Le débat de Missélé eba’a: Le scandale BGFI Congo atteindra t-il le Gabon?

Les mauvaises habitudes ont la dent dure. Les révélations faites sur BGFI Congo en sont la parfaite illustration. En effet, né sous les cendres de la FIBA ( Banque Française Intercontinentale), appartenant à Elf, le groupe BGFI se trouve dans une terrible tourmente.

C’est plusieurs millions de données décortiquées qui ont permis de mettre en lumière le désordre financier constatées à BGFI Congo. Visiblement, les conditions à considérer pour qu’une banque soit dite sérieuse n’ont pas été respectées. Il est fait état des liens financiers incestueux et condamnables entre l’ancien président de la République Démocratique du Congo, son environnement politique et la banque.

Sommes-nous une fois de plus dans un scandale de type Elf où c’était une simple plainte, dénonçant une gestion anormale, qui avait conduit à son explosion puis à sa disparition? Rien n’est moins sûr. En prenant la tête de Elf, Phillippe Jaffré, proche d’Édouard Balladur, le nouveau premier ministre de la seconde cohabitation mitterrandienne, constata des transactions étranges réalisées par son prédécesseur, Loik le Floch Prigent, proche de François Mitterrand.

Une fois l’enquête ouverte, Eva Joly et d’autres juges avaient l’impression de dérouler une pelote de laine. On y allait de scandales en scandales. Trop tard pour arrêter la machine, le tir était parti. Dans le cas de BGFI Congo, la maison mère étant  » le Gabon« , il est alors inévitable que le tsunami qui a commencé au Congo n’atteigne pas nos frontières.

Le pouvoir  gabonais avait-il été averti par ses services de renseignements de ce scandale explosif? Tout montre que non. Il gagnerait alors à très vite anticiper sur cette affaire comme l’avaient d’ailleurs fait Omar Bongo et les autres chefs d’état accablés par le scandale Elf.

Malheureusement pour le président de la République, ce n’est ni avec le dispositif léger qu’il a au palais présidentiel, ni avec l’incompétence marquée d’Édith Cresson du Gabon qu’il parviendra à s’en sortir. Cette dernière a été incapable de défendre la dernière modification constitutionnelle ainsi  que son propre bilan à la tête du gouvernement. Qu’est ce qu’il y a à attendre d’un profil comme ça?

En définitive il faut dire que s’attaquer à BGFI, c’est s’attaquer au portefeuille des pouvoirs. Donc à leur capacité à payer et à se gouverner financièrement. Quid alors du financement des opérations de gouvernance au quotidien ou de la présidentielle à venir? Le vrai débat est là.

L’agenda qui est déroulé ferait qu’en 2023, ce scandale qui est loin d’être un feu de paille mettrait le Gabon, BGFI maison mère, au cœur du tourbillon venu du Congo. Il sera alors très compliqué de gérer, et le scandale BGFI, multipliant certainement les révélations, le bilan des deux septennats, les attaques de l’opposition en pleine période d’élection présidentielle. Le contexte et l’état d’esprit qui auront été suscités seront tellement explosifs que la moindre étincelle mettrait le feu au poudre. Donc il faut anticiper maintenant.

Toutefois, précisons que, dans ce combat de lutte contre la corruption, avoir gardé au gouvernement Vincent Massassa, accusé de corruption par le premier ministre quand Brice Laccruche Alihanga, ancien directeur général de BGFI maison mère est en prison pour corruption, fragilise et discrédite le pouvoir. Cela impose de savoir quels sont les liens « noirs » qui l’attacheraient autant aux décideurs. Il aurait dû être débarqué pour éviter de disqualifier les dirigeants du Gabon.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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