Le débat de Missélé eba’a : Du rififi dans la majorité.

Existe-t-il encore une majorité au pouvoir ? La question mérite vraiment d’être posée. Aujourd’hui, on peut d’ailleurs tous le constater, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) navigue seul et complètement décomposé.

Aux commandes de ce bateau ivre, une collection de gens sans aucune légitimité. Or, la reconnaissance dans ce type de parti politique légitimiste voudrait que les acteurs de premier plan aient fait leurs classes afin de progressivement gravir les échelons.

Combien de conseillers imposés au sein du parti peuvent témoigner d’un engagement certain ou d’un militantisme conséquent ? On comprend mieux l’échec indiscutable du Congrès bidon qui a été récemment organisé par ce qui reste du Parti Démocratique Gabonais (PDG).

A ce niveau des choses, un questionnement s’impose (1) quels hauts cadres du parti, président du sénat ou de l’Assemblée nationale, éminents membres du gouvernement, peuvent affirmer avoir été associés de bout en bout à la préparation de ce Congrès ? (2) Pourquoi certaines nominations tardent toujours à tomber du ciel ?  (3) Qui finalement décide au PDG ?

Ces situations extraordinaires, inimaginables sous Omar Bongo Ondimba, fragilisent fortement la considération que les autres partis ou les partis alliés peuvent avoir du PDG. Par conséquent, cela offre toute la légitimité aux partis alliés de ne pas suivre ou de s’accrocher à un navire qui semble foncer droit dans un bloc de glace ?

L’explosion du PDG encouragée par une implosion éminente est plus que jamais inévitable. La stratégie des départs en cascade des hauts cadres de ce parti a fait son bout de chemin. C’est la raison pour laquelle, c’est de l’intérieur que la chienlit atteindra son paroxysme. Il y en a déjà assez à l’extérieur pour fragiliser ce qui reste du PDG.

Autrement dit, plus que jamais, l’idée efficace, déjà en cours d’application, est de bien rester dans le parti tout en le rongeant de l’intérieur telle une poutre malicieusement exterminée par des termites déterminées.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il sera difficile de ne pas revivre au sein du PDG, et de façon encore plus grave, la crise observée avant l’élection présidentielle d’août 2016.

En effet, rappelons que le dernier grand schisme vécu dans ce parti avait pour socle la contestation, par certains cadres, de la légitimité et des capacités du distingué camarade et des hommes qu’il avait choisi pour décider de l’avenir du pays. Ce qui, depuis lors, semble s’être aggravé avec le pilotage à vue du parti orchestré par des militants inconnus au bataillon et l’état fragile du président du parti ayant subi un accident vasculaire cérébral.

Au moment de cette fracture, Barro Chambrier et ses compagnons demandaient plus de démocratie au sein du parti afin de l’arrimer aux standards internationaux. En même temps, ils contestaient la place non méritée accordée par Ali Bongo à des gens sans aucune légitimité et sans les moindres aptitudes à bien gérer les affaires du pays.

Aujourd’hui, ces éléments qui ont justifié la fragilisation du PDG se présentent avec plus complexité. Au sommet de l’État, l’ADN politique d’Ali Bongo n’existe plus. Au cabinet présidentiel, on retrouve des gens qui n’ont jamais été vus à ses côtés avant son AVC. Mieux, ceux qui y étaient et qui pouvaient reconstituer l’ADN du chef de l’État, ils ont tous été décapités. Ce qui amène à se demander : qui avait dit qu’en politique la reconnaissance était une tare et l’ingratitude une vertu ?

De la même salade indigeste, on note que la légion étrangère n’a pas perdu de sa superbe. C’est encore un citoyen béninois, sans aucune expérience, qui tient les cordons de la bourse de tout le Gabon. Des prétendus experts, venus, on ne s’est trop d’où,  n’ayant fait leurs preuves nulle part ailleurs, se retrouvent à décider du destin du Gabon.

Au gouvernement, on cumule des incongruités à vomir. Les opposants d’hier, virulents, agressifs et malveillants, se trouvent aux meilleures loges quand ceux qui les ont affrontés pour le compte d’Ali Bongo Ondimba, et sans avoir démérité, tutoient l’abandon, la précarité et le chômage. Drôle de remerciements qui ne peuvent que mal finir.

Ce qui nous impose une réflexion sur le cas Michel Menga. En d’autres mots, que fait encore Michel Menga au gouvernement ?  Les dernières prises de position osées de son parti politique à l’Assemblée nationale lors du vote de confiance au premier ministre ont rendu Barro Chambrier encore plus fort et plus crédible. Sinon, comment comprendre que son parti politique refuse de voter la confiance au premier ministre du gouvernement auquel il appartient ?  Et personne ne tire, immédiatement, les conséquences politiques d’une telle situation. C’est la preuve, s’il en fallait encore une, que le pays n’est plus dirigé.

Les trois quart des ministres au gouvernement ne répondent pas d’Ali Bongo Ondimba. Ce dernier ne les connaît pas. Et c’est dommage qu’on soit dans un pays où les institutions chargées de jouer les contre pouvoir ne contribuent en rien à cette recherche d’équilibre dans le pays. L’égoïsme et la cupidité semblent être leur priorité. Bref.

Comment veut-on que les partis alliés marginalisés continuent à renforcer un allié les méprisant ? Est-ce Ali Bongo qui veut cela ?  Pas si sûr. Comment veut-on que les grognards d’Ali Bongo jouent une fois de plus les cerbères quand à chaque fois ce sont des inconnus qui viennent tirer les marrons du feu ?  Comment peut-on s’investir dans une ambition politique où la conspiration a atteint un tel point de non retour ?

Comment ne pas comprendre que le pari d’une énième tentative de conservation du pouvoir, de façon aussi extraordinaire, est trop risqué (1) après la dernière décision de la Cour Pénale internationale (CPI) refusant de clore le chapitre des violences post électorales ; (2) après avoir publiquement embrassé la bouche puante de la Russie ;(3) après avoir lécher les orteils du Commonwealth et enfin (4) sans bien se rendre compte de la profonde frustration de la majorité des gabonais qui exige désormais le bilan de plus d’une décennie d’exercice ?

Pas grand monde ne souhaiterait laissé ses plumes, sa famille et son pays pour des gens ingrats qui n’en valent pas la peine. C’est pourquoi, de plus en plus d’alliés au PDG entendent tirer les conséquences politiques d’un tel tableau surréaliste. Serait-ce d’ailleurs le cas pour l’UDIS d’Hervé Patrick Opiangah qui vient d’organiser un meeting géant qui a regroupé plusieurs dizaines de milliers de personnes?

Une chose reste certaine, les intérêts du plus grand nombre, c’est-à-dire de la trop grande majorité des gabonais, ne sont plus garantis par les décideurs du moment. Le rififi est clairement assuré.

Par Télesphore Obame Ngomo

Président de l’OPAM

Paul Essonne

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *