La relance économique de l’Afrique passe par son indépendance vis –à-vis de la France et du FMI.

Il est clair que l’Afrique a besoin d’une refonte de son système démocratique actuel. Pourtant elle a d’énormes potentialités en termes de ressources minières, agricoles, démographiques. Mais pour prendre toute sa place dans l’économie mondiale, l’Afrique doit prendre ses distances avec la France et le Fonds Monétaire International (FMI).

L’économiste français Thomas Porcher révèle « la balance commerciale de la France est excédentaire envers l’Afrique c’est-à-dire que la France exporte beaucoup de biens vers l’Afrique. Donc si  l’Afrique n’a pas les moyens d’acheter ces biens français il y a moins d’exportation pour nos entreprises, et s’il y a moins d’exportation il y a moins de bénéfices. Donc, le but du maintien de l’Afrique dans une condition intermédiaire c’est qu’elle puisse acheter nos biens et qu’on puisse extraire leurs matières premières, c’est une nécessité pour que l’économie de la France fonctionne bien. »

Le vice va plus loin, tel que le déclare Thomas Porcher « la France injecte quelques liquidités pour que l’Afrique aille un peu mieux et pour quelles puissent toujours commercer ensemble. Mais aucunement, la France n’a pour but de sortir l’Afrique de la pauvreté et de la mettre sur la voie du développement. Car, ni nos entreprises qui sont sur place ni nos entreprises qui sont en France et qui exportent vers l’Afrique n’ont intérêt in fine à ce que l’Afrique s’en sorte mieux parce que si l’Afrique se porte bien il y a une partie des multinationales qui rentreront chez elles et il y a une partie des biens qui seront produites directement en Afrique et nos entreprises françaises ne pourront plus les exporter. L’objectif étant de maintenir l’Afrique dans une position intermédiaire suffisante pour qu’elle ne tombe dans le chaos mais qu’elle ne se développe pas non plus. La preuve avec les concepts d’annulation de la dette, d’emprunt  par-ci par-là sans que ce soit un grand virage économique pour l’Afrique. »

Par la suite, l’économiste français fait encore des révélations plus fracassantes « En Afrique, il ya des contrats de partage de production les plus défavorables aux pays. Il y a un problème d’agressivité des dirigeants africains dans la négociation de l’extraction minière. Après il ya toute la question du financement et des points d’ajustements structurels du FMI qu’ont subi l’Afrique. L’Afrique est un véritable laboratoire des politiques d’ajustements structurels du FMI avec des conséquences très négatives sur la lutte contre la pauvreté. Pourtant le FMI peut débloquer 34 milliards de dollars (18394 milliards de francs CFA) en droits spéciaux c’est-à-dire une monnaie qu’il met à disposition des pays pour la balance de paiement, soit pour stabiliser leur monnaie, leur politique monétaire, soit pour acheter des importations. Mais il ne faut pas penser que c’est de l’argent donné gratuitement, le FMI ne donne jamais de l’argent gratuitement car il a des objectifs politiques qui est de libéraliser l’économie. Cet argent est donné en échange de réformes à effectuer, et les réformes on les connait telle la privatisation. »

Sur le FMI, Thomas Porcher enfonce le clou « Les pays africains ont subi massivement les politiques d’ajustement structurels du FMI. Ça n’a pas marché en Afrique parce que tout simplement que ce sont des politiques qui ne fonctionnement pas. Il y a eu des privatisations, le service public a reculé, les capitaux ont été libérés de tout mouvement, le marché du travail a été flexibilisé, tout a été libéralisé mais les pauvres sont devenus plus pauvres. L’Afrique c’est le seul continent qui a vu sa pauvreté doublé ces 50 dernières années, et c’est le continent qui a le plus appliqué les politiques structurelles du FMI. Chaque fois que le FMI donne de l’argent, il y a toujours un risque derrière parce qu’il y a des réformes qui sont imposé. Cet argent du FMI va passer par les pays africains et c’est pour acheter des importations et va finir dans les comptes des entreprises européennes. C’est un petit tour de passe-passe »

En fait, sortir l’Afrique aujourd’hui des politiques imposées par les bailleurs de fond c’est déjà une première étape pour que l’Afrique se développe. Rappelons  qu’entre l’Afrique avait un taux de croissance entre les années 60 et 70 plus élevé qu’à partir des années 80. Or, c’est à partir des années 80 qu’on a appliqué massivement les politiques d’ajustements structurelles en Afrique. L’Afrique a besoin d’industrie.

Paul Essonne

Journaliste

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