L’Impact de l’économie verte sur le développement économique et social du Gabon, selon Nzigou.

Les crises économiques, financières, sociales et environnementales que le monde a connues ces dernières décennies, d’une part, et la prise de conscience de la non pérennité des ressources naturelles et des contraintes environnementales d’autre part, ont affecté les trajectoires de développement des pays fortement dépendantes des matières premières comme le Gabon.

L’absence de viabilité environnementale et sociale des configurations de développement économique antérieures nécessite de ne plus prendre isolément les problèmes économiques et environnementaux, mais de les insérer dans une politique intégrée conjuguant avec efficacité, les aspects, aussi bien économiques, sociaux, qu’environnementaux.  L’adoption d’une telle politique peut conduire à assurer une dynamique de transformation des procédés de production et des comportements de consommations facilitant l’adoption de l’option de l’économie verte comme alternative de durabilité du modèle de développement.

En effet, le Gabon dispose d’un important capital en ressources naturelles renouvelables se traduisant par un gisement de richesses en termes de couvert forestier (23,5 millions d’hectares), de biodiversité (8 000 espèces végétales, plusieurs espèces de faune), de domaine marin et fluvial (43% du territoire), de parcs et réserves (11% du territoire), dont l’exploitation durable pourrait promouvoir une économie verte (bleue également) et une croissance inclusive. La gestion durable de ce capital et le développement des chaines de valeur, constituent des sources de diversification de l’économie gabonaise.

Le rapport du PNUE de 2011, définit l’économie verte comme étant « une économie visant à améliorer le bien-être humain et à réduire les inégalités à long terme, tout en préservant les générations futures de risques environnementaux et de pénuries écologiques majeurs ». C’est donc une économie à faible émission de carbone, peu gourmande en ressources, qui facilite l’intégration sociale et protège, tout en les renforçant, la biodiversité et les services fournis par les écosystèmes.

Pour la CEEAC (2012), l’économie verte recouvre l’ensemble des activités économiques traditionnelles et modernes liées directement ou indirectement à l’exploitation du potentiel économique des ressources naturelles (eau, roche, sol, biodiversité, vent, soleil, etc.) et des déchets en lien avec la protection de l’environnement pour assurer : (i) un développement économique des Etats ; (ii) un développement durable des entreprises ; (iii) une amélioration des conditions de vie des populations ;(iv) une création durable d’emplois ; (v) une gestion durable de l’environnement sans production de CO2 (vii) une valorisation des savoir-faire traditionnels et (viii) un partage équitable des ressources.

Quant à nous, l’économie verte est un instrument d’intégration sous-régionale pour la valorisation socioéconomique, écologique et culturelle des ressources naturelles des pays Africains en général et particulièrement du Gabon. De surcroit, à travers la création d‘emplois dans les nouveaux secteurs (green), elle vise une répartition plus équitable des retombées positives de la croissance, et ce, afin d’améliorer les conditions de vie des populations pauvres.

Le choix de ce sujet part du constat que le Gabon est aujourd’hui confronté à une crise sans précédente, et sais que la croissance verte est celle qui consiste à favoriser la croissance économique et le développement socioéconomique par la création d’emplois dans les nouveaux secteurs tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose le bien-être humain.

Ainsi, pour promouvoir un développement économique et social via la transition vers l’économie verte au Gabon, il est nécessaire d’analyser le contexte socioéconomique et politique actuel afin de voir les pistes qui peuvent nous amener à ce développement inclusif pouvant sortir le Gabon de la crise socioéconomique et politique qu’il subit aujourd’hui.

Contexte économique du Gabon.

