Monsieur le Général, Président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions.
Je viens très respectueusement vous faire part de quelques mesures importantes que la majorité des gabonais attendent de vous.
Je voudrais dans un premier temps m’excuser pour le format emprunté pour pouvoir m’adresser à vous, car c’est le seul moyen qui ne demande aucun protocole.
Monsieur le Général,
Je ne voudrais pas me fondre dans des félicitations loquaces liées à l’acte de bravoure que vous avez accompli pour éviter au peuple gabonais des jours sombres. D’une façon unanime et historique, nous avons su vous manifester notre immense joie pour cette libération tant rêvée et nous vous serons très reconnaissant.
Après l’euphorie populaire du 30 août 2023 qui a déferlé sur toute l’étendue du territoire, l’heure est déjà là pour passer à la reconstruction du Gabon.
Je vais m’abstenir dans ce message des questions juridiques permettant au CTRI d’avoir un cadre plus ou moins légale, car plusieurs compatriotes (l’ancien Ministre Jonathan NTOUTOUME NGOME, Geoffroy FOUMBOULA LIBEKA, Alfred NGUIA BANDA, Télesphore ONDO et biens d’autres) ont longuement exposé dans ce sens, afin de vous éviter de tomber dans des erreurs.
Sans vous, le peuple désarmé n’aurait pas pu facilement se débarrasser du système Bongo-PDG. Sans le peuple, votre mission n’aurait servi à rien. Nous sommes liés. Nous devons de ce pas être unis. C’est sur cette valeur d’unité que je m’appuie pour vous décliner les points sur lesquels le peuple vous attend.
A- Mesures à réaliser dans l’urgence (3 mois)
Pour jouir de la pleine confiance du peuple.
Il serait souhaitable de prioriser la question sociale:
1- Trouver rapidement des solutions pour la desserte en eau potable dans les quartiers en stress hydrique
2- Procéder rapidement à l’installation des poteaux électriques dans les zones qui n’en disposent pas pour régler le problème d’électrification
3- Régulariser toutes les situations des retraités
4- Revoir le panier de la ménagère (baiser les prix des produits alimentaires. Prioritairement ceux qui sont produits au Gabon)
5- Revoir à la baisse le prix des matériaux de construction (ciment, parpaings, sable, gravier, bois, ferraille, etc.)
6- Revoir à la baisse le prix des loyers en accord avec les promoteurs immobiliers publics et privés.
7- Payer les rappels soldes à tous les agents de l’Etat
8- Rehausser les salaires de base des agents de l’Etat et le SMIG
9- Régulariser les situations administratives de tous les agents. (recrutement, intégration, titularisation, reclassement, avancement, arrimage des pensions retraites au nouveau système de rémunération)
10- Veiller à l’applicabilité de ce nouveau système de rémunération.
11- Procéder à l’affectation des étudiants sortants des écoles (ENS, ENI, ENSET, INFASS…)
12- Revoir à la baisse le prix des transports urbains et interurbains
13- Procéder au recrutement des gabonais diplômés des écoles publiques et privées qui sont au chômage
14- Traiter l’épineux problème de la MONP
15- Lancer un véritable recensement des agents de l’Etat et publier les postes à pourvoir.
16- Rendre les concours publics transparents comme c’est le cas du concours du Prytanée Militaire.
17- Mettre en place une indemnité mensuelle pour les personnes en difficulté (les handicapés, les personnes du troisième âge,)
18- Rétablir rapidement la bourse scolaire au lycée et à l’université
19- Lutter contre l’insécurité et le grand banditisme en ramenant la police de proximité qui pourra travailler en collaboration avec les patrouilles civiles qui existent déjà dans certains quartiers.
20- Tous les biens immobiliers des voleurs de la République doivent rentrer dans le patrimoine de l’Etat.
21- Redonner de la dignité à toutes les personnes atteintes de troubles mentaux en les retirant des rues.
22- Mettre en place une commission pour matérialiser la question des droits d’auteurs et droits voisins
23- Relancer les activités sportives et culturelles
B- Mesures à réaliser à moyen terme
1- Réduire le train de vie de l’Etat
Ø Réduire les salaires des hauts cadres de l’administration qui sont très disproportionnés de ceux des fonctionnaires moyens
Ø Réduire les budgets de fonctionnement des institutions
Ø Réduire les indemnités versées aux anciens dignitaires de la République (Ancien président des institutions, premiers ministres, ministres, directeurs généraux, parlementaires, etc.)
