Lettre ouverte d’un magistrat au peuple gabonais.

Je suis magistrat depuis plus de 20 années. Je me souviens de mes années universitaires et surtout de l’enthousiasme qui m’habitait lorsque j’avais prêté serment. 

Le magistrat est une personne qui appartient au corps judiciaire exerçant la profession dans le but de rendre justice. La justice au Gabon est rendue au nom du peuple et non au nom d’un clan, d’une tribu ou d’un individu fût-il Président de la République.

Aujourd’hui, j’ai honte d’être magistrat ! Je n’arrive plus à me regarder dans une glace à cause de ce que nous magistrats, avons fait de ce pays depuis plusieurs décennies.

Je vais donc vous parler du dossier de Bertrand Zibi Abeghe. En effet, voilà plus de 4 ans que ce monsieur croupit en prison. Nous savons tous qu’il n’a rien fait pour y être maintenu. Bertrand Zibi Abeghe n’a fait que dire à Ali Bongo Ondimba, Président de la République et Président du Conseil Supérieur de la magistrature, la stricte vérité sur sa gestion calamiteuse du pays. Un acte politique qui devrait rester dans le strict domaine politique.

J’ai pris le temps depuis plus de 3 ans de visionner et révisionner la vidéo de la démission de l’élu de Bolossoville et je n’ai vu aucun acte répréhensible par la loi. Alors que fait ce Monsieur à la prison centrale de Libreville ? Nous savons tous ici au tribunal, que le dossier de Bertrand Zibi Abeghe est complètement vide mais surtout qu’une manipulation jamais vu dans notre Gabon entoure ce dossier (faux procès verbaux; faux témoins; fausses preuves fabriquées; disparition des fameux scellés dont l’arme, les balles et le chargeur du fusil).

Mon Dieu, où allons-nous? Pour ma part, j’ai décidé de dire la vérité au peuple Gabonais même si cela est fait de manière anonyme dans l’optique de préserver ma vie. Dans l’affaire Bertrand Zibi Abeghe, le premier à être instrumentalisé a été l’ancien procureur de la République Steeve Ndong Essame Ndong. Ce sinistre magistrat à l’époque avait reçu plus de 100 millions de francs CFA pour fabriquer de faux motifs afin d’inculper Zibi. Après son forfait, Steeve a envoyé le dossier de Monsieur Zibi à la Doyenne des Juges de l’époque, Dame Hortense Komba Bango épouse Ngossanga qui elle a reçu la coquette somme de 80 millions de francs CFA payé en deux parties. Son rôle était de faire traîner le dossier Zibi au maximum, ce qu’elle fît avec brio. Ensuite est entré dans la danse, le sulfureux Procureur de la République Olivier Nzaou qui lui à reçu plus d’argent que tout autre corrompu dans les couloirs du palais de justice. On parle de plus de 200 millions de francs CFA en sus de 2 véhicules. On ne pourrait oublier Dame Marie Christine Lebama qui elle, a reçu la somme de 70 millions. Pour couronner le tout, le Juge Fulgence Ongama a reçu la somme de 120 millions car c’est lui qui devait condamner Bertrand Zibi Abeghe à une lourde peine malgré l’innocence de ce Monsieur. Nous n’oublions pas non plus l’avocat Bongo Mavoungou, avocat d’Ali Bongo Ondimba, car ce fût lui qui était chargé de rétribuer tout ce monde. Au passage il a également donné à son truand de Kemebiel Touré (accusateur de Zibi) une somme de 20 millions de francs CFA.

À ce niveau de ma lettre, permettez-moi de m’adresser à Madame la Ministre de la Justice Erlyne Antonella Ndembet épouse Damas. Madame la Ministre, te souviens tu de ce que tu as subi dans ton bureau en 2000 lorsque des prisonniers t’avaient séquestrée et attachée nue comme un ver de terre, à cause de ton injustice? Te souviens-tu de cet épisode de ta vie? Madame le Ministre, j’ai un mauvais présage, le monde entier sait que le dossier de Bertrand Zibi Abeghe est complètement vide. Pourquoi acceptes-tu qu’il croupisse en prison? Es-tu comme ton prédécesseur à la Justice, Francis Nkea Ndzigue, qui lors d’un meeting politique à Bolossoville devant tout le monde affirmait qu’Ali Bongo Ondimba lui avait demandé de sortir Zibi de prison, reconnaissant de facto le caractère politique de ce dossier? Madame le Ministre, je sais que l’affaire Bertrand Zibi Abeghe est au dessus de toi, mais tu es de la maison Justice, donc toi plus que n’importe qui dois peser de tout ton poids afin de sortir ce Mr et lui permettre de retrouver sa famille et sa vie que nous lui avons volé depuis plus de 4 ans. Madame le Ministre regarde ce qui se passe au Mali. Regarde comment en une journée, plusieurs Barons du régime d’IBK ont tout perdu, parfois l’effort de toute une vie a été anéanti en une journée. La maison du fils du président déchu a été entièrement détruite en moins d’une heure. Madame le Ministre, la situation au Gabon est similaire à celle du Mali, il y’a une gronde sourde du peuple gabonais. Cette gronde s’entend du Grand Nord en passant par les bords de l’Ivindo, descendant tout le long de l’Ogooué, parcourant l’Ampassa et le Komo. Les fils et filles du Gabon crient justice, justice, justice.

Nous magistrats, sommes les plus exposés à cause de l’injustice qui est devenu notre quotidien. Comment pouvons-nous justifier que dans notre corps de magistrature, nous ayons autant de milliardaires ? Où trouvons-nous tout cet argent nous permettant d’avoir des villas digne d’Hollywood, des voitures de rêve coûtant plusieurs dizaines de millions, des voyages en première classe dans les avions et de nombreux séjours à travers le monde?

Madame le Ministre pour terminer, je vous annonce une triste nouvelle! Dans bientôt, j’enverrai à Mr Jonas Moulenda une accumulation de preuves de beaucoup de nos collègues (récoltées par des inspections judiciaires, la commission de l’enrichissement illicite, les services spéciaux et les services français chargés de la traque des capitaux douteux).Ce dernier dans son balcon édifiera le peuple gabonais avec des preuves accablantes (photos de nos grandes villas, nos voitures et surtout nos maisons achetées à travers le monde, sans oublier nos comptes bancaires).Ce sera, je vous préviens un séisme qui risquerait de faire très mal.

Pour clore mon propos, libérons tous les prisonniers politiques du Gabon.

J’ai parlé !

Paul Essonne

Journaliste

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