Une petite rétrospective sur la période de croissance stable et régulière de notre pays n’est pas mauvaise. Pendant la première décennie de l’indépendance (1960), le Gabon a connu une croissance économique forte et stable, d’environ 7,5% en moyenne de 1960 à 1972. Cette croissance était essentiellement portée par les secteurs forestier, minier (manganèse et uranium) et pétrolier, qui étaient les priorités de l’Etat en raison de leur apport en devises. Cette expansion régulière s’est accompagnée de changements structurels importants. La valeur ajoutée des industries extractives qui était de 15,4% entre 1960 et 1965 passa à 29,2% entre 1965 et 1972.  L’agriculture qui contribuait pour 15% de la valeur ajoutée au cours de la période 1960-1965, ne représentait plus que 8% au cours de la période 1966-1972. La baisse de la valeur ajoutée agricole fut le résultat de :

la diminution  de la main-d’œuvre consécutive à l’exode vers les chantiers forestiers et miniers en développement ; le faible niveau des prix à la production et ; l’insuffisance des infrastructures (les dépenses d’investissement dans le secteur agricole représentaient moins de 1% des dépenses totales d’équipements durant la période). La contribution de l’industrie dominée par les BTP et la manufacture légère était stable autour de 14% entre 1965 et 1972 tandis que le secteur tertiaire dominé par le commerce et les activités de transport représentaient 7,9% du PIB entre 1965 et 1972.

Jusqu’aujourd’hui, l’économie gabonaise reste fortement tributaire des hydrocarbures et des ressources naturelles (pétrole, manganèse et bois). Le pays connait une croissance continue depuis les cinq dernières années, bien qu’ayant fortement subi la chute des cours du pétrole. Par contre cette croissance économique reste illusoire car, elle dépend de la variation des prix des matières premières sur le marché international.

L’économie gabonaise demeure exposée aux fluctuations du cours du baril du pétrole. Ce dernier représentait environ 30% du PIB, 76% de la valeur des exportations et 39% des recettes de l’Etat en 2015. Par ailleurs, la production s’établirait en 2015 à 11,92 millions de tonnes/an, soit environ 240 000 barils/jour, contre 216 000 barils/jour en 2014. Cette hausse de la production de 8,5% est imputable à la mise en service de nouveaux champs. Le manque à gagner pour cause de baisse des recettes pétrolières est estimé à plus de 450 milliards de FCFA, soit environ 20% du budget en 2015. Il convient de rappeler cependant que l’ampleur de la baisse des revenus pétroliers a été quelque peu atténuée par la remontée de la production et l’appréciation du $EUA, qui a été en moyenne de 20% par rapport au Franc CFA depuis 2014.

Le contexte gabonais reste caractérisé par le « paradoxe de la pauvreté dans l’abondance où une redistribution inéquitable des richesses créées par l’exploitation des ressources naturelles en abondance serait la raison pour laquelle le niveau de vie (PIB) en constante augmentation, n’a pas d’impact significatif sur le processus de diversification de l’économie du Gabon. Les effets limités de l’investissement public sur la diversification de l’économie Gabonaise au cours des trois dernières décennies s’explique non seulement par une modulation du budget d’investissement en fonction des recettes pétrolières, mais également par une stratégie d’investissement gouvernementale non structurante à cause d’une gouvernance publique caractérisée par le népotisme, la gabegie etc.

Contexte social

En dépit des progrès économiques et d’un haut niveau de revenu par habitant (estimé à 7 728 $EUA depuis 2015), le Gabon affiche un faible niveau de développement humain. Le pays occupe le 110ème  rang mondial sur 188 pour l’indice de développement humain (IDH)  pour lequel l’accès des populations aux services sociaux de base constitue un élément important. En décembre 2013, le rapport de McKinsey sur la pauvreté au Gabon indiquait un décrochage de 60% des départements gabonais pour l’accès aux services sociaux et publics de base, notamment pour la santé et le raccordement à l’eau et à l’électricité. Le Pacte Social, dont l’exécution a commencé en 2014, visait à améliorer ces performances en matière de développement humain.

Ainsi, le Gabon continue d’être jusqu’aujourd’hui, un pays de « paradoxes » où malgré son statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, où près d’un habitant sur trois vit en dessous du seuil de pauvreté. Le taux de pauvreté est estimé à 34% selon les dernières estimations et n’aurait pas connu d’amélioration en 8 ans (5ème Rapport sur le suivi des OMD de 2015). Selon l’édition 2015 du rapport sur le développement humain, 19,9% de la population vit en situation de pauvreté multidimensionnelle et subit des privations cumulées en matière d’éducation, de santé et de niveau de vie. Il en ressort également que 15,2% de la population pauvre subit des privations dans le domaine de l’éducation, 43,8% dans la santé et 40,9% dans le niveau de vie.