Ø Revoir les contrats d’acquisition des moyens roulants de l’Etat (Eviter l’achat des véhicules qui coutent excessivement au Budget de L’Etat)
Ø Réduire le nombre de personne devant participer à des séminaires à l’étranger
Ø Réduire considérablement les effectifs de la Présidence de la République et le budget qui lui est attribué.
Ø Procéder à l’unification des caisses de l’Etat.
2- Revoir à la hausse les budgets des établissements scolaires et sanitaires, tout en renforçant les moyens de contrôle de l’exécution de ces budgets.
3- Redéployer tous les agents de l’Etat qui sont actuellement sans poste.
4- Payer immédiatement les vacations des personnels de l’éducation nationale, de l’enseignement professionnel et de l’enseignement supérieur (il est inadmissible que les vacations des examens et concours nationaux ne soient payées aux agents qu’une année après le service fait). C’est une grave injustice dont la réparation urge.
5- La restitution des terrains spoliés aux gabonais par des expatriés (la terre appartient au Gabon et à ses enfants. Il n’est pas tolérable que des expatriés s’en accaparent au détriment des gabonais)
6- Revoir la question liée à l’acquisition de la nationalité gabonaise. Revoir également toutes les attributions de la nationalité faites sous le règne des BONGO.
7- La nationalisation progressive de l’économie gabonaise.
Ø Imposer des quotas dans chaque entreprise privée
Ø Mettre en place des quotas pour l’occupation des marchés municipaux. Les gabonais doivent être toujours majoritaires.
Ø Récupérer le groupe Libertis-GabonTélécom. Il n’est pas normal qu’un secteur aussi sensible que celui-ci soit aux mains des expatriés.
Ø Mener des actions de salubrité de nos principales villes, notamment Libreville, en freinant la propension des marchés anarchiques
Ø Débarrasser urgemment nos villes des garages anarchiques et des épaves de véhicules qui obstruent les voies d’accès.
Ø Débarrasser nos villes des tas d’immondices.
Ø Interdire l’affichage des messages publicitaires (guérisseurs, commerçants, promoteurs immobiliers, églises, etc.) sur les édifices publics.
8- Faire des saisies de comptes de toutes les personnalités publiques et des agents qui auront été reconnus coupables de détournement des fonds publics.
9- Mettre en place une enquête sur les biens acquis depuis 14ans du clan Bongo. Le trop perçu devra regagner les caisses de l’Etat.
10- Revoir la convention OLAM-Gabon.
Ø Cette entreprise doit verser des impôts à l’Etat gabonais.
Ø Elle doit établir des contrats qui respectent la législation en vigueur au Gabon.
Ø Elle doit revoir les salaires des ouvriers qui sont sous-payés.
Ø Elle doit déclarer ses travailleurs à la CNSS et éviter les licenciements abusifs
11- Ouvrir une enquête sur la fameuse ‘’Delta Synergies ‘’
12- Mettre en place une commission qui sera chargée d’examiner les cas des prisonniers politiques et des compatriotes exilés sous le règne d’Ali Bongo
13- Penser à organiser le retour de tous nos compatriotes volontaires qui sont à l’extérieur du pays afin qu’ils apportent leur expertise pour remettre le Gabon résolument au travail.
Monsieur le Président, voici quelques propositions d’un citoyen qui sont partagées par une bonne partie des gabonais. Nous voulons voir notre pays se relever et retrouver sa dignité. Heureusement, ces valeurs vous habitent, vous et toute l’équipe des généraux qui vous accompagnent.
Je vous assure qu’en dehors des questions politiques que vous avez sur la table, si vous apportez des solutions aux préoccupations énoncées ci-dessus, vous passerez un mandat transitoire sans grogne sociale. C’est vous qui sortirez de là hautement honoré par vos frères.
Dans l’espoir que cette lettre vous parvienne et qu’elle retienne votre attention toute particulière, je vous prie, de bien vouloir recevoir, Monsieur le Président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions mes sincères encouragements.
Donald KANTSAGAMAMI
