Le débat de Missélé eba’a: Edith Cresson du Gabon, dehors…(2/7) par Télesphore Obame Ngomo

La France, pays des droits de l’homme qui prône l’égalité des citoyens et reste un modèle de démocratie, n’a jamais pris le risque d’imposer une nouvelle fois à ses habitants une femme à Matignon depuis le caprice de François Mitterrand. L’expérience avec Edith Cresson fût tellement pitoyable que, malgré des profils brillants comme ceux de Christine Lagarde, Michèle Alliot Marie ou Roseline Bachelot, les hommes ont toujours été largement préférés pour faire le job. Les bilans d’Édouard Balladur, Lionel Jospin ou Edouard Philippe parlent encore pour eux.

Tellement elle était impopulaire qu’elle est le seul premier ministre  de la cinquième République à être restée moins d’un an à Matignon. On parle de 10 mois et 18 jours. Ce qui veut dire qu’Edith Cresson, version gabonaise, dont l’incompétence est notoire, aura au moins eu ça de plus que le modèle français. C’est ça quand le parcours d’une personne relève d’un caprice mal assumé. On est vraiment dans un véritable profil pousse-pousse. Les faits resteront les faits, même s’ils semblent caricaturaux.

Qui avait dit qu’on pouvait engager une guerre contre le sous développement et la pauvreté en portant des escarpins, qui en plus ne sont pas à la bonne taille? Le Gabon n’étant qu’une pâle copie de la France sur le plan constitutionnel et institutionnel, de la même façon qu’Edith Cresson avait réussi à faire chuter François Mitterrand et à lui imposer une deuxième cohabitation, nous pouvons déjà prédire avec une marge d’erreurs insignifiante que l’actuelle premier ministre va conduire le pouvoir en place à sa perte. Si Ali Bongo Ondimba entend aller à la course présidentielle avec cet attelage défaillant dans un contexte national explosif et international aux aguets, le spectacle d’août 2016 sera quasiment impossible d’être plébiscité.

La suffisance, l’arrogance et la violence engagée au sommet de l’État font qu’un bon nombre de manipulateurs semblent oublier que Guy Nzouba Ndama, Alexandre Barro Chambrier ou Paulette Missambo ne sont pas Jean Ping. La France de 2016, l’Union européenne et les pays voisins ne sont certainement plus dans le même état d’esprit qu’en 2016. La jeunesse gabonaise a beaucoup changé depuis lors: la violence des réseaux sociaux, les séances de lapidation qu’on a vu dans le pays, le mouvement des casseroles, le coup d’état manqué de Kelly Ondo Obiang en sont les parfaites illustrations.

Par conséquent, les mécanismes archaïques jadis utilisés pour les besoins de la cause ne seront plus d’actualité. Un principe en politique voudrait que l’on ne sous estimât jamais son adversaire. Or c’est tout le contraire qu’on observe. Certains se plaignent du silence des leaders de l’opposition quand d’autres s’en réjouissent. Or, le grand danger reste le niveau de frustration de la majorité des gabonais. L’embrasement d’un épiphénomène comme le refoulement de l’ivoirienne Bahou constitue des indicateurs de l’état d’esprit de ceux qui veulent en découdre à tous les prix. Et avec ce type de réalités, accouplées au contexte international, le cas de la Guinée Conakry, l’invasion des russes en Centrafrique, le coup tordu de l’alliance États-Unis, Angleterre et Australie contre la France, le premier ministre actuel du Gabon ne résistera pas à la pression. Elle doit être inscrite sur la liste des changements pertinents qui ont commencé.

En 1981, Valéry Giscard d’Estaing a payé le prix fort. Ce dernier pensait qu’il avait encore en face de lui le « François Mitterrand », qu’il avait terrassé en 1974. Hélas, c’est honteusement qu’il quitta la scène  politique tandis que la gauche Mitterrandienne savourait allègrement sa victoire. L’indigestion des femmes au sommet de l’État est un mal pour notre pays. Sinon, où est le développement promis? La pauvreté et la souffrance des gabonais sont bien au féminin.

Paul Essonne

Journaliste

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