Le chômage touche plus de 30% des jeunes en-dessous de 30 ans .Cette situation s’explique principalement par l’inefficacité du système de formation qui débouche sur l’exclusion des jeunes du marché du travail par manque de qualifications adaptées aux besoins de l’économie. En conséquence les entreprises ont tendance à privilégier la main d’œuvre immigrée, le pays connaissant ainsi une forte pression des migrants.

Plusieurs facteurs expliquent ce taux de chômage aussi élevé et cette baisse de l’emploi formel au Gabon, malgré une croissance positive à long terme. La structure de l’économie largement dépendante du secteur de l’or noir, un secteur très peu intensif en main-d’œuvre et soumis aux aléas du marché international, mais aussi l’inadéquation entre l’offre d’éducation et les besoins en main-d’œuvre du secteur productif qui ne permet pas à un nombre élevé de ceux qui en sortent de saisir les opportunités d’emplois. Le climat d’investissement contraignant qui freine la diversification de l’économie, la législation sociale rigide et l’inefficacité du cadre institutionnel de promotion de l’emploi constituent également des obstacles majeurs à la création d’emploi au Gabon.

En effet, alors que l’activité pétrolière rapporte à elle seule plus de 40% de la valeur ajoutée nationale et plus de 60% des revenus de l’Etat, ses effectifs représentent moins de 5% de l’emploi moderne. Par ailleurs, on observe que les effectifs de ce secteur ont baissé de 43% entre 1985 et 2000, et aujourd’hui à plus de 80% à cause du recours aux procédés hautement capitalistiques de production et d’exploitation qui limite le recours à la main-d’œuvre.

Il est alors utile d’appuyer les secteurs les mieux placés en termes de potentialités de multiplicateur d’emploi (bois, énergie renouvelable, tourisme, bâtiment et travaux publics, pêche et agriculture) dans le cadre de la diversification post-pétrole.

Alors, si on scrute l’étymologie de la concorde Gabonaise, la fracture est d’autant plus forte que ce chant patriotique ne reflète plus le Gabon en l’Etat actuel. Comme Aristote le souligne « la cité est une sorte de communauté constituée en vue d’un certain bien, un bien qui est le plus haut de tous, la voix du bien est perdu dans un paradoxe de richesse et de l’illettrisme institutionnel tuant le rêve du Gabonais ».

Contexte politique

Après le décès du Président Omar BONGO ONDIMBA, le 8 juillet 2009, le Gabon a réussi à éviter le pire à la suite d’une transition gérée par la présidente de la haute chambre Rose ROGOMBE, paix à son âme. Conformément à la constitution gabonaise, l’élection fut organisée et, Ali Bongo ONDIMBA, fut élu troisième président de la République Gabonaise, une victoire contester par l’opposition  Gabonaise en 2009.

L’année 2014 fut marquée par une légère recomposition du paysage politique, suite aux élections locales de décembre 2013. Certains départements et localités sont passés dans le camp de l’opposition. Toutefois, la vie politique avait été marquée en début 2015 par différentes manifestations politiques organisées par l’opposition gabonaise.

En Août 2016, après la délibération de la cours constitutionnelle en faveur d’Ali BONGO ONDIMBA, le pays sombra dans le chaos, entrainant plusieurs morts et blessés. Dans le souci de donner des signaux d’ouverture, le président appela toutes les parties prenantes à un dialogue national, mais la coalition pilotée par Jean PING décida de n’est pas faire parti. Eu au regard et pour ne pas faire injure à l’histoire, il est important de rappeler que le premier président, Léon MBA avait été placé par un lobby forestier, OMAR BONGO ONDIMBA, par un produit de la Forcadie qui l’avait repéré parmi les gabonais les plus serviles aux intérêts de l’extérieur. Ce qui veut dire que le peuple Gabon n’a pas encore véritablement élu de manière volontaire leur propre chef de fil. Or, la légitimité du peuple est le fondement de l’autorité publique bref.

