Gabon : où vont les Eglises de Réveil ?

Qu’arrive-t-il aux Eglises de Réveil ? Elles prospèrent au Gabon en promettant monts et merveilles sur terre ou au ciel, en enrichissant les gourous qui les répandent. Peut-être s’agit-il d’un réveil religieux, d’assemblées de fidèles qui prennent de l’ampleur au Gabon.

En voyant leurs offices, de nombreuses Églises ont changé de style. Certaines disent avoir une attitude donnant à penser que Dieu accepte n’importe quel genre de conduite. De plus en plus d’Églises proposent des divertissements, de l’émotion et des attractions profanes au lieu d’une instruction fondée sur la Parole de Dieu. Même si des pratiquants considèrent qu’il s’agit là de nécessaires adaptations aux réalités du monde moderne, bien des personnes sincères se demandent si les Églises de Réveil ne s’écartent pas de la mission confiée par Jésus. Elles sont devenues des temples du néolibéralisme triomphant, où l’on pratique un capitalisme spirituel qui ne dit pas son nom. Face à la misère des populations, elles sortent des formules magiques : « l’église est apolitique », « toute autorité vient de Dieu », « Respectez le régime », même quand celui-ci clochardise, chosifie, viole et tue.

Dans le sérail, il est de notoriété publique que la parole a du mal à se libérer mais ces choses commencent à se savoir au point d’intéresser « le monde » qui hésite à rejoindre les églises de crainte de s’y trouver maltraité et entre nous, il a bien raison.  Abus spirituels, d’autorité, sexuels, financiers, de véritables gourous opèrent sans gêne dans les Eglises de Réveil au point que la presse s’intéresse de plus en plus à ces problématiques. Mais l’omerta qui règne dans les paroisses heureusement se fissure, permettant de comprendre les victimes des abus concernés  et de l’emprise qu’elles ont sur eux et à quel point certains membres ont été affectés par ces événements.

L’Église est une des premières institutions dans laquelle les citoyens ont confiance. Dans un monde en pleine mutation, l’Église apparaît comme une source de stabilité et de continuité. Néanmoins, si l’Église s’impose comme un acteur social significatif, c’est moins en diffusant une culture religieuse qu’en défendant les intérêts nationaux gabonais. Sa plus grande visibilité dans l’espace social et son action n’ont pas pour autant contribuer à un renforcement significatif de la religiosité des citoyens gabonais, même si ceux-ci marquent leur attachement à la spiritualité en tant qu’élément constitutif de l’identité nationale.

Paul Essonne

Journaliste

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