Le débat de Missélé eba’a: Jurisprudence Kongo Yoanis, la République et ses principaux acteurs à la barre?

Si on posait la question à certains citoyens, d’ici ou d’ailleurs, quelle était la plus grande qualité d’Omar Bongo Ondimba, nombreux répondraient sans la moindre hésitation: sa très grande générosité. Mais où puisait-il ces fonds intarissables qui lui ont permis de s’offrir la stature internationale reconnue et l’affection nationale qui s’était vérifiée le jour des obsèques de son épouse Edith Lucie et des siens?

Nombreux sont les parents, les amis, les connaissances, les collaborateurs et même les amours de sa vie qui ne pourront jamais justifier le train de vie insolent qu’ils mènent sans faire référence aux largesses démesurées d’Omar Bongo Ondimba. A ceux-là, devrait-on les accuser de concussion ou de blanchiment d’argent? Voici encore une impasse dans laquelle s’aventurent des individus aux lendemains, pourtant de plus en plus incertains.

Habités par une colère aveuglante inexplicable et une méchanceté qui semble ne pas avoir de nom, nous attirions jadis l’attention de ceux qui avaient décidé d’en découdre avec l’ancien directeur de cabinet du président de la République, Brice Laccruche Alihanga. Nous fustigeons la méthode qui avait été utilisée pour traiter ce cas, ô combien spécial. En effet, elle ne correspondait à aucun élément qui puisse apaiser la situation des tenants du pouvoir. C’est d’ailleurs ce que révélèrent les conclusions  de l’enquête de la commission des droits de l’homme de l’ONU qui demanda que Brice Laccruche Alihanga soit tout simplement libéré. Le dossier étant une véritable coquille vide et un délire d’un siècle dépassé.

Aussi, il est impensable qu’aujourd’hui, les nouveaux tenants du pouvoir, mus par des objectifs inavouables, en viennent à s’acharner sur le lieutenant Kongo Yoanis, ancien aide de camp du directeur de cabinet du président de la République gabonaise. Comment expliquer que Brice Laccruche Alihanga, le principal accusé qui est traité pire qu’un chef de guerre ou qu’un meurtrier de la pire espèce, n’a même pas encore été jugé pour corruption, blanchiment d’argent et autres chefs d’accusation cités, qu’on en vienne à affirmer que son aide de camp serait auteur de tels méfaits. N’est-ce pas le summum du ridicule? C’est tout simplement pathétique.

On est alors en droit de se demander, qu’est-ce qui fait courir nos collégiens du bord de mer pour subitement soulever ce sujet qui, a long terme, ne pourra que les condamner? Est-ce une pression judiciaire qui serait venue de Paris? Rien n’est moins sûr. Mais une fois de plus, leur attitude aux allures de bras de fer avec la justice française est maladroite et nocive. Nul doute qu’ils en paieront le prix.

Par expérience, l’histoire de la France nous enseigne qu’elle ne se lance jamais dans une opération judiciaire ou politique, touchant  à d’autres États, sans pour autant avoir la maîtrise de son sujet mais surtout les éléments accablants nécessaires qui feront plier ceux qui pensent vouloir gagner du temps ou être capable de jouer dans ma cour des grands. L’affaire Augusta et toutes ses réalités sont déjà sur la table du juge français. Elle est tellement sulfureuse que les différents acteurs n’auront aucune chance pour se tirer d’affaire. Vous avez dit justice, lutte contre la corruption et autres principes à faire respecter? Nous y sommes.

Comment, dans un système hérité d’Omar Bongo Ondimba et qui a encore pignon sur rue dans notre pays, on peut demander à un aide de camp d’une personnalité du Gabon de justifier sa fortune quand on sait la nature sensible et confidentielle de leurs missions ou du rôle que leurs font jouer certaines personnalités de la République? Peut-on demander aux aides de camp d’Omar Bongo Ondimba de justifier leur fortune? Il est clair qu’au regard de ce qu’ils ont accumulé, tous iraient en prison ou seraient condamnés au même titre que la sentence qui guette le lieutenant Kongo Yoanis.

Ironie de l’histoire, maître Aymard Moutsinga serait le fils de l’illustre disparu Hervé Moutsinga qui a été durant de nombreuses années le médecin personnel d’Omar Bongo Ondimba. Cet avocat qui pose la question au lieutenant Kongo Yoanis peut-il nous dire si c’est grâce au simple salaire de médecin du président de la République de son défunt père que ce dernier a pu obtenir le patrimoine qu’il  a laissé à ses enfants en héritage? Ne sait-il pas qu’en réalité c’est son « propre procès » ou celui de son défunt père qu’il est en train de faire? C’est tout simplement indigne de n’y avoir même pas pensé.

Ce procès en sorcellerie est encore une faute lourde qui pèsera sur nos collégiens du bord de mer. Car, trop de vices dans la démarche engagée, aussi bien dans le fond que dans la forme. D’ailleurs, à ce sujet, le premier responsable de la garde républicaine, corps militaire auquel appartient le lieutenant Kongo Yoanis, ne devrait même pas accepter cette parodie de procès. Il devrait farouchement et courageusement s’indigner, lui-même ayant été aide de camp d’Omar Bongo Ondimba à qui diverses missions ont été confiées. Nul doute qu’un  jour, il lui sera demandé de justifier sa fortune acquise à des grades inférieurs à ceux d’aujourd’hui. Un média américain avait déjà fait certaines révélations allant dans ce sens. Qui veut aller loin doit ménager sa monture.

Dans la même lancée, toutes les personnalités de la République et leurs aides de camp devraient s’indigner face à ce procès et la nature des débats en cours au tribunal de Libreville. Car, la jurisprudence Kongo Yoanis pourrait très bien faire école. Ne dit-on pas que lorsque la barbe du voisin brûle, mouille vite la tienne?

A qui Omar Bongo Ondimba ou même son successeur n’aurait pas quelques fois envoyé des billets de banque dont nul ne sait avec précision la provenance? Certaines autorités de la place qui ont hérité des méthodes généreuses d’Omar Bongo Ondimba pourraient un jour voir leurs collaborateurs être invitées à expliquer les missions qui leurs auraient été conviées au cours de leur service.  Est-ce normal qu’ils en viennent à être condamnés pour cela?

La République gabonaise a ses codes de fonctionnement. L’anti Brice Laccruche Alihanga primaire qui conduit certains décideurs du moment à faire dire à la justice ce qu’ils pensent être bons, juste et sage est tout simplement la condamnation qu’ils se préparent pour eux-mêmes car, nul d’entre eux ne pourra justifier la fortune dont ils jouissent allègrement aujourd’hui. En pensant faire du mal à Brice Laccruche Alihanga, on est certain que ces acteurs finiront comme dans la tragédie Shakespearienne d’Ottelo, le Maure noir. La République n’ira jamais à la barre mais elle saura désigner ceux qui devront y être. C’est pour très bientôt d’ailleurs. Qui vivra verra.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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