Bien que la situation socioéconomique et politico-institutionnelle connaisse un tel marasme, nous pouvons dire que cette crise peut également être une opportunité pour le Gabon. Opportunité en terme de reformes politico-institutionnelles, d’employabilité et d’investissements novateurs.

En effet, pour pallier au paradoxe de malédiction des ressources naturelles, le Gabon doit changer de paradigme économique, quitter de sa spécialisation du «  sophisme économiste » et aller vers la vraie diversification de son économie. En d’autres termes, doit lever les contraintes liées au développement et à la promotion de l’économie verte. Depuis 2012, la communauté scientifique et internationale a pris conscience de l’émergence du concept de l’économie verte. Une économie connue et propre à l’Afrique même si c’est le concept reste récent. Pour les organismes internationaux (OCDE, PNUE, FMI, BM, OIT, etc., la responsabilité est donnée aux décideurs publics et privés, mais aussi et surtout au partenariat public-privé afin de développer les instruments pouvant promouvoir le développement économique et social de chaque pays via l’utilisation des outils politiques,juridico-institutionnels, économiques, réglementaires et volontaires.

De ce fait, l’Etat Gabonais, doit mettre en place un dispositif institutionnel, juridique, promotionnel et financier solide pour rendre plus attractif le secteur privé, mais également le secteur public international dans le financement vert à travers bien sur une vision politique claire orientée vers la vague verte. Mettre un dispositif normatif solide ne consiste pas à juste créer des agences, plutôt mettre dans ses institutions des personnes qualifiées capables de mener à bien leur mission. La solidité des institutions émanent d’un capital humain qualifié et professionnel et non à l’octroi gratuit des postes aux connaissances du même réseau ou bord politique.

L’Etat doit prendre en compte toutes les parties prenantes (secteur public, secteur privé, banques, maisons d’assurance, entreprises citoyennes, entreprises vertes, la société civile etc.), c’est-à-dire tous les acteurs qui s’intéressent à la question de l’économie verte comme moteur de croissance inclusive. Les entreprises vertes sont celles qui impacteront significativement sur le développement socioéconomique via les emplois créés. Il faut noter que le principal impact de l’économie verte sur les emplois intervient sur les secteurs traditionnels dont les métiers doivent s’adapter pour mieux prendre en compte l’aspect environnemental. La foresterie, l’agriculture, la pêche, les déchets, le soleil, le vent sont là, un avantage comparatif que le Gabon possède pour réduire radicalement son taux de chômage.

C’est pour cette raison que la théorie institutionnelle de North reprise par plusieurs auteurs comme Stieglitz, 1999 « prix Nobel d’économie en 2005 » ; Humphrey et coll., 2007, montrent dans leurs études que le sous-développement du continent est dû à la carence institutionnelle, leur médiocrité et les multiples corruptions des acteurs publics. Pour ma part, les institutions existent et parfois la réglementation des pays africains est plus rigide qu’en occident dans plusieurs domaines. Mais après une longue réflexion et analyse de la situation de mon pays, je viens de conclure que c’est plutôt « l’illettrisme institutionnel » qui fragilise non seulement nos institutions notamment avec des nominations amicales qui se font par appartenance au même réseau ou bord politique. Par exemple, des postes de Directeurs, Ministres voire d’autres postes de responsabilité doivent être gérer par des personnes compétentes, qualifiées. Dans le cas contraire, on constatera ce que l’on voit dans nos administrations aujourd’hui : méconnaissance de son propre rôle ou missions, lenteurs administratives, méconnaissance des mécanismes de partenariat public-privé, donc aucune valeur ajoutée dans le secteur d’activité. Mais cet illettrisme institutionnel freine également le développement socioéconomique du pays d’autant plus que l’attractivité de nouvelles sources de financements dépendent des structures nationales ou Etatiques (qualité des institutions).

Force est de constater que les élites ne sont pas mis à la place qu’il faut car parfois, ils ne sont pas dans les mêmes réseaux ou du même bord politique que les décideurs politiques.

