Mort tragique du détenu Cédric Apedo, le 17 mai 2020 à la prison centrale de Libreville :  SOS Prisonniers Gabon,  transmet le dossier au nouveau Ministre de la Justice

L’arrivée au pouvoir du Comité de Transition et la Restauration des Institutions( CRTI)  a donné un énorme espoir à plusieurs familles et à SOS Prisonniers Gabon. Ces familles qui n’ont pas de relation et qui ont soif de justice.  ces familles  qui sont en attente depuis plusieurs années que JUSTICE  soit  rendue , comme le dit notre hymne nationale, nous devons chasser l’injustice et la honte.

C’est  cet espoir d’une nouvelle justice  qui a conduit SPG à saisir ce vendredi 12 octobre 2023,  le  nouveau Ministre de la Justice, afin de lui transmettre tous les éléments sur la mort tragique de feu Cédric Apedo, le 17 Mai 2020.

En effet, Cédric Apedo, 29 ans, avait été arrêté le 12 Mai 2020, aux environs de 4h30 du matin à son domicile à Alibandeng, par des agents de l’Office Centrale la lutte anti drogue( OCLAD) ,armés jusqu’aux dents. Cédric,  est accusé de détention de cannabis.

Durant toute sa garde à vue, il est affamé et torturé.

Le 15 Mai 2020, il est déféré au Parquet de la République, malgré son état de santé dégradé, du fait des tortures subies, le Magistrat décide de le placer sous mandat de dépôt à la Prison Centrale de Libreville.

A son admission au « Gros Bouquet », il n’est même pas conduit à l’infirmerie afin d’évaluer son état général ni recevoir quelques soins ne serait-ce que par humanisme !

Il est jeté en cellule, privé d’alimentation et de soins de santé. Il est abandonné à lui même comme un animal sauvage.  Un co-détenu rapporte qu’il ne cessait de dire :  » je m’étouffe, je n’arrive pas à respirer ». Il rendra l’âme le 17 Mai soit 02 jours seulement après son entrée à la Prison Centrale de Libreville.

A l’identification du corps par la famille, leur médecin fera le constat suivant :
– Corps en état de décomposition moins avancée ;
– Hémorragie buccale
– Hémorragie nasale
– Lèvres, cou, ventre, face et poitrine enflés.

La famille demandera une autopsie. Celle-ci effectuée par un médecin légiste attesque des violences subies par le défunt.  On retient du rapport d’autopsie que Cedric a été  « victime d’une agression physique sur la tête avec un objet contondant (…) responsable de la fissuration de l’os temporal droit (crâne). Il y a également une ecchymose à la paroi thoracique droite qui peut avoir été causée par un coup avec un objet contondant sur la poitrine ; (…) la victime ne s’est pas alimentée pendant plusieurs jours ».

Ce rapport dautopsie donne froid dans le dos.

Suite à la plainte déposée contre les agents de l’OCLAD, l’Inspection Générale de Police a mené une enquête en toute indépendance et professionnalisme.

Le Juge d’Instruction a donc placé sous mandat de dépôt  deux agents dont la responsabilité a été établie (MJM et SAO).

Mais contre toute attente, les deux policiers ont été libérés après 6 jours de prison!

Le dossier a même été confié à un autre Juge, mais depuis plus de 3 ans, cette affaire est dans les tiroirs du Tribunal de Libreville.  On peut parler de tout mais sauf de l’affaire feu Cédric Apedo.

Comment comprendre que les Magistrats puissent rester muets face à cette situation flagrante d’injustice ?

Comment comprendre qu’avec autant d’éléments probants la Justice tâtonne brillamment sur ce dossier ?

La vie d’un prisonnier n- à t- elle pas de valeur au même titre que celle des magistrats ou des agents ?

Nous  souhaitons ardemment   que durant cette période de transition, notre Justice soit restaurée et que JUSTICE soit rendue à la famille de feu Cédric Apedo.

Pour la manifestation de la vérité nous avons alors transmis au Ministre de la Justice  les documents ci après :

– l’ acte de décès de Cédric Apedo
– le certificat de décès de Cédric Apedo signé du médecin de l’infirmerie de la prison centrale
– les photos du corps sans vie de Cédric dans une marre de sang allongé sur la civière de l’infirmerie de la prison
– le rapport du Constat de décès
– le rapport dautopsie du médecin légiste.

Pour rappel, les anciennes autorités déchues avaient également été saisies  (Ministre de la Justice,  Premier ministre, Commission Nationale des Droits Humains,  etc) mais le dossier n’a pas évolué d’un iota.

SOS Prisonniers Gabon,  c’est enfin notre essor vers une véritable Justice au Gabon.

HUMANISONS LES PRISONS

Paul Essonne

Journaliste

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