La préservation des patrimoines autochtones par la langue maternelle.

Chaque être humain possède une langue maternelle, un élément essentiel de l’identité. Il faut encourager la conservation et la défense de toutes les langues parlées par les peuples du monde entier.

La langue maternelle est un facteur d’identité primordial, c’est la langue de la petite enfance et de la famille. La langue maternelle est, au fond, la première analyse du monde dont dispose l’être humain. En effet, on peut passer sa vie professionnelle en parlant le français ou l’anglais par exemple, mais en même temps voir le monde à travers la langue qu’on a apprise en premier. La diversité culturelle et linguistique est essentielle à l’avènement de sociétés durables et la préservation des différences entre les cultures et les langues favorise la tolérance et le respect d’autrui.

Cependant, la majorité des personnes bilingues, voire trilingues, confient souvent penser, exprimer des sentiments, rêver, dans leur langue maternelle même si elles ne l’utilisent que très peu. Parce qu’entretenir la langue maternelle est une richesse, quelle que soit cette langue. C’est grâce à la maîtrise de sa première langue ou langue maternelle que les compétences de base en lecture, écriture et calcul pourraient être acquises.

L’idée véhiculée par le concept de langue maternelle fait que l’enfant est en contact permanent avec sa mère depuis sa conception jusqu’à sa naissance et après ; seulement l’on oublie que cet enfant, même en étant dans le ventre de sa mère, il rentre en contact avec son entourage familial, c’est-à-dire le père, les frères et sœurs, les grands-parents etc.

D’ailleurs, les neurosciences cognitives sont unanimes à dire que l’enfant perçoit les sons du langage quand il est dans le ventre de sa mère, ce langage n’est pas exclusif à la mère, mais il appartient au groupe social le plus proche qui est la famille. Une fois l’enfant né, ceci s’imprègne affectivement et émotionnellement de la mère, mais aussi de toutes les personnes qui l’ont approché durant les premiers jours, semaines et mois de son apprentissage de la langue et de la vie de façon générale.

Il est important que notre société comprenne une fois pour toute que ses richesses, culturelles et linguistiques, sont avant tout un atout pour un développement durable qui nous évitera des crises, des conflits et des malaises que l’on peut qualifier d’aberrants et qui sont en partie à l’origine de notre sous-développement. Notre rapport avec les langues maternelles au Gabon n’a jamais fait l’objet de sérieux débats, associant l’élite dans toute sa composante. En se référant aux récentes évolutions scientifiques, notamment dans le domaine des neurosciences.

Le plurilinguisme est un facteur de développement cognitif, psychologique et de l’intelligence ; il est aussi prouvé qu’un cerveau multilingue est un cerveau qui a le moins de chance d’être atteint par les maladies neurodégénératives, telles l’alzheimer et de parkinson, entre autres. Ces données doivent absolument être intégrées dans les différentes politiques linguistiques, culturelles et éducatives du pays. L’internet a vraiment rétréci le monde, et l’apprentissage de plusieurs langues ne fera qu’apporter une plus-value aux locuteurs et au pays lui-même.

Les langues de la famille, à titre d’exemple, ne peuvent pas être enseignées de la même manière qu’enseigner d’autres langues, car le cerveau possède un certain nombre de stratégies et de mécanismes cérébraux qui peuvent intervenir de manière efficace dans l’apprentissage des autres langues. Nous avons tendance à adopter des approches communes pour enseigner toutes les langues, ce qui n’est pas recommandable dans ce genre de situations ; cet phénomène contribue de façon non négligeable à créer des élites analphabètes du point de vue de la linguistique et de la science de façon générale, car philosophiquement parlant, la langue est le véritable récipient de la pensée et de la connaissance, et quand ce récipient n’arrive pas à contenir cette connaissance car mal conçu, il ne faut pas s’attendre à des miracles.

L’école étant un prolongement de la famille, il faut donc adapter l’enseignement à la réalité linguistique du pays. Ceci est une évidence, puisque l’école par essence, est une structure qui a pour finalité deux choses : intégrer l’enfant dans les valeurs de la société à travers l’enseignement de sa langue, de sa culture, de son histoire et de ses valeurs de façon générale, et d’intégrer l’enfant dans les valeurs universelles. Il est primordial d’investir l’enseignement des langues, qu’elles soient locales ou étrangères à l’école et dans les autres institutions de l’apprentissage, et ce en prenant en compte les principes de la didactique et de la pédagogie de l’enseignement des langues, basés essentiellement sur les récentes évolutions de la psychologie et des neurosciences.

Il est important de réfléchir et de débattre sérieusement sur la pédagogie de l’enseignement des langues maternelles au Gabon. Le cerveau de l’enfant est capable d’assimiler un nombre conséquent de langues durant son apprentissage, il faut juste choisir la bonne pédagogie et travailler de façon à dépasser le débat stérile actuellement en cours sur l’enseignement des langues maternelles au Gabon.

L’heure est maintenant est au travail académique et créatif pour pouvoir permettre à cette langue une existence sur le plan réel et virtuel. Les mentalités doivent changer chez les acteurs de cette langue ; l’heure actuelle est au travail de fond dans le domaine de la recherche académique, la création artistique et des idées qui feront sortir cette langue des carcans dans lesquels elle fut emprisonnée durant des siècles durant.

La mentalité revendicative doit se substituer à l’effort psychologique et intellectuel afin de ne pas emprisonner nos langues dans des desseins limitants. Un défi de taille doit être pris en charge par les acteurs de nos langues maternelles, c’est celui de la graphie, étant donné le fait que le débat actuel sur cette question n’arrive pas à dépasser le cadre idéologique.

Une culture de paix ne peut se construire que dans un espace où tout le monde a le droit d’utiliser sa langue maternelle pleinement et librement dans toutes les différentes circonstances de la vie. La diversité culturelle et linguistique est essentielle à l’avènement de sociétés durables et la préservation des différences entre les cultures et les langues favorise la tolérance et le respect d’autrui.

Le développement de l’enseignement multilingue basé sur l’instruction dans la langue maternelle permet non seulement d’améliorer les résultats d’apprentissage, mais il aide également à maintenir la diversité linguistique et le multilinguisme, un élément clé de l’inclusion.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

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