régions ou sensibilités demeurent marginalisées.

*b) Diversité professionnelle*

On note une tentative d’ouverture à des profils issus de secteurs jusque-là éloignés du pouvoir politique : entrepreneurs, médecins, enseignants, experts du numérique. Cela augure une volonté de réformer par la compétence plutôt que par la fidélité politique.

*c) Équité de genre*

Malgré quelques femmes bien placées, la parité réelle reste un objectif à atteindre. Les citoyennes gabonaises attendent désormais plus qu’un symbole : une reconnaissance effective de leur rôle dans la construction du pays.

*4. Rupture ou continuité ?*

Le président Brice Clotaire Oligui Nguema a promis une ère nouvelle. Cette équipe en est-elle le reflet ?

– Certains ministres incarnent un souffle nouveau, ce qui suscite de l’enthousiasme.

– D’autres, perçus comme des figures du passé, suscitent la prudence.

Le véritable critère de rupture résidera dans *les méthodes, les résultats et la transparence* dans la gestion des affaires publiques.

*5. Le président a-t-il repoussé ses limites ?*

A-t-il fait preuve de courage politique en allant au-delà des attentes et des pressions ?

* En nommant deux vice-présidents en dehors de son cercle régional et ethnique, il a démontré une capacité de dépassement saluée.

* En intégrant des technocrates et des personnalités issues de la société civile, il semble vouloir marquer une différence avec les pratiques clientélistes du passé.

Certes, il aurait pu aller plus loin encore dans la réforme, mais dans un contexte de transition, cette *reconfiguration reste audacieuse*.

*6. Ces nominations rassurent-elles ?*

La réponse est nuancée :

*Oui, pour ceux qui perçoivent une volonté de changement.*

*Non, pour ceux qui restent sceptiques face à la récurrence de certaines figures ou pratiques anciennes.*

Le temps et les actions concrètes seront les seuls juges.

*7. Des défis immenses pour une équipe attendue au tournant*

Le gouvernement devra faire face à :

– *Une demande forte de résultats rapides* sur l’économie, la santé, l’emploi et l’éducation.

– *Une exigence citoyenne croissante* en matière de redevabilité et de transparence.

– *Une nécessité de renforcer la légitimité* de l’État en dehors des centres urbains.

*Ma conclusion: une opportunité à saisir, une responsabilité à assumer*

Le président de la République a amorcé un tournant en désignant une équipe marquée par certains signes de renouvellement et de rééquilibrage national. *Tout n’est pas parfait, mais un cap est fixé*.

Il appartient désormais à *cette équipe d’incarner le renouveau tant attendu*, et surtout de traduire en actes les espoirs suscités. *Le peuple observe, espère, mais surtout exige.*

Comme le dit l’adage, *le maçon sera jugé au pied du mur.* L’Histoire retiendra non les intentions, mais les résultats.

Paul Essonne

Journaliste

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