Les Présidents du Costa Rica et du Gabon unis pour mettre fin au fléau du trafic d’espèces sauvages.

Alors que le monde subit de plein fouet les effets de la pandémie de Covid-19, qui trouve très  probablement son origine dans la faune sauvage, on nous apprend qu’il existe environ 1,7  million de virus non découverts chez les animaux sauvages, dont la moitié pourrait se  transmettre à l’homme. Partout dans le monde, les pays luttent contre le changement  climatique, alors que la sixième extinction de masse due à l’activité humaine est à craindre. Il  s’agit de crises mondiales complexes et interdépendantes, toutes exacerbées par le trafic  illicite d’espèces sauvages. 

La criminalité liée aux espèces sauvages constitue une grave menace pour la santé humaine  et animale. En outre, elle conduit d’innombrables espèces vers l’extinction, dégrade les  écosystèmes et leur capacité à piéger le carbone, prive les gouvernements de revenus  indispensables et exacerbe la corruption, l’insécurité et la pauvreté. La Banque Mondiale  estime la valeur du trafic d’espèces sauvages à un montant stupéfiant de 1 à 2 000 milliards  de dollars par an. La perte soudaine et dramatique des revenus du tourisme animalier en  2020 a décimé les emplois et les moyens de subsistance, et a entraîné une diminution du  financement des efforts de conservation, rendant la faune sauvage plus vulnérable au  braconnage.

Pourtant, malgré les conséquences mortelles du trafic illicite d’espèces sauvages, nous  n’avons pas d’accord mondial pour y remédier. Nous l’avons trop longtemps traité comme un  problème lié au commerce plutôt qu’à la criminalité. Les enjeux sont élevés et le statu quo ne  suffit pas. Nous avons besoin d’un changement transformateur.

Nos pays ont beau être distants de 10 000 kilomètres, séparés par l’océan Atlantique, nos  deux nations sont unies pour réclamer un nouvel accord international visant à prévenir et à  combattre le fléau du trafic d’espèces sauvages. Ce sera la première fois qu’un crime affectant gravement l’environnement sera intégré dans le cadre du droit pénal international.

Le Gabon et le Costa Rica possèdent une biodiversité parmi les plus uniques de la planète.  Nous avons mis en place des zones marines et terrestres protégées et mené des efforts pour  lutter contre le trafic illicite de la faune et de la flore sauvages. Nous encourageons la  conservation de la nature et reconnaissons son caractère central pour la protection de la  biodiversité, la lutte contre le changement climatique, la prévention de futures pandémies  liées à la faune sauvage, la sécurité et la création d’emplois décents. Nous unissons également  nos efforts dans le cadre de la Coalition Haute Ambition pour la Nature et les Personnes, qui regroupe plus de 60 pays interrégionaux appelant à la protection d’au moins 30 % des terres  et des océans de la planète d’ici à 2030.

Néanmoins, des groupes criminels organisés continuent d’exploiter illicitement notre faune  et notre flore sauvages à la recherche de profits personnels, tout comme ils le font dans  d’autres pays riches en biodiversité, sapant ainsi nos efforts concertés aux fins du  développement durable. Dans leur sillage, ils laissent nos populations et nos écosystèmes  appauvris. Aujourd’hui, nous demandons à toutes les nations de travailler avec nous pour  faire en sorte que les avantages dont nous bénéficions grâce à la vie sauvage profitent aux  communautés locales, aux investisseurs légitimes et aux budgets nationaux des pays sources,  et non aux groupes criminels transnationaux.

Si nous aspirons à respecter nos engagements mondiaux en matière de lutte contre la perte  de biodiversité et le changement climatique, ainsi que les efforts émergents pour prévenir les  futures pandémies liées à la faune sauvage, les pays doivent intensifier leurs efforts et traiter  la criminalité liée à la faune sauvage comme le crime grave et hautement destructeur qu’il  est.

Face à ces crises immédiates et interdépendantes, nous devons agir rapidement. Si tous  ensemble nous parvenons à nous rassembler pour mettre fin au fléau du trafic d’espèces  sauvages, nous lèguerons alors un héritage positif et durable aux générations à venir.

Paul Essonne

Journaliste

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