Le débat de Missélé eba’a: Tout basculera progressivement…

En décapitant progressivement le cercle premier du président de la République, amis, collaborateurs et visiteurs du soir, bien avant même son accident vasculaire cérébral, les auteurs imprudents de cet acte ne savaient pas qu’ils étaient entrain de scier la branche sur laquelle ils étaient assis. Les conséquences, ici et ailleurs, n’ont pas tardé.

Côté Gabon, le mouvement citoyen « Appel à agir » a émergé avec la question fondamentale: qui dirige le Gabon? Une interrogation qui a bien fait écho, côté France, dans l’hémicycle du Palais Bourbon où un député, Bruno Fuchs,  a donné une dimension internationale au problème posé. Le cas Gabon était désormais mis en lumière dans bien des états-majors.

Ali Bongo Ondimba n’est pas le premier chef d’état à connaître la maladie durant l’exercice de ses fonctions. Georges Pompidou, François Mitterrand, Jacques Chirac, Abdelaziz Bouteflika l’ont été avant lui. Le point commun entre tous ces hommes précités est que jamais les habitudes de gouvernance de leur chef incarnées ou rappelées par leurs principaux collaborateurs n’ont été bousculées.

D’ailleurs pour ce qui est de Georges Pompidou, il a pu mourir au pouvoir et sa succession orientée dans le sens voulu par ses principaux conseillers, Marie France Garaud et Pierre Juillet, parce que les fondamentaux de préservation du pouvoir sont demeurés stables. Ce qui n’est malheureusement pas le cas avec les nouveaux cerbères du palais du bord de mer.

En effet, ces derniers n’ont pas eu la sagesse d’étudier le pouvoir en place et de se poser les bonnes questions: qui fait quoi pour le pouvoir ou pour Ali Bongo? Pourquoi? Quel avait été le rôle de certains pendant les différentes échéances électorales? Hélas, ils ont cru bon d’appliquer la formule « ôte-toi de là que je m’y mette » sans s’assurer de la consistance de leurs capacités.

Aussitôt, trois conséquences immédiates ont été constatées (1) chacun des acteurs du pouvoir a retiré et sécurisé son génie, (2) le pouvoir s’est retrouvé fortement fragilisé, (3) à jamais s’est éteint l’éventualité d’une succession, au sommet du parti et de l’État, de type monarchique. Autrement dit, pour ce dernier point, la jurisprudence Union nationale pourrait faire école au PDG. Un parti politique n’est pas à considérer comme une propriété privée mais comme un bien commun aux différents militants.

Au quel cas le PDG pourrait une fois de plus, et peut-être la fois de trop, subir une hémorragie qui lui sera fatale. Rappelons que c’est ce débat de légitimité à la tête du parti au pouvoir qui avait conduit Paulette Missambo et Alexandre Barro Chambrier à sortir du PDG. Quant à Guy Nzouba Ndama, comme les acteurs précités d’ailleurs, ils n’ont aucun problème avec les cadres et militants du PDG. Ce détail est important pour comprendre le jeu des alliances, visibles et obscures, qui permettra à chacun de basculer progressivement du côté de la victoire.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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