Le débat de Missélé eba’a : Alain Claude Bilie By Nze le sacrifié du système…

En observant la trajectoire politique d’Alain Claude Bilie By Nze (ACBBN), on peut y retrouver quelques ressemblances avec celle d’André Mba Obame (AMO). En effet, les deux hommes ont commencé leurs classes en politique dans les rangs de l’opposition, aux côtés de Paul Mba Abessolo, pour être un moment donné de leur parcours, les nouveaux maitres à penser du régime en place.

Aux côtés d’Omar Bongo Ondimba, AMO pouvait se permettre bien des égards que nombreux de ses collègues au gouvernement ou dans le parti démocratique gabonais (PDG) n’auraient jamais osé. Ce qui traduisait bien l’affection toute particulière et la confiance appréciable que lui portait le successeur de Léon Mba.

Or, l’ambitieux et agile homme politique de Medouneu, flottant dans ce nuage trompeur, semblait oublier que le seul maître du jeu restait Omar Bongo Ondimba. Que tout ce qu’il permettait ou autorisait avait pour seul objectif de nourrir ses différents projets politiques, présents ou à venir. Et dans ceux qu’il concoctait pour son fils Ali Bongo Ondimba, dont il a toujours souhaité la succession après lui, le profil d’AMO qu’il a fait ministre de l’Intérieur à la fin de sa vie, entrait dans la droite ligne de cette démarche.

Autrement dit, dans le dispositif mis en place pour assurer à Ali Bongo Ondimba une accession facile au fauteuil présidentiel, AMO n’était qu’un pion comme bien d’autres de la chaîne prévue à cet effet. Le départ de René Coniquet de la présidence du Sénat devant assumer et assurer l’intérim du président de la République, cet homme au caractère bien trempé tranchant avec l’aplatissement de la première boursière Ozavino, la nommée Rose Christiane Ossouka Raponda, s’inscrivait dans cette même logique.

Il n’était alors nullement inscrit dans l’esprit d’Omar Bongo Ondimba qu’AMO devait sortir de ce cadre pour nourrir sa propre ambition. Tel que le plan avait été conçu pour « le bien du régime », c’était soit l’adhésion, soit la perdition. L’histoire ou la fin d’AMO est bien connue de tous.

Pour ce qui est du cas ACBBN, on n’est pas loin de la même conception du pouvoir et du fauteuil présidentiel par Ali Bongo Ondimba. Ce dernier, par les actes qu’il pose, notamment dès l’avènement de Brice Laccruche Alihanga au poste de directeur de cabinet et la promotion démesurée de son fils Noureddine Bongo Valentin à la présidence de la République, prouve qu’il nourrit une ambition présidentielle légitime, bien qu’irresponsable, pour son fils.

Malheureusement, l’égoïsme, l’ingratitude et l’arrogance n’ont jamais payé en politique. Et ces défauts, Ali Bongo Ondimba et sa maisonnée tendent à les développer de manière excessive. Or, pour qu’il accède au fauteuil présidentiel, son père a dû travailler dur, bien qu’en finesse, et grassement payé tous les acteurs, d’ici et d’ailleurs, qui devaient jouer le jeu de la succession quasi monarchique. Le résultat est qu’il est bien président de la République malgré la volonté d’alternance souhaitée par le plus grand nombre des gabonais.

De ce qu’il considère comme étant des erreurs de son père, Ali Bongo Ondimba en garde particulièrement une qu’il n’entend pas reproduire : la promotion de cadres gabonais enrichis et crédibles. Donc, potentiellement dangereux pour l’ambition nourrie pour son fils au profil plus qu’approximatif. Ce qui peut d’ailleurs expliquer de façon limpide trois réalités incompréhensibles lorsqu’on observe le fonctionnement du pouvoir en place : (1) l’hégémonie de la Légion étrangère au sommet de l’État, (2) la promotion de tocards finis et sans la moindre personnalité dans les postes de responsabilité et (3) la violence affichée pour quiconque oserait refuser de se soumettre aux anomalies de ce projet.

