Le débat de Missélé eba’a: Élevons le niveau au palais présidentiel.

On pensait qu’avec le passage de Ike Ngouoni à la communication présidentielle on avait atteint le fond. Mais hélas, c’était mal connaître cette affection particulière qu’ont les nouveaux maîtres imposteurs du palais présidentiel pour les erreurs de casting, ce concept si cher à notre brillant universitaire et républicain Guy Rossatanga Rignault qui avait payé de sa fonction de secrétaire général de la présidence de la République ses observations et ses réserves pertinentes sur le décret définissant les prérogatives du directeur de cabinet du président de la République, Brice Laccruche Alihanga.

Aussi, qui a été plus proche de ce dernier que les nouveaux décideurs du palais présidentiel? Que la capote percée, ce canard édicté à la présidence de la République, pose les bonnes questions si elle veut avoir les meilleures réponses.

Nous avons dit « Élevons le niveau au palais présidentiel du Gabon », de ce pas, allons y.

Alors que l’ascension politique de l’inconnu François Mitterrand, simple député de la 3ème circonscription de la Nièvre ne cessait de faire des émules, après son accord avec l’une des principales forces politiques du moment, le parti communiste dirigé par Waldeck Rochet, puis sa bénédiction reçue du leader moral de la gauche, Pierre Mendès France et son investiture par la SFIO de Guy Mollet, les grognards du général de Gaulle ont tout de suite vu rouge, en tête desquels Alain Peyrefitte son ministre de l’information.

Aussitôt le danger constaté, ils proposèrent à l’homme du 18 juin de s’investir dans une campagne de boules puantes qui devait faire ressortir le côté malicieux et fourbe de François Mitterrand pour le déstabiliser en s’appuyant sur le fameux faux attentat de l’observatoire de 1959 qu’il avait organisé lui-même pour s’attirer la sympathie et la compassion des français.

Pas une, pas deux, le général de Gaulle qui avait une haute vue de la France et avait conçu avec Michel Debré la Constitution de 1958 refusa cette démarche basse en précisant qu’il ne fallait surtout pas abaisser la fonction présidentielle en voulant rabaisser François Mitterrand qui pourrait être élu.

Aussi, nourri et abreuvé par cette conception honorable de la République, nous n’allons pas nous investir dans le bal des boules puantes organisé par le service de communication de la présidence de la République. Toutefois, nous ne pouvons pas également laisser l’image de notre pays être ternie par cette vague de médiocrité au sommet de l’État. Ce n’est trop dire si nous affirmons que notre pays est dirigé par une bande de collégiens sans tenue réglementaire. Aussi, on comprend mieux pourquoi il y a tant de transgressions des codes politiques hérités d’Omar Bongo Ondimba et tant d’anomalies dans les décisions prises au sommet.

Se retrouver sur la même liste que l’Iran, Cuba et autres États au passé et au passif sulfureux qui en plus soutiennent Vladimir Poutine est juste de la bêtise politique à l’état brut. Refuser de tenir compte des observations de la commission des droits de l’homme de l’ONU sur une affaire ridicule, alors que le Gabon est membre du conseil de sécurité de cette institution est juste de la folie mortelle. Ne pas se soumettre aux décisions de la cour constitutionnelle alors que la loi fondamentale dans son article 92 est limpide fut stratégiquement suicidaire. Toutes ces énormités citées, nos collégiens l’ont fait. C’est dire qu’il n’y a rien à attendre d’eux. Ils ne savent vraiment pas où ils sont.

Si l’infographe du palais présidentiel répondait d’Ali Bongo Ondimba, d’abord il n’aurait jamais été au poste qu’il squatte abusivement, mais en plus, il comprendrait mieux les fondements de la politique du pays et les limites à ne jamais franchir dans cet environnement si codifié. Or, le fait de poser des actes contraires à l’ADN politique d’Ali Bongo Ondimba que nous connaissons est la preuve qu’il navigue droit dans un mur.

D’ailleurs sa convocation par la juge française Élodie Meyrianne est déjà le début de ses déboires pour ne pas dire le crépuscule de ses malheurs. La prison, il pourrait aisément la faire en France en tant que citoyen français pour association de malfaiteurs ou pour complicité de détention arbitraire de citoyens français. Qu’il interroge l’histoire de sa mère patrie pour savoir comment la France traite les collabo ou ses ennemis. Pierre Laval, Joseph Darnand et dernièrement Mohammed Merah.