La gestion des institutions se fait par des Hommes, et pour qu’une institution soit forte, il faut qu’elle soit gérée par des personnes capables de discuter égal à égal avec par exemple des partenaires techniques et financiers de développement dans le cadre des mécanismes de financements innovants, capables de représenter valablement le pays à l’international, capables de prendre des initiatives personnelles pour le bon fonctionnement de l’institution qu’ils incarnent et non, attendre tout de leurs porteurs de valises quand ses derniers sont qualifiés etc.

Le cadre financier pour ne pas dire le système bancaire national est un outil essentiel pour la mise en place de l’économie verte. Le carneau de transmission du financement vert passe par un système bancaire et financier  solide et fiable.

Force est de constater qu’au niveau du Gabon, les ¾ des banques n’appartiennent pas à l’Etat. Ce qui rend difficile le suivi des opérations d’entrées et sorties des fonds. Les différents fonds souhaités par les autorités ne sont point suffisants pour soutenir l’activité de l’économie verte. Comme le souligne Verreault (2011), les investissements verts jouissent d’une popularité grandissante, mais leur potentiel serait supérieur aux niveaux observés actuellement. Dans ce contexte, les gouvernements doivent élaborer des politiques permettant d’une part, de sécuriser et d’accroître les investissements et d’autre part, de favoriser le développement de services, techniques et technologies compatibles avec les principes du développement inclusif. Pour ce faire, l’existence d’un système financier stable est essentielle.

Quelle est la valeur monétaire du Fonds National Forestier à ce jour, est-il capable de financer les projets et programmes du Gabon Vert ? Le Fonds du Développement Durable n’existe que de nom. Son opérationnalisation demande que les responsables du domaine fassent une nomenclature des produits qui doivent être taxés et il y en a plusieurs. Les dons reçus par des fonds comme CAFI par exemple ne peuvent soutenir tout le programme vert Gabonais, il faut mettre un véritable cadre financier solide capable de soutenir l’investissement public.

Il est claire qu’il existe plusieurs sources de financement bilatérales et multilatérales spécifiques à l’économie verte existent et représentent des volumes de financements intéressants, concernant la plupart des domaines tels que (l’adaptation et l’atténuation permettant de financer les forêts, l’eau, l’agriculture, la lutte contre les terres dégradées, l’énergie, etc.).Mais les critères d’accès à ces fonds sont spécifiques à des structures nationales notamment la qualité des institutions nationales.

L’Etat doit élaborer une série des incitations quelles soient économiques, réglementaires ou volontaires. Ces incitations doivent avoir un impact significatif sur les entreprises vertes, c’est-à-dire des entreprises qui travaillent dans le domaine de l’économie verte comme OLAM avec le projet Graine ; SETEG avec son département Energies Renouvelables et les autres qui sont dans la valorisation des déchets solides et liquides etc. Ces entreprises doivent être encouragées par les incitations Etatiques pour employer plus la main d’œuvre locale, donc la création d’emplois décents.

Lorsque les pouvoir publics mettent en place des politiques claires pour les entreprises et autres opérateurs économiques, le secteur privé n’hésite pas à soutenir le secteur public afin de supporter ensemble le facteur risque/rendement et coût-efficacité. Outre le choix des instruments et des objectifs de l’action publique (le choix, par exemple, entre un impôt et une norme technologique ou entre l’amélioration de l’infrastructure et la stimulation de la R-D), il importe aussi de prendre en compte les questions relatives à la mise en œuvre de la politique choisie. Parmi l’éventail d’aspects à prendre en considération, l’action publique doit, en général, être élaborée sur la base des critères suivants tels que (rapport coût-efficacité, incitations  à l’adoption et à la mise en conformité, et aptitude à faire face à l’incertitude et à donner des signaux clairs et crédibles aux investisseurs).

Si le Gabon veut impérativement changer de modèle économique longtemps resté parent pauvre, les décideurs publics doivent comprendre que l’éducation, la formation des élites sont la base des bonnes institutions dans un pays comme le notre. Le capital humain est la première ressource de développement d’un pays et non les matières premières. Ce sont les Hommes bien formés qui doivent gérer les matières premières et non le contraire. L’Etat Gabonais doit former impérativement les jeunes et les femmes dans les secteurs verts.

