Dans l’affaire du naufrage d’Esther Miracle, Ali Bongo Ondimba a instruit son gouvernement d’octroyer 3 millions de francs CFA à chaque rescapé et 10 millions de francs CFA par familles endeuillées lors de l’accident du 9 mars dernier au large des côtes gabonaises. Dans le présent article, le politologue Jean Delors Biyoghe apporte des éclaircissements sur l’aide du Chef de l’Etat qui en principe ne devrait pas se récupérer au Trésor Public, mais plutôt dans une banque privée où est domicilié son compte avec un code agence, le numéro de compte et la Clé Rib.
En effet, tous les ans dans le budget de l’État (l’argent de tous les Gabonais) il y a une ligne « dotation pour des dépenses accidentelles et imprévisibles » qui est alimentée. Pour cette année, elle est de 5 milliards de francs CFA. Ainsi, cette ligne est censée couvrir ce type de situation accidentelle et imprévisible. D’ailleurs, lors de l’éboulement du PK13, le Copil Citoyen Gabon avait saisi les autorités pour nous expliquer où allaient ces milliards chaque année tout en invitant les gouvernants à utiliser cette ligne pour aider à reloger les victimes et les habitants des alentours. « Vous pouvez imaginer la suite, silence de cathédrale », mentionne Geoffroy FOUMBOULA LIBEKA.
Pour le politologue Jean Delors Biyoghe, « en matière de gouvernance du secteur public cela peut être perçu comme une utilisation des biens de l’Etat à des fins personnelles, c’est le détournement des fonds publics. Normalement les concernés devraient agir au nom de l’Etat et non du Président de la République, car c’est l’Etat qui apporte une aide sociale aux compatriotes ».
Malheureusement, dans sa générosité Ali Bongo Ondimba a oublié que dans le cas où c’est une décision du Chef de l’Etat « Il peut prendre un décret ou une ordonnance pour procéder à l’acte. Une décision du Conseil des ministres peut faire l’affaire » rassure le politologue.
Et ce dernier de poursuivre « Lorsque le Président de la République agit à titre privé, trois options s’offrent à lui : 1- il se rend aux domiciles des victimes afin de leur apporter son soutien ; 2- soit il passe par un de ses intimes pour dépolitiser l’acte ; 3- (je conseille moins, car pas très respectueux de la dignité des bénéficiaires), soit il reçoit les victimes à son domicile pour remettre à chacune son appui » souligne Jean Delors Biyoghe, politologue.
Gageons qu’Ali Bongo Ondimba songe dans sa grande magnanimité à l’une de ces trois options, surtout en ce temps de carême. Il serait peut-être temps que certains arrêtent d’induire en erreur le Chef de l’Etat à l’approche de l’élection présidentielle de 2023. C’est l’effet inverse qui se produit, avec un possible forfait du Président de la République.