Le débat de Missélé eba’a: La clarté en politique paie toujours.

Martine Aubry ne croyait pas si bien dire lorsqu’elle affirmait qu’en politique « quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ». En effet, le jeu politique dans la majorité au pouvoir dans notre pays est tellement flou qu’on se demande qui sont ses loups.

Après de mauvaises expériences à Matignon, d’abord sous Valéry Giscard d’Estaing en 1974, puis sous François Mitterrand en 1986, Jacques Chirac, le patron de la droite, décida de laisser son vieil ami de plus de 30 ans, Edouard Balladur assurer la deuxième cohabitation qui a eu lieu en 1993. Tout ceci pour mieux préparer la présidentielle de 1995.

Auréolé par de bons sondages et encouragé par des jeunes loups, dont Nicolas Sarkozy, Edouard Balladur prit la décision d’affronter le leader de la droite, Jacques Chirac, à l’élection présidentielle de 1995. Ce dernier n’en croyait pas ses yeux avant l’annonce faite par Edouard Balladur lui-même.

Or, Jean Louis Debré, un de ses plus fidèles compagnons, n’a jamais cessé d’attirer son attention à ce sujet. Bien heureusement pour Chirac, Edouard Balladur fut écarté de la course. Ses manœuvres et sa conspiration n’ont pas suffit à passer le cap du second tour. Il fut contraint de prendre sa retraite politique.

Ne pouvant clairement afficher son ambition qui reflétait la trahison, Edouard Balladur semblait condamné à manœuvrer dans l’obscurité pour ne pas être démasqué. Aussi, ses aptitudes et ses opportunités étaient de facto limitées. Comment gagner du temps et exprimer à fond son génie quand tout s’est passé dans le flou pendant trop longtemps?

D’un autre côté, on a un Nicolas Sarkozy qui n’a jamais caché son ambition présidentielle. Pour parvenir à ses fins, il s’était constitué un réseau de gens venus d’horizons divers, une équipe de campagne clairement identifiable et une stratégie bien tracée. Tout ceci pour atteindre la victoire. Le travail de terrain et de lobbying pouvaient alors publiquement être  fait. Finalement, la clarté  de son ambition lui permit  de gagner la présidentielle de 2007.

Au niveau du pouvoir gabonais, ceux dont les noms sont souvent cités comme potentiels candidats préfèrent avancer masquer comme Edouard Balladur. Alors qu’ils ont la loi avec eux. Être ambitieux ne doit pas faire d’eux des citoyens coupables. Dans le contexte actuel, le fils du président de la République gagnerait  à sortir du flou et des spéculations s’il veut être candidat à la prochaine élection présidentielle.

Malheureusement, il aura comme préalable à régler: (1) gommer les tares de gouvernance laissées par son entourage pétris de haine, de complexes et de méchanceté gratuite. Humilier des anciens comme Marc Louis Ropivia ou Eugène Mba, ça se paie. Comment en deux ans seulement, certains proches identifiés aient pu autant ternir l’image d’un individu qui semblait n’avoir que pour seul défaut politique, son patronyme? La situation impose un ménage de son entourage.

(2) Se constituer une équipe dynamique et compétente. Car, à lire les courriers souvent envoyés aux administrations ou les tweets de la communication présidentielle, on peut aisément dire qu’il n’y a rien de bon à attendre de ce côté. Le niveau d’exigence de développement des gabonais rime bien avec les standards internationaux pour qu’ils se complaisent de la médiocrité ambiante des fameux collégiens du bord de mer.

Enfin, (3) assumer courageusement le bilan des cinquante années de Bongo Ondimba au sommet de l’État. Prendre conscience du ras le bol qu’une telle ambition pourra susciter et être prêt à affronter la violence politique qui ira avec.

Dès cet instant, le bon grain sera très vite séparé de l’ivraie. Seules la clarté et la volonté, très tôt exprimées, pourront permettre  de gagner du temps et espérer convaincre le plus grand nombre. Par ailleurs, selon le contexte actuel et l’historique politique d’Ali Bongo, diversement apprécié, tout passage en force ne sera que source de déchirement, aussi bien au PDG qu’au sommet de l’État. Peut-être profond et long, exposant de facto les responsables de la crise suscitée à un avenir très incertain.

La clarté et le courage en politique ont toujours aidé à gagner. Alors, osez.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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