Le COPIL CITOYEN révèle la situation de la rupture d’antirétroviraux au Gabon.

Depuis le mois de novembre 2021, les personnes vivantes avec le VIH SIDA au Gabon sont privées de traitement sans interruption faute de rupture des antirétroviraux. Cet état de fait peut être qualifié de volonté manifeste du Gouvernement de prendre plaisir à voir la santé des 24.000 personnes sous-traitements antirétroviraux se dégrader ; La conséquence de cette rupture est de deux ordres : dégradation de la santé des PVVIH créant des résistances et décès à ce jour de certains d’entre eux.

Face à cette situation désastreuse et inhumaine, face au silence des autorités, le tout relayé par les cris de détresses des associations de personnes vivantes avec le VIH/SIDA, le COPIL CITOYEN a décidé de se saisir de ce dossier et d’en faire sa priorité.

Ainsi, le COPIL CITOYEN  a entrepris et observé les actions suivantes :

  • Le vendredi 22 juillet 2022 : le COPIL CITOYEN reçoit Mme Mariame Fatou MOUSSOUNDA NZAMBA, Présidente du REGAP+ (réseau des personnes vivantes avec le VIH/SIDA) et Mr Thierry MBOME, acteur civique vivant avec le VIH/SIDA et engagé sur cette cause, cet entretien donne lieu à un direct fortement relayé sur les réseaux sociaux ;
  • Le lundi 25 juillet 2022 : le COPIL CITOYEN conduit par son Porte-parole et accompagné de Mme Mariame Fatou MOUSSOUNDA NZAMBA est reçu en séance de travail par Mme Françoise NDAYISHIMIYE, Représentant Résidant de l’ONUSIDA au Gabon. Le COPIL CITOYEN partage ses vives inquiétudes et reçoit un ensemble d’éclaircissements de la part de l’ONUSIDA au cours de ces 2 heures de séances de travail ;
  • Le mardi 26 juillet 2022 : le COPIL CITOYEN saisit par écris le Président de la République Chef de l’Etat, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement pour marquer son incompréhension face à l’insensibilité des autorités sur la situation de plus de 24.000 citoyens vivantes avec le VIH/SIDA, quoi le budget des biens et services pour le VIH/SIDA ait augmenté de 70% passant de 2 milliards en 2019 à 3,525 milliards en 2020. Le COPIL CITOYEN ne manque pas de rappeler à ces personnalités que ce désastre humain est entretenu par eux, tout en les invitant à trouver une solution urgente. Aussi, le COPIL CITOYEN saisit le même jour, la Présidente de la Cour Constitutionnelle pour faire constater cette violation délibérée de la Constitution en matière de santé ;
  • Le mercredi 27 juillet 2022 : le COPIL CITOYEN saisit le Ministre de la Santé et le Ministre du Budget, des Comptes Publics pour rappeler la responsabilité toute entière qui est la leur au vu du désastre vécu par les 24.000 personnes vivantes avec le VIH/SIDA face à leur refus d’engager les 3,525 milliards de budget pour acheter des antirétroviraux ;
  • Le jeudi 28 juillet 2022 : Marc ONA ESSANGUI, Commissaire à la Gouvernance Climatique et Environnementale est interpellé sur cette question par un tiers l’informant de l’existence au Gabon et notamment à la zone Economique de NKOK d’une *usine dénommée LA SANTE PHARMACEUTIQUE spécialisée dans la fabrication de médicaments dont des antirétroviraux, des antituberculeux et antipaludéen ;
  • Le mardi 02 août 2022 : Marc ONA ESSANGUI, effectue une visite à la zone Economique de NKOK pour une prise de contact avec la Direction de la Santé Pharmaceutique ;
  • Le jeudi 04 août 2022 : Pour la première fois depuis le début de cette crise, le Premier Ministre reçoit en séance de travail à son cabinet le Représentant de l’ONUSIDA et le Représentant de l’OMS pour évoquer la question des ruptures des antirétroviraux ;
  • Le vendredi 05 août 2022 : Une Délégation de la Société Civile et les organisations des personnes vivantes avec le VIH/SIDA conduite par le COPIL CITOYEN effectue une visite à la Santé Pharmaceutique de NKOK pour toucher du doigt et se rendre compte de l’existence de cette usine capable de fabriquer des antirétroviraux pour toute la sous-région.

La question que la société civile se pose est celle de savoir : Comment l’Etat gabonais a pu laisser mourir des compatriotes et voir la santé d’autres se dégrader depuis plus de 6 mois sachant qu’il y a ici au Gabon une usine fabriquant des antirétroviraux ?

Il ressort de nos observations deux choses :

  1. Le Ministère du Budget et des comptes publics agissant pour le compte de l’Etat refuse de régler dans les délais les fournisseurs d’antirétroviraux quoi que disposant d’un budget de 3,525 milliards pour le faire, alors même que seulement 2,170 milliards, sont nécessaires pour acheter les antirétroviraux annuel pour les 24.000 patients du Gabon. Ce refus conduit à l’achat au forceps de petite quantité d’antirétroviraux par le Ministère du Budget pour une période de 1 à 2 mois, suivi des ruptures de 3 à 6 mois. Pour le Gouvernement, la santé des 24.000 personnes vivantes avec le VIH/SIDA semble n’être pas une priorité ;
  2. Le lobbie pharmaceutique au Gabon, étant déjà en partenariat avec des grosses firmes pharmaceutiques livrant des antirétroviraux, semble s’opposer avec force à ce qu’un fournisseur local comme la Santé Pharmaceutique commercialise les antirétroviraux fabriqués sur place et revenant très moins chères ; cette structure devenant une menace pour leurs business. Ainsi, avec assurément la complicité des administrations gabonaises compétentes, l’Etat et les lobbies pharmaceutiques préfèrent voir la santé de PVVIH se dégrader que de voir un fournisseur local alimenter le marché des antirétroviraux.

Ce dernier point se confirme par la volonté tant des organismes internationaux basés au Gabon intervenant dans le VIH/SIDA et le Gouvernement gabonais de ralentir depuis plus d’un an le processus de commercialisation des antirétroviraux produit par la Santé Pharmaceutique alors même que ces produits ont été testés et approuvés tant au niveau national et international et que la seule chose qui bloque est l’autorisation de commercialiser. Pourquoi autoriser par exemple la commercialisation du lacotrim, équivalent du Bactrim produit par la Santé Pharmaceutique aidant à limiter les effets du virus VIH/SIDA et bloquer depuis plus d’un an la commercialisation des antirétroviraux.

En définitive, le COPIL CITOYEN constate pour le regretter que le Gabon ne manque pas d’argent pour commander dans les délais à l’extérieur des antirétroviraux pour prendre en charge les 24.000 personnes vivante avec le VIH/SIDA d’une part et d’une usine de fabrication locales des antirétroviraux pour en fabriquer en cas de rupture à l’international d’autre part. Le COPIL CITOYEN comprend simplement que les 24.000 PVVIH sont pris en otage entre des autorités plus préoccupées à détourner les budgets et un lobbie pharmaceutique décidé à préserver ses intérêts.

Le COPIL CITOYEN recommande vivement aux organisations des PVVIH, des parents des victimes et aux victimes de cette rupture entretenue à faire preuve de courage en poursuivant l’Etat gabonais devant les juridictions nationales et internationales pour atteinte volontaire à la vie d’autrui.

Pour le COPIL CITOYEN, le Porte-parole Geoffroy FOUMBOULA LIBEKA

Obone Flore

Journaliste

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