Le débat de Missélé eba’a : Non au viol de la République.

Dans aucune page, aucun paragraphe, aucune ligne de notre Loi fondamentale, il n’est fait mention de l’existence de l’épouse du Président de la République. Pourtant, depuis l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo Ondimba, notre pays souffre amèrement de son omniprésence de plus en plus insupportable et de son omnipotence artificielle née de la collaboration de ceux qui ont décidé d’enculer la République comme cela avait été clairement énoncé à Ryad.

On pensait bien loin du peuple gabonais certaines tares de gestion de la République accumulées lors du passage chaotique d’Édith Cresson du Gabon à la tête du gouvernement. Hélas, il ne fallait pas tenter de rêver trop longtemps puisqu’une louche nauséabonde de ces énormités constatées jadis vient d’être remise au goût du jour. L’épouse du président de la République s’est encore mise en scène négativement dans un rôle et dans une place qui ne lui reviennent nullement. L’imposture tant décriée jadis tend à avoir de beaux jours au sommet de l’État.

Que viennent faire des ministres de la République dans les locaux d’une association, fussent-ils ceux de l’épouse du chef de l’État ? Ce n’est pas ainsi qu’on respecte la République et ses codes. Le Président de la République du Gabon s’appelle encore Ali Bongo Ondimba. Seule l’élection présidentielle à venir pourrait changer cet état de fait.

Si son épouse souhaite diriger le Gabon, former ses gouvernements ou les convoquer pour des séances de travail, qu’elle annonce clairement sa candidature. Vouloir abuser de sa position à côté d’Ali Bongo Ondimba ou lui faire jouer des rôles en le mettant au devant de la scène, malgré son état de santé fragilisé par un accident vasculaire cérébrale, pour espérer continuer à tirer maladroitement les ficelles de la gestion du pays est d’un cynisme honteux et dégoûtant. Cette manière de faire est inhumaine si on se refuse de parler de sorcellerie.

Osons croire que la décision de la Cour pénale internationale (CPI) qui a refusé de clore le chapitre des violences post-électorales d’août 2016 comme le décès de Michaël Moussa Adamo qui avait joué un grand rôle en 2016 vont ramener certains suicidaires à revoir les schémas de leur ambition malsaine qui est de s’accrocher au pouvoir à tous les prix.

Personne n’est dupe, ici comme ailleurs. L’ADN d’Ali Bongo Ondimba ne transpire ni dans les décisions prises au sommet de l’État encore moins dans le choix des hommes sélectionnés pour conduire les affaires du pays. Il sera impossible de reconstituer le mot perdu du maître. Par conséquent, cela n’augure rien de bon pour l’avenir de ceux qui naviguent en pleine imposture depuis trop d’années maintenant. Nous rappelons que la prudence comme la sagesse sont sollicitées, ici et maintenant. Michael Moussa n’est plus et demeure à ce jour irremplaçable. Comprendra qui pourra.

Lorsqu’il y a eu les vœux du nouvel an au président de la République et à son épouse, personne ne s’en est offusqué car, cette habitude devenue républicaine n’est pas une originalité propre au Gabon. Autrement dit, Sylvia Bongo Ondimba était bel et bien à sa place comme le sont toutes les épouses des chefs d’État à ce moment d’ailleurs.

Cependant, lorsqu’elle décide de co-présider un programme du gouvernement avec le premier ministre et quelques membres de son gouvernement, nous disons non. Ce n’est ni son rôle encore moins sa place. Toutes les représentations diplomatiques accréditées dans notre pays le comprennent bien. Sous d’autres cieux, cela aurait posé de sérieux dégâts politiques.

C’est pourquoi, nous ne voulons pas de cette République bancale et risible. Sinon, pourquoi le gouvernement ne ferait pas autant avec les responsables d’autres associations qui agissent plus grandement et en toute discrétion pour le bien-être quotidien des gabonais ? Cette vassalité ou cette soumission incomprise de certains cadres de notre pays est indigeste et à vomir. Cette attitude de certains fils du Gabon fait honte.

A quoi correspond le format de la rencontre qui a réuni l’épouse du président de la République accompagnée de ses collaborateurs d’un côté et le premier ministre escorté par certains membres de son gouvernement d’un autre ? Que fait le porte-parole du président de la République à une telle séance de travail ? C’est bien ce type de mélange de genres qui prouve bien qu’il y a une inquiétude à se faire quant aux réelles capacités du président de la République à diriger.

En effet, aucune archive vérifiable ne présente les premiers ministres Paul Biyoghe Mba, Daniel Ona Ondo, Raymond Ndong Sima dans cette extraordinaire posture de soumission. Au nom de la République, cette imposture au sommet de l’État doit s’arrêter et que chacun retrouve sa vraie place. Il en va de l’image du Gabon aux yeux du monde.

De Joséphine Nkama Dabany, du temps de son apothéose incontestable au moment du parti unique, avec son groupe d’animation vivant dénommé kounabeli à Édith Lucie Bongo Ondimba, du haut de son doctorat en médecine et de ses structures sociales innovantes et dynamiques, jamais Omar Bongo Ondimba n’aurait toléré une telle aberration où ses premiers ministres, Léon Mebiame Mba, Casimir Oyé Mba, Paulin Obame Nguema, Jean François Ntoutoume Émane et Jean Eyeghe Ndong se seraient retrouver à organiser des réunions sur un programme du gouvernement au siège d’activités de ses épouses. En 42 ans de règne d’Omar Bongo Ondimba, pas une seule fois cette manière de faire n’a été observée. C’est dire…

Enfin, on ne peut avoir limogé Rose Christiane Ossouka Raponda de la primature pour nous servir, une fois de plus, les mêmes tares de gestion de notre pays et espérer faire rêver les gabonais. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on a presqu’envie de dire qu’il n’y a rien à attendre de cet exécutif en place. Aucun état de grâce n’était concédé à cette équipe gouvernementale quasiment inchangée.

Si des gens dits intelligents ne parviennent pas à faire comprendre à l’épouse d’Ali Bongo Ondimba que sa manière de faire ne correspond à rien en République, pourquoi devons-nous croire en une hypothétique capacité de ces derniers à faire rêver le peuple gabonais, grandement en difficulté ?

Que cela soit entendu, l’épouse du président de la République qui ne gère qu’une simple association parmi tant d’autres n’a pas à convoquer le premier ministre du Gabon et ses ministres. C’est inacceptable.

La République il faut la considérer si l’on veut être respecté à son tour. Si accepter de telles aberrations c’était ça faire rêver les gabonais ou susciter un quelconque espoir, alors tout est désormais foutu. Personne ne violera la République devant ses dignes fils. Un point c’est tout.

Par Télesphore Obame Ngomo

Président de l’OPAM

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