Gabon/Réforme du statut d’artiste : le gouvernement alloue 21,4 milliards de francs CFA sur trois ans au secteur culturel.

Cela fait des années que les travailleurs et travailleuses du secteur culturel réclament une réforme du statut d’artiste. Selon le document de cadrage macroéconomique et budgétaire, cette réforme est désormais en marche.

Le statut d’artiste actuel n’est pas un véritable statut puisqu’il s’agit d’aménagement pour des travailleurs et travailleuses dont la nature du travail est l’intermittence. Tout critiqué qu’il soit, le statut reste pour l’instant un filet de sécurité indispensable pour de nombreuses personnes. C’est l’occasion historique de changer de paradigme et de reconnaître la valeur non-marchande de l’art. Le gouvernement parle de répertorier les artistes, les établissements, les compagnies et les entreprises du secteur de la culture dans sa globalité, d’inventorier le patrimoine culturel, sur la période 2022-2024. Quels en seront les critères de sélection ? L’élaboration du cadre normatif du gouvernement est un gros danger d’institutionnaliser les artistes. C’est dangereux pour la diversité culturelle et la liberté de création. Il serait souhaitable que les artistes participent à l’élaboration de ce répertoire. Le but étant de pouvoir prendre en compte le travail réel et non pas uniquement le travail rémunéré sous contrat. Rappelons que, la réforme s’inscrit dans un contexte d’une énorme crise de l’emploi et du secteur culturel suite à la pandémie du Covid-19.

Pour se mettre tous d’accord, cela prend forcément du temps : le secteur culturel est composé de réalités complètement différentes, entre un administrateur qui travaille à l’année, un chanteur qui a beaucoup de boulots, un jeune porteur de projets qui va mettre des années à monter son premier spectacle, un comédien qui travaille sans être rémunéré… Ce n’est pas normal que les négociations se fassent en vase-clos, avec des gens censés représenter le secteur.

La philosophie générale de la réforme est une philosophie d’assurance collective grâce à laquelle le gouvernement aide le secteur des loisirs et de la culture à hauteur d’un budget global de 21, 4 milliards de francs CFA dont 8,8 milliards de francs CFA pour la Culture et l’éducation populaire, 5,5 milliards de francs CFA pour la jeunesse, les sports et les loisirs, et pour finir 2,4 milliards de francs CFA pour la promotion audiovisuelle et cinématographique.

On passe d’un renouvellement symbolique, sur un principe de confiance, à un renouvellement effectif, qui force à être rentables économiquement pour prétendre faire de l’art. Mais le secteur n’est pas rentable et manque de moyens.

Paul Essonne

Journaliste

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