Aujourd’hui, le seul chemin du développement économique et social viendra de la promotion de l’économie verte. Mais une économie verte propre à nos produits forestiers ligneux et non ligneux (produits de la pêche, du tourisme vert, le pétrole vert, le manganèse vert (produits de recyclage)). Le patrimoine Gabonais vert n’est plus à contester, mais il est temps d’exploiter ce potentiel forestier et halieutique afin de créer une valeur économique et sociale capable de prendre le relai de l’or noir. La question fondamentale est celle du financement de cette économie compte tenu de la situation économique actuelle et du contexte budgétaire actuel du Gabon.

Comme je l’ai signalé dans ma précédente communication parue le 30 Mai 2018 notamment sur « la contribution de sortie de la crise économique et politique du Gabon ».Pour ne pas me répéter, il est primordial de réduire au maximum les dépenses publiques et les différentes subventions orientées vers les combustibles fossiles au détriment des énergies renouvelables. Réduire le nombre des agences interministérielles bis qui augmentent malheureusement la masse salariale, et être ingénieux de mettre en place une fiscalité verte. Cette fiscalité va générer des recettes budgétaires colossales qui permettraient de financer d’autres activités économiques du pays. La réduction du nombre des députés que j’avais proposé a été simplifiée notamment avec la dissolution de l’Assemblée Nationale qui aura un impact positif sur l’économie du pays. Pour ma part, je ne partage pas l’avis d’organiser les élections législatives dans ce contexte économique. Des Gabonais responsables et soucieux du développement économique et social de notre pays ne doivent pas penser juste au portefeuille de député : le partage des postes « comble du Gabonais, même les plus médiocres veulent être député dans un pays qui cherche à être émergent d’ici 2025 ». La crise économique ne nous permet plus de faire des dépenses folles et avoir des rêves fous. En un seul mois, l’Etat dépense approximativement 204 millions de FCFA sur la base de 120 députés. Si on ajoute les frais de souveraineté chaque fin d’année, on passe à 1,40 milliards de FCFA/an.

Le développement d’un pays dépend du choix d’investissement public, si ce dernier choisit des investissements improductifs, le pays se retrouvera avec des dettes colossales incapables de rembourser. Par contre s’il décide d’avoir une bonne vision et investir dans l’économie réelle, le pays aura un retour sur investissement et pourra faire face à ses dettes et investir d’avantage compte tenu de son excédent budgétaire.

Le solde budgétaire est un indicateur de la Gestion des Finances Publiques qui mesure la différence entre les recettes et les dépenses de l’Etat au cours d’une année financière donnée. Il peut être positif, nul ou négatif. Il est positif lorsque les recettes de l’Etat sont supérieures à ses dépenses. Dans ce cas de figure, il y a excédent budgétaire et on parle de solde budgétaire excédentaire. Une situation d’excédent budgétaire favorise le remboursement d’une partie de la dette publique (ensemble des emprunts contractés par l’État). Le solde budgétaire est nul lorsque les recettes de l’Etat sont égales à ses dépenses. Cette situation est généralement appelée équilibre budgétaire. Le solde budgétaire est négatif quand les recettes de l’État sont inférieures à ses dépenses; on parle alors de déficit budgétaire et de solde budgétaire déficitaire. Le Gabon se trouve dans le dernier cas « déficit budgétaire compte tenu de la baisse des recettes de l’or noir ».S’ajoute à cela la mauvaise gestion des finances publiques qui entraine des pertes  financières abyssales. Aujourd’hui, l’Etat doit investir dans les projets rentables. Pour le faire, le Gabon a besoin de nouvelles sources de financement pour soutenir les initiatives publiques et privées en matière d’investissement, et seule la réduction de la masse salariale et de certaines institutions unitiles permettront d’accroître la chance d’une reprise économique dans un délai court-termiste.

Cette reprise court-termiste peut également se faire via les reformes fiscales et la rigueur de l’administration envers les sociétés forestières Asiatiques.