Au Gabon, il pourrait la faire dès l’instant où ses maîtres auront la confirmation qu’il a certainement trop parlé lors de son audition à Paris. Il comprendra mieux le sort qui a été réservé aux AJEViens et la nécessité de se construire, quand il est encore temps des amitiés sincères. Qui parle encore de Brice Laccruche Alihanga et de ses amis en dehors de quelques rares individus qui estiment que c’est pas ainsi qu’on devrait traiter des gens qui ont eu accès à la nudité de la République?

Dans sa parution du 22 avril 2022, la Lettre du Continent est claire pour qui sait lire entre les silences des non dits. En dehors des avocats de Brice Laccruche Alihanga qui, naturellement défendent leur client, quel officiel gabonais a déjà été entendu par la juge française si ce n’est le porte-parole de la présidence de la République au point où celle-ci s’est sentie obligée de directement convoquer Noureddine Bongo Valentin? C’est bien parce qu’une langue a sans aucun doute trop parlé.

Il est certain que la mise en examen ou un mandat d’arrêt international délivré contre l’ancien coordonnateur général des affaires présidentielles du Gabon amènera les nouveaux maîtres du palais présidentiel à conclure qu’ils ont vraiment engraissé une souris dans leur sac d’arachides. A ce niveau, la traîtrise vaut crime de lèse-majesté. Et les portes du malheur s’ouvriront pour celui qui aura serré la main du diable pour paraphraser le général Roméo Dallaire.

Sur un tout autre plan, il n’est pas certain que les nouveaux maîtres du palais présidentiel qui ont été à l’initiative de la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon apprécient l’orientation que vous faites de leur prouesse sur la question dans votre canard, la capote percée. Ce n’est pas Télesphore Obame Ngomo qui a posé ce sujet sur la table du Parlement. Ce n’est pas le président de l’Opam qui a sanctionné des députés PDG parce qu’ils auraient voté contre la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon. Leur sanction est bien venue du palais pour le parti.

Par conséquent, nous nous ferons le plaisir de faire parvenir votre approche du sujet présenté dans votre organe presse au cabinet de la première dame qui se veut aujourd’hui le parangon des égalités ou le défenseur des libertés. Ainsi, nous apprécierons la sincérité du combat mené.

Autrement dit, nous verrons si Sylvia Bongo Ondimba est d’accord avec ce que vous dites sur l’homosexualité au Gabon. Tel que ce sujet a été imposé dans la République pour ne pas dire à la République, il n’est pas évident que l’infographe du palais présidentiel sorte de son cabinet avec les mêmes kilos. Ce sujet n’est pas propre à Télesphore Obame Ngomo mais très cher à ceux qui l’ont fait voter avec la force. La capote percée l’apprendra à ses dépens. Nous n’en doutons.

En définitive, non seulement votre communication à la présidence de la République a grillé les ambitions de Noureddine Bongo Valentin, mais en plus, elle a rendu impossible la candidature d’Ali Bongo Ondimba à sa propre succession. Comme si cela ne suffisait pas, la communication de l’infographe au regard fuyant vient publiquement railler l’homosexualité, un sujet crucial au cœur du palais présidentiel. Des changements au cabinet présidentiel étaient annoncés depuis longtemps. Cependant, nous croyons qu’avec cette multiplication des bourdes de l’infographe bavard, la messe sera dite.

A un moment donné, la médiocrité a des limites. Ce n’est tout le temps qu’on va descendre la République pour parler un langage accessible aux collégiens. Gérer un État est du ressort des individus formés et expérimentés. Aussi, donner tant de force et de légitimité aux potentiels candidats du pouvoir encore non déclarés, tant de chances d’alternance à Guy Nzouba Ndama, Paulette Missambo ou Alexandre Barro Chambrier est la preuve que c’est l’entourage immédiat d’Ali Bongo Ondimba qui a mis fin à sa carrière politique.

A cette réalité on n’y peut rien après l’avoir politiquement sauvé en aout 2016 quand des gens comme l’infographe du palais faisaient encore des gribouillages quelque part dans Libreville. Le niveau mérite enfin d’être élevé dans notre pays. Et c’est possible car, des gabonais dignes, déterminés, ambitieux et qui ont un bilan, il y en a.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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