Gabon : Vie chère, les Gabonais asphyxiés.

Le gouvernement gabonais s’est précipité en décrétant le plafonnement des prix de 65 produits alimentaires, nous sommes là en 2012, malheureusement celui-ci n’est pas respecté. Nul n’est besoin de rappeler à n’importe quel économiste que la lutte contre la vie chère obéit à revoir certaines taxes douanières de la part de certains importateurs au niveau des ports. 

Difficile pour les grossistes et les détaillants de revoir les prix quand on sait qu’il n’y a pas souvent des mesures d’accompagnement. Quel commerçant va prendre le risque de revoir les prix de sa marchandise si rien ne change au niveau des taxes d’importation des marchandises ? Que dire des avantages que cela semble procurer d’abord au niveau du cabinet du ministre de l’Economie et de la relance, et ensuite au niveau des directions à l’exemple de la direction générale des douanes.

On comprend aisément que la voix de l’organisation gabonaise des consommateurs, celle de la direction générale de la concurrence et de la consommation ne peut pas changer grand-chose, malgré les discussions qui seront menées, même à la présidence de la République, les collaborateurs du Chef de l’Etat ne vont jamais accepter que cela change au profit de la population avec l’augmentation des prix de certains produits alimentaires.

Le Gabon dépend de 90% de l’extérieur pour nourrir sa population en important pour plus de 250 milliards de francs de CFA. Le pays n’a donc aucune influence sur les prix des produits. La flambée de certains intrants de production aura toujours une répercussion sur la marchandise importée au Gabon. Le problème sera toujours là le temps que le gouvernement n’opte pas pour une véritable politique de production nationale.

Pourtant, la loi du 15 juin1963 portant réglementation des prix en République gabonaise consacre un large chapitre en la matière, notamment sur les infractions et les peines. L’article 26 stipule : « Au regard de la présente loi, considéré comme prix illicite : 1- le prix est supérieur au prix limité et au prix fixé par les arrêtés et décisions intervenus en application de la présente loi ; 2- le prix qui est maintenu à son niveau précédent alors qu’il a fait l’objet d’une décision de diminution de prix ». En cas de non-respect, il faut le dénoncer.

Pour les peines encourues, il s’agit des articles 37 à 46 fixant les peines encourues. Selon la gravité de l’acte, elles peuvent aller d’un emprisonnement d’un mois à six mois et d’une amende de 3000 à 3 millions de francs (art 37). Ou encore d’un emprisonnement de 3 mois à 3 ans et d’une amende de 5000 francs à 300 millions de francs (art. 38), suivi du retrait de l’autorisation d’importation, du retrait de la fiche circuit, et des poursuites judiciaires.

Il est important de rappeler que le Gabon qui a adopté une économie libérale n’a pas le droit de plafonner les prix, d’après la réglementation en vigueur. La loi n°014/98 fixant le régime de la concurrence en République gabonaise est nette et claire en son article 4. « Sont libres par le jeu de la concurrence : le prix des biens et services ; les importations et exportations ».

Cependant précise l’article 4 « le gouvernement peut, en cas de besoin et après avis de la commission de la concurrence, réglementer les prix des biens et service, par exemple lorsque la concurrence par les prix est faussée dans les secteurs où se sont constitués des monopoles ou qui sont soumis à une réglementation particulière des prix ».

L’article 5 paraît plus précis : « Le gouvernement peut également, en cas de nécessité, et nonobstant le jeu de la concurrence, prendre des mesures visant à empêcher les hausses excessives découlant d’une situation de crise ou d’un fonctionnement anormal du marché d’un bien ou d’un service ».

Il est clair qu’en analysant les articles le gouvernement de Rose Christiane Ossouka Raponda ne songe même pas un instant à sortir les Gabonais de la misère qu’ils vivent au quotidien.

Paul Essonne

Journaliste

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