Force est de constater qu’en matière d’emplois, il semble que les sociétés chinoises s’inscrivent dans la promotion de l’emploi des citoyens chinois. En effet, exceptées quelques sociétés (à l’exemple de Leroy-Gabon, dont les capitaux d’origine sont européens, où encore de HTG dont le ratio des gabonais employés est très important (80%) comparativement à celui des étrangers incluant les chinois (20%)), la majorité des autres sociétés chinoises emploie essentiellement les ressortissants de leur pays et un nombre marginal de gabonais et des ressortissants d’autres pays. Dans ce dernier cas, les chinois occupent jusqu’au poste de chauffeur. Les raisons évoquées par les sociétés enquêtées sont le coût trop élevé de la main d’œuvre gabonaise (au SMIG actuel de 150 000 F CFA/mois) et les lois du travail trop rigides rendant difficile le licenciement de personnel.

En ce qui concerne le respect du code du travail gabonais, les sociétés chinoises font piètre figure (Ngavoussa E., 2010). Les raisons évoquées par les sociétés enquêtées étant, entre autres, l’insuffisance d’expertise, la barrière linguistique et l’absence d’ardeur au travail des gabonais.

En effet, Brainforest et Conservation Justice qui travaillent depuis de nombreuses années sur les questions de l’exploitation des ressources forestières, la lutte contre la corruption dans le secteur forestier, mais également pour favoriser l’application des sanctions prévues par la loi pénale contre les exploitants véreux et les fonctionnaires indélicats (Loi 16/01 du 31 décembre 2001 portant Code Forestier en République Gabonais).

Leur dernier rapport de 2017, va dans le même sens et ont mis en évidence plusieurs facteurs qui tendent, si les mesures fortes ne sont pas prises, de mettre à mal le secteur forestier et son apport dans le budget de l’Etat. Il s’agit entre autres :

Du non-respect de la loi forestière par les opérateurs parfois non détenteurs de permis d’exploitation ; De la corruption des agents du département des eaux et forêts ;

De l’exploitation illégale des espèces telles que le Kevazingo, pour ne citer que celle-ci ; De la violation des textes en matière d’exploitation des forêts communautaires, accélérant par la même occasion l’exploitation illégale du bois ; De la corruption de certains notables des communautés locales provoquant ainsi des divisions au sein des communautés villageoises ; De la complicité des autorités administratives avec les opérateurs véreux.

En définitive, l’exploitation forestière pratiquée par les sociétés chinoises, en dépit de sa croissance exponentielle ces dernières années, a une incidence marginale dans l’économie gabonaise puisqu’elle fait la promotion des équipements et du personnel chinois au détriment de ceux disponibles dans le pays hôte. Elle demeure par ailleurs globalement irrespectueuse des textes et règlements en vigueur au Gabon.

A retenir :

Tous les pays importateurs de pétrole se sont lancés dans la recherche des énergies alternatives, c’est-à-dire des énergies renouvelables d’où le ralentissement des importations de l’or noir. C’est donc, dire que si le Gabon focalise une fois de plus son espoir sur les recettes pétrolières, ces prévisions vont être fausses et la crise socioéconomique et politico-institutionnelle risque de perdurer. D’ou l’intérêt pour le Gabon de mettre en place ses propres mécanismes de financement (l’autofinancement) de ses projets et programmes sectoriels pour le développement socioéconomique du pays.

François NZIGOU NZIGOU, originaire du Gabon.

Il est titulaire du Master 1 en sciences Commerciales, option finances d’entreprise à l(université Abderrahmane Mira de Bejaia (Algérie),d’un Master 2 en Gestion Financière et espace Européen à l’université de Lorraine (France), du Master 2 en MicroFinance et Développement des Entreprises à l’université de Lorraine (France), et actuellement en instance de soutenance du Doctorat en Sciences Economiques de l’Institut des Risques Industriels, Assurantiels et Financiers à l’université de Lille  (France), et travaillant sur le potentiel socioéconomique et politiques de financement de l’économie verte en Afrique Centrale :cas du Gabon.

Contacts : Compte pro: nzigounzigou3011@gmail.com

Compte facebook: nzigounzigouf@yahoo.fr

 

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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