Hélas, c’est encore du mauvais côté qu’est visiblement tenu le maillet. Car, qui veut le foin, fait l’âne. Un point c’est tout. Si Ali Bongo Ondimba et son épouse rêvaient que Noureddine Bongo Valentin devienne président du Gabon, ce n’est certainement pas ainsi qu’ils auraient dû gérer (1) le cas Brice Laccruche Alihanga, (2) la situation administrative de son premier cercle avant l’épisode de Ryad, (3) l’ensemble des cadres ayant joués un rôle pour son accession au pouvoir en 2009 et son maintien en 2016 et enfin (4) confier leur fils à un traître sans réseau.

De cette conception du pouvoir, le profil ACBBN constitue plus une menace qu’un atout. C’est la raison pour laquelle, pour mieux le cerner, le limiter et pourquoi pas l’étouffer politiquement, il est fait « demi premier ministre » au lieu de chef du gouvernement tout simplement. Une place qu’il mérite pourtant et pleinement au regard de ses états de service aux côtés du président de la République depuis 2009. Mais hélas, l’homme est courageux, discoureur établie en politique. Tout ce qui avait fait la force d’AMO en août 2009 et dont ne dispose pas son fils.

C’est dire que, en positionnant ACBBN à ce niveau, il est plutôt exposé aux foudres de tous les adversaires déclarés et cachés d’Ali Bongo Ondimba. Plus que jamais, toutes les attaques de l’intérieur comme de l’extérieur visant à en découdre avec la présidence d’Ali Bongo Ondimba seront tournées vers lui. C’est désormais évident, avec le modèle développé par ceux qui, à Ryad, ont promis enculer la République, l’alternance au sommet de l’État est vivement souhaitée. Paraissant comme celui sur qui le président de la République entend s’appuyer pour renouveler son troisième mandat, il est plus que jamais l’homme à abattre. Comme AMO, il pourrait être anéanti par le système en place qui n’aime pas être bousculé dans ses fondements.

S’il fallait puiser ailleurs des exemples édifiants sur le cas ACBBN, c’est en France, sous les différentes présidences de gauche qu’on irait les chercher.

Le cas ACBBN est comparable à celui de Pierre Bérégovoy qui avait succédé à Édith Cresson avant de se suicider ou à celui de Manuel Valls, aujourd’hui en exil, avant de remplacer Jean Marc Ayrault à Matignon. Les deux hommes étaient arrivés beaucoup trop tard au poste qu’il méritait depuis tandis que trop de fautes politiques avaient déjà été actées et accumulées.

ACBBN dispose de nombreuses qualités ou capacités dans divers domaines mais ne parviendra jamais à faire, dans l’état actuel de la route, Libreville-Boué en une heure, même avec la voiture la plus rapide du monde. La gestion de la ressource humaine par Ali Bongo Ondimba et les siens a été de l’ordre du surréelle. Personne n’acceptera de s’engager dans une telle aventure périlleuse.

Si ACBBN entend mettre du sien pour tenter de ressusciter une affaire en pleine putréfaction, il y laissera plus que ses plumes. C’est certain. S’il tente aussi de sortir d’un dispositif voué à l’échec, il connaîtra le sort de ceux qui sont considérés comme étant des traîtres. Finalement, il est condamné. C’est l’erreur que Jacques Chirac s’était évité en quittant très tôt Valéry Giscard d’Estaing. Idem pour Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron pour les présidents qu’ils ont servi.

Ce ne sont pas tous les postes politiques qu’il est bon d’accepter. Ce qui est valable pour ACBBN l’est pour tous ceux qui pensent avoir les capacités de ressusciter «  un truc » mort.

Par Télesphore Obame Ngomo

Président de l’OPAM

Paul Essonne

Journaliste

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