Jacques Pilhan disait » le citoyen bombardé de messages, vit dans le bruit permanent des médias. En tant qu’homme public, si je parle souvent, je me confonds avec le bruit médiatique… ». Dans la situation de Guy Christian Mavioga, qui impose pourtant le respect dû aux morts et la préservation de sa dignité, que n’a t-on pas lu et entendu? Pour sa mémoire et pour notre fraternité, il ne servait à rien d’ajouter le bruit au bruit. Les citoyens gabonais n’auraient rien compris de ce qui se passe dans la situation du cas Mavioga.
Du mensonge le plus indigeste aux caricatures les plus grotesques, tout y est passé. Donc, comment ne pas être tenté de paraphraser François Mitterrand lors des obsèques de son vieil ami, Pierre Bérégovoy, quand il disait des médias, « ils ont jeté la dignité d’un homme aux chiens ». En d’autres mot, comment ceux qui se disent les parents, la famille de Guy Christian Mavioga, se sont investis à livrer une fois de trop, même sa dépouille mortelle, à ceux-là qui l’ont traité de tous noms d’oiseaux durant son passage à Pizolub? Les archives existent et peuvent certifier le motif de notre indignation.
J’accuse le pouvoir en place et tous ses responsables d’avoir favorisé l’organisation de ce dîner où sont publiquement célébrées l’ingratitude et l’infamie. Que n’a-t-il pas donné pour le régime en place, lui, le président du Bloc Démocratique Chrétien? Que n’a-t-il pas fait pour sauver le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba qui vacillait en 2016, lui, l’ancien porte-parole de la majorité républicaine et sociale pour l’émergence? Comment peut-on si vite oublier? Même la France continue de célébrer les combattants de la Libération plus de 50 ans après.
En août 2016, sa télévision et sa radio qui faisaient la promotion à outrance du candidat Ali Bongo Ondimba ont été brûlées. Malheureusement, cela n’a jamais été réparées. Comment peut-on emprunter le chemin d’une nouvelle élection présidentielle sans avoir réparé les dégâts de l’ancienne? Quel signal le pouvoir en place envoie à ceux qui prennent souvent le grand risque de le soutenir en période chaude sans le moindre complexe? Est-ce un argument qui serait servi aux futurs aventuriers du même genre. Si oui, alors c’est noté. Comprendra qui pourra.
Est-ce normal que Guy Christian Mavioga soit ainsi traité? L’homme meurt humilié, en plus inutilement, par des gens qui ne savent ni respecter le travail des autres, ni reconnaître les efforts de ceux grâce à qui ils trônent en maître et seigneur au sommet de l’État. Bien heureusement, il existe une justice spirituelle qui est déjà à l’œuvre. On ne peut autant vénérer l’ingratitude envers ses ardents soutiens et espérer récolter la paix. Omar Bongo Ondimba, le grand maître, n’a eu de cesse de dire « votre égoïsme vous perdra. Payez les gens d’autrui ». Il faut payer sinon vous le paierez.
Payez à Guy Christian Mavioga le travail qu’il a eu à faire et qui nous sert encore aujourd’hui. Le pouvoir en place doit réparer cette faute. Au quel cas, Mavioga que nous connaissons saura être le porte-parole de tous ceux à qui le pouvoir en place refuse leurs droits. Guy Christian Mavioga meurt chômeur et endetté. Qui l’eût cru? Que d’énergies dépensées, que d’ennemis accumulés pour défendre ce en quoi il croyait, mais pour quel prix? On dirait aisément, tout ça pour ça? Le retour de la manivelle ne peut pas être ludique.
J’accuse la République et tous ses démembrements de participer à ce concert du déshonneur et du lynchage public de la mémoire de Guy Christian Mavioga. En effet, quand le tribunal se juge incompétent pour rendre une décision sur le cas Mavioga, comment devrait t-on comprendre cette conclusion?
Cela voudrait dire (1) Guy Christian Mavioga ne sera jamais enterré ou (2) Guy Christian Mavioga sera enterré, au final, mais comme un indigent? Nous demandons à comprendre. Le litige posé devant les juges de notre pays serait-il le premier du genre? Le tribunal serait si inféodé ou autant corrompu pour ne pas être capable de trancher une telle affaire? On a presqu’envie de demander qu’est-ce qui se cache derrière la mort ou la dépouille de Guy Christian Mavioga? C’est quoi le complot qui se jouerait autour de ce corps qu’on voit pourtant sans vie, mais qui semble encore vivant?
90 jours après son dernier souffle, Mavioga fait toujours autant parler de lui. Finalement, on a envie de croire qu’il avait quelque chose de fort et d’intéressant qui alimenterait bien des appétits. Sinon, qu’est-ce qui justifie ce tintamarre?
Après le départ des doyens Émile Kassa Mpassi et Éloi Rahandi Chambrier, n’y a-t-il plus de sages chez les punu et chez les omyènè pour régler ce différend qui n’est pas le premier du genre en République gabonaise? Le Gabon de nos ancêtres serait-il tombé aussi bas au point où, ni le pouvoir en place que tu as servi, et parfois avec zèle, ni la République que tu as chéri, ni la sagesse traditionnelle que tu as tant respectée ne soient capable d’enlever Guy Christian Mavioga dans cette chambre froide pour le faire reposer en terre et en paix? Nous le refusons car c’est tout simplement incroyable.
Tout est vraiment symbole dans la vie. Le cas Mavioga est tellement riche d’enseignements qu’il convient à tous de s’armer de clairvoyance pour les jours à venir. Tout travail mérite un salaire. Tu seras payé mon frère et ce, jusqu’au dernier centime. Ainsi est faite la vie et la nature.
Guy Christian, il était effectivement impensable de t’imaginer faire ton entrée dans les couloirs de la mort sans faire de bruit. Depuis ici, nous voulons te dire, chapeau l’artiste, tu as réussi. Maintenant que ta cérémonie doit commencer, osons espérer qu’enfin ils réagiront. Pour moi, tu aurais fait de même alors j’ai dit.
Par Télesphore Obame Ngomo