Le débat de Missélé eba’a : Du président Nzouba Ndama.

Qu’ont-ils retenu du Grand maître ? Visiblement pas grand chose. Comment dans notre pays, sommes-nous arrivés à ne jamais s’indigner lorsqu’un dignitaire est violenté ou humilié ?

Qu’on aime le Président Nzouba Ndama ou pas, pour diverses raisons, légitimes ou injustifiables, est-ce ainsi qu’il devait être traité ? La réponse est non.

Hier c’était la maison de Jean Pierre Lemboumba Lepandou qu’on brûlait dans son village natal à Okondja. Peu s’en sont publiquement offusqués. Or, qui mieux qu’Omar Bongo Ondimba avait de bonnes raisons de traquer son ancien directeur de cabinet et ministre des finances passé dans les rangs de l’opposition en 1990 avant de jouir du privilège d’être parmi les initiés qui ont vu son corps sans vie se refroidir ? Quelle belle leçon politique et de vie ?

Eugène Mba, l’ancien maire de Libreville, du haut de son âge respectable a publiquement été humilié par Judas le traître, encore appelé Ian Ghislain Ngoulou, pour des raisons bassement inavouables. Très peu dans la République ont marqué leur indignation.

Aujourd’hui, c’est au tour du président Nzouba Ndama de subir une humiliation inutile et ridicule qui n’honore ni les services à la manœuvre, ni l’esprit de la République. En effet, après l’euphorie ridicule suscitée par cette vidéo devenue virale, présentant des valises contenant une importante somme d’argent dont le président Nzouba Ndama serait le propriétaire, place à la réflexion et au questionnement pertinent.

(1) Combien se sont interrogés sur le mécanisme qui aurait conduit des agents aux frontières a arrêté le cortège d’une aussi haute personnalité, connue de tous dans notre pays? (2) Combien ont cherché à savoir quelles sont les dispositions légales pouvant répondre à une telle situation ? (3) Combien ont mis en avant toute forme de présomption d’innocence face à cette situation peu commode ou extraordinaire ? (4) L’argent retrouvé a quelle provenance ? (5) En quoi le Président Nzouba Ndama aurait commis un délit si ce n’est celui de déclarer le montant en sa possession?

Autant de questions qui permettent aux gabonais sérieux de dépassionner le débat et d’entrer dans une réflexion de fond pour se différencier des juges autoproclamés des réseaux sociaux.

Face à cette situation, on peut également se demander, si le Président Nzouba Ndama était encore acteur du pouvoir en place, est-ce qu’on lui aurait fait vivre cette humiliation ? Certainement pas. C’est justement cette République de l’arbitraire que nous refusons.

Patrichi Tanassa a été condamné à plus d’une décennie de prison pour, dit-on, avoir détourné ou mal géré des fonds publics. Il dit avoir décaissé plus d’un milliard pour la Fondation de Sylvia Bongo qui affirme n’avoir reçu que dix millions. Il en est de même pour Noureddine Bongo Valentin qui aurait reçu plus d’un milliard également.

De cette affaire, Jessye Ella Ekogha l’intermédiaire de la transaction de la Fondation n’a jamais réagi et demeure à ce jour, porte-parole de la présidence de la République. On est en droit de se demander, qu’en est-il aujourd’hui de ces différentes situations au niveau de la justice ?

Et pourquoi devrions-nous nous pencher sur le cas du président Nzouba Ndama qui n’a détourné aucun centime du contribuable gabonais ? La réalité financière de l’ancien président de l’Assemblée nationale du Gabon peut lui permettre de « garder » ou de « posséder » autant d’argent. Mais une fois de plus, s’il avait toujours été président de l’Assemblée nationale de notre pays, membre influent du parti démocratique gabonais (PDG), est-ce que cette situation aurait été un fait divers ? La réponse est non. Alors, il ne faut pas distraire les gabonais.

Les vrais sujets sont là et ne manquent pas de rebondissements. Sylvia Bongo Ondimba née Valentin, épouse du président de la République, et Jessye Ella Ekogha, porte-parole de la présidence de la République, doivent passer en jugement après les déclarations graves de Patrichi Tanassa. Le président Nzouba Ndama n’a pas volé ou reçu l’argent détourné de la Gabon Oil Company (GOC).

Noureddine Bongo Valentin doit justifier le don des bus à l’État gabonais venus du Brésil vendu à l’État pour un montant de six milliards. Il doit justifier l’argent volé du COVID-19. Et maintenant l’argent détourné du ministère des Travaux publics pour zéro résultat. Qui sont les vrais ennemis de la République ?

Il est bien connu qu’en politique tous les coups sont permis et que cet univers a sa propre morale. Mais de là à inutilement humilier un citoyen après s’être posé toutes ces questions de fond, c’est la République qui prend un coup.

En 1965, François Mitterrand est candidat à l’élection présidentielle face au grand général De Gaulle. Sa candidature qui rassemble largement la gauche communo-socialiste se veut menaçante, elle qui a même finalement mis celle du libérateur de la France en ballottage.

Ne supportant pas son ascension et ses assurances, les hommes de De Gaulle, notamment Alain Peyrefitte son ministre de l’information, lui suggéra de ressortir toutes les casseroles de François Mitterrand, dont son faux attentat de l’Observatoire de 1959.

Le général De Gaulle qui avait une hauteur vue de la République et du rôle du président de la République qui, avec Michel Debré, rédigea la Constitution de 1958, consacrant la Cinquième République, toujours en vigueur en France, refusa d’abaisser la fonction présidentielle aux simples motifs de règlement de compte ou de petits coups tordus politiques donnés à l’adversaire.

Aussi il s’opposa à une guerre de boules puantes car disait-il, François Mitterrand avait autant de chances que lui de diriger la France. Voici la noblesse politique qui manque dans notre pays. Le profil du président Nzouba Ndama est tellement dense que quiconque comprendra que pour affronter le pouvoir en place ou faire la politique au Gabon, il faut de l’argent.

Malheureusement pour les ennemis de la République qui l’affaissent en permanence, ce coup donné au président Nzouba Ndama ne l’a certainement pas amusé mais a dû lui donner plus de détermination et de courage pour arracher le pouvoir, selon la formule de Napoléon Hill.

Omar Bongo Ondimba qui en savait tant sur ses opposants ne les avait jamais humilié. Car il préservait l’avenir où il aurait pu avoir besoin d’eux comme cela a souvent été le cas. C’est dire qu’il ne faut jamais humilier un adversaire politique. C’est puéril et rétroactif.

Par Télesphore Obame Ngomo, Président de l’OPAM

Paul Essonne

Journaliste

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