« La République de la Trahison ». Par Gaston Bekale.

« « 𝑳𝒆 12, 𝒄’𝒆𝒔𝒕 𝒍𝒆 12. 𝑵𝒖𝒍 𝒏𝒆 𝒗𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒂𝒖 13 𝒔𝒂𝒏𝒔 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒆𝒓 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒆 12 », criaient avec ferveur les partisans du « 𝐨𝐮𝐢 », comme une incantation destinée à exorciser nos vieux démons. Mais à peine née, cette Cinquième République s’est empressée de rouvrir les chapitres les plus sombres de notre histoire. Un remake lugubre. Une rediffusion du cauchemar. 𝐔𝐧𝐞 𝐑𝐞́𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐦𝐞́𝐦𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐚𝐠𝐞, 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐫𝐮𝐩𝐭𝐮𝐫𝐞 ».
Il n’y a plus un seul pédégiste derrière les barreaux. Ceux-là mêmes qui ont saigné le pays à blanc, qui ont bâillonné le peuple et étouffé la vérité, sont aujourd’hui libres. Ils circulent, dépensent, paradent. Ils sourient aux caméras pendant que les vraies voix du changement, elles, croupissent dans l’ombre, étouffées dans des cellules ou dans l’indifférence générale.
Cette Cinquième République, qui prétend incarner le salut, est née sans honneur. Elle trahit avant même d’avoir gouverné. Car elle n’a pas extirpé le mal, elle l’a maquillé. Elle n’a pas brisé les chaînes, elle les a polies. Elle n’a pas jugé les coupables, elle les a accueillis à bras ouverts, avec tapis rouge et immunité morale. Ce n’est pas une refondation, c’est une régénérescence cynique du mensonge.
Les bourreaux d’hier sont aujourd’hui les banquiers de demain, les partenaires d’aujourd’hui, les invités d’honneur dans les palais de la trahison. Ils trinquent à nos illusions pendant que les mères pleurent encore leurs fils tombés. Où est la justice ? Où est la mémoire ? Où est le sang-froid du libérateur ? Nous avons confondu silence avec sagesse, recul avec stratégie.
On nous assurait que l’homme en treillis avait lu 𝐋𝐞 𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞 de Machiavel. Qu’il savait ce qu’il faisait. Mais il vient de trahir Machiavel. Car même Machiavel recommandait de frapper sans pitié ceux qui avaient opprimé le peuple, non de leur tendre la main au nom d’une unité fallacieuse. Il n’y a pas de réconciliation sans justice. Il n’y a pas de paix sans vérité.
Comment le peuple ne voit-il pas l’imposture grimée en renouveau ? C’est à en perdre la raison. Nos héros sont en prison. Nos bourreaux sont en liberté. Chaque minute passée dans l’aveuglement collectif est une gifle à ceux qui ont résisté, une complicité silencieuse avec ceux qui ont volé, trahi, tué.
Comment expliquer à l’histoire que celui qui détenait les clés de l’Égypte a préféré s’agenouiller devant Pharaon, troquant la liberté de son peuple contre des bracelets d’or ? L’Histoire ne retiendra ni les excuses ni les silences. Elle retiendra que face au choix entre la justice et la continuité, nous avons choisi la peur.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce n’est pas un proverbe, c’est une loi. On ne transforme pas une nation avec les artisans de sa chute. On ne purifie pas une plaie avec les mêmes lames qui l’ont ouverte. On ne bâtit pas une République sur des squelettes mal enterrés.
Le Dieu que nous prions est un Dieu de justice. Il ne restaure pas l’ordre avant d’avoir restauré la vérité. Ce que nous vivons n’est pas une délivrance, c’est une trahison. Ce n’est que le début. Après le 12, c’est le 13. Et après le 13, il y a 7 années d’épreuves, de ruses, de désillusions ».
Gaston Bekale-De la Philosophie Morale.

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