Le 22 avril 2022, les faits étaient déjà clairs, précis et documentés. Le prestataire MAYENA FOODS apparaissait comme l’un des principaux bénéficiaires des marchés publics liés à la restauration dans le cadre de la riposte contre la COVID-19. Selon les factures examinées, cette entreprise à elle seule aurait perçu 647.342.983 FCFA, soit 72 % du total des dépenses consacrées à la restauration.
Plus étonnant encore, MAYENA FOODS serait le seul prestataire à avoir également facturé 34.870.000 FCFA pour des postes aussi flous que la main-d’œuvre, la logistique et les imprévus, sans qu’aucune justification crédible ne soit fournie ni qu’aucune trace d’activité réelle ne puisse être vérifiée sur le terrain.
Or, il est établi que l’établissement était fermé aussi bien avant qu’après la levée des mesures liées à la pandémie. Dans ces conditions, il est non seulement légitime, mais surtout impératif de s’interroger : comment une entreprise inactive a-t-elle pu bénéficier de sommes aussi colossales, et avec la bénédiction de quelle autorité ?
Et pourtant, en lieu et place d’un signalement nominatif et circonstancié aux autorités compétentes, le COPIL CITOYEN a opté récemment pour une plainte contre X, une formule juridique générique qui évacue toute désignation directe de responsabilités.
Cette posture est non seulement surprenante, mais elle s’apparente à une manipulation délibérée de l’opinion publique. Car les responsabilités étaient déjà identifiées depuis avril 2022 : le nom de l’entreprise, les montants perçus, la nature des prestations douteuses, l’absence d’activité concrète… tous ces éléments figuraient noir sur blanc dans les rapports et constats déjà disponibles.
Ainsi, prétendre aujourd’hui que l’enquête se heurte à des inconnues, que le Directeur Général de MAYENA FOODS est introuvable, ou encore que la vérité reste à établir, relève soit de la mauvaise foi, soit d’un calcul politique visant à protéger des complices au sein du système.
Ce choix du COPIL Citoyen de « gagner du temps » par la judiciarisation indéterminée détourne l’essence même de sa mission : rétablir la transparence, la responsabilité et la redevabilité dans la gestion des deniers publics. En évitant volontairement de nommer ceux qui étaient déjà connus, le COPIL participe à l’impunité qu’il prétend combattre.
Il est donc temps d’exiger plus que des slogans, des rapports ou des déplacements de façade. L’impunité ne reculera pas tant que les procédures seront instrumentalisées pour couvrir des crimes économiques avérés. Et toute plainte contre X, dans un dossier aussi clair, n’est rien d’autre qu’une complicité passive ou active, maquillée sous des habits de vertu.