Les magistrats gabonais victimes du virus endémique de la corruption.

Le Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG) est résolument engagé à la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. C’est pourquoi il invite les nouveaux enquêteurs de l’opération Mamba à se conformer aux nouvelles procédures en matière d’audition, d’interrogatoire, de perquisition, d’interpellation et de garde à vue de toutes les personnes soupçonnées des faits de corruption, d’enrichissement illicite et de blanchiment des capitaux. Car, le risque est de voir toutes ces procédures entachées d’irrégularités qui conduiraient à leur nullité.  

Aussi, le SYNAMAG invite le nouveau Procureur de la République à ouvrir une enquête à certains de ses agents. Car, les fondements de la séparation des pouvoirs sont une fois de plus menacés voire phagocyter par le pouvoir Exécutif. En lieu et place des passerelles de communication entre les différents pouvoirs, il existe des véritables boulevards créés et entretenus par le pouvoir Exécutif lui permettant de faire ce qu’il veut et quand il veut, par qui il veut. Cette assertion s’illustre par la chosification faite à la justice gabonaise, la transformant en une justice de distraction et de règlements de comptes.

Le pouvoir Exécutif instrumentalise la justice. En effet, les immixtions récurrentes de l’Exécutif dans les compétences du pouvoir Judiciaire ont atteint leur apogée par le gouvernement en décidant à l’issue d’un Conseil Supérieur de la Magistrature présidée à la Présidence de la République donc un Conseil Supérieur de la Magistrature de la Présidence de la République en lieu et place de la Cour de Cassation d’organiser l’installation des magistrats nommés et promus au cours de cette énième Conseil Supérieur en moins de 4 mois.

Quel genre de justice souhaitons-nous pour le Gabon ? Quel espoir peut-on apporter à une nation dans laquelle les citoyens n’ont aucune chance d’avoir accès à une justice libre et indépendante parce que tout est fait pour que ce soit qui le faible qui paye toujours le lourd tribut ? Quelle indépendance les magistrats peuvent-ils avoir sur son droit de vie et de mort de ce décidé au gré des humeurs d’un Exécutif, loin d’être lui-même un exemple de probité.

En l’asservissant de plus en plus, la justice est devenue le parfait outil par lequel on veut régler des comptes à ses adversaires politiques, en mettant de coté les objectifs essentiels de performance, de modération de la vie publique et de satisfaction de l’intérêt général. L’armée, la police et tous les corps de sécurité ont perdu les valeurs républicaines qui fondent leur action. Elles ne sont plus pour la protection du territoire, des biens et des personnes, mais pour protéger une minorité qui pille, vole et détourne en toute impunité l’argent.

Il en sera toujours ainsi tant que l’Exécutif choisira son jury. C’est pourquoi le SYNAMAG s’est toujours battu pour une réforme profonde du Conseil Supérieur de la Magistrature et de la disparition pure et simple du lien hiérarchique qui existe entre l’Exécutif et le magistrat du Parquet qui fait de ce dernier l’œil-de-bœuf de l’Exécutif dans la magistrature.

Quel avenir pouvons-nous construire avec une justice embrigadée ? L’image de la justice du Gabon est écornée sur le plan national et international à cause d’un pouvoir Exécutif mal inspiré, manquant de repères, d’exemplarité et de certitude quant à la conduite de ce pays doté de richesses incroyables vers l’émergence tant promise. Les erreurs de casting se succèdent mois par mois, année par année.

Paul Essonne

Journaliste

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