Gabon : Le président de la CGPMEI interpelle le Chef de l’Etat sur la situation précaire de la PME Gabonaise.

Monsieur le président bonjour. Quel bilan faites-vous de la situation de la PME Gabonaise, à la veille de l’élection présidentielle de 2023. Pensez-vous que le gouvernement a une part de responsabilité dans la détresse de la PME Gabonaise.

Emmanuel Zue: La part de responsabilité la plus importante dans la précarité qui accable la PME appartenant aux promoteurs d’origine Gabonaise incombe au gouvernement Gabonais. Le gouvernement édite des lois et s’assure l’application desdites lois. Il régule au quotidien les activités économiques sur l’étendue du territoire national. Un contact régulier est maintenu entre les organisations représentant les PME et les administrations sectorielles qui orientent la politique économique nationale. Vous avez ainsi le ministre de l’industrie qui a en charge l’activité industrielle du Gabon, le ministre des Eaux et Forêts qui gèrent l’exploitation forestière. Ou encore le ministre des travaux publics qui attribue les marchés des BTP. Tous ces membres du gouvernement et ceux que je n’ai pas cité, ont chacun la possibilité de veiller à l’intégration des nationaux dans l’environnement économique Gabonais. Dans le cadre de l’industrie par exemple, à la suite du forum de l’industrie organisé en 2013, un secrétariat technique avait été créé pour la validation et le suivi des projets industriels.

La CGPMEI qui en est membre à la charge d’organiser la sous-traitance des nationaux dans les différents projets validés. Mais à ce jour tous les membres du gouvernement qui ont succédé au ministre de l’époque n’ont jamais manifesté la volonté de conduire à terme le travail de ce secrétariat technique, qui pourrait soutenir une forte intégration des PME locales. Dans le cadre de l’exploitation forestière, récemment nous avons assisté à la signature des conventions d’exploitation des forêts communautaires. Mais, pour un nombre important de forestiers Gabonais, c’est tout simplement une volonté d’écarter les professionnels nationaux du secteur de l’exploitation forestière, car ces surfaces ne sont pas entièrement dédiées à l’exploitation forestière. Les permis forestiers associés (PFA), peuvent être bien initiés en faveur de ceux des nationaux qui disposent d’une bonne expérience dans l’exploitation forestière comme les anciens promoteurs du domaine du Kevazingo aujourd’hui au chômage. Regardez les étendues de terres qui sont allouées à la GSEZ pour l’exploitation forestière, tous les Gabonais du secteur peuvent aisément sous-traiter dans ces espaces. Mais il n’y a aucune volonté politique pour imposer la sous-traitance à la GSEZ. Le secteur forestier est le seul qui n’encourage pas la sous-traitance. Force est de constater que la volonté du ministère ne s’oriente pas vers la voie de la souveraineté économique à travers la promotion des nationaux du secteur.

Quand vous entendez parler le ministre des PME, monsieur Yves Fernand Manfoumbi, il ne fait nullement référence aux entrepreneurs de notre trempe. Il se soucis de l’entreprenariat jeune. Aucun pays au monde ne s’est développé avec ce genre de politique économique. Lors de la grande crise immobilière qui a frappée les États-unis dans les années 2007, l’ancien président Barack Obama avait misé sur toutes les PME, notamment celles qui avaient déjà un portefeuille économique, mais qui avait besoin de renfort financier. Ici au Gabon, dans les plans de relances mis en place, il n’y a jamais de soutien économique aux PME. Il n’y a que des promesses non tenues. Même en pleine période de pandémie comme celle que le monde traverse depuis deux ans, rien n’est fait en faveur des entrepreneurs autochtones.

Il convient de profiter de l’occasion que vous m’offrez de m’exprimer dans votre média pour tirer la sonnette d’alarme sur la situation de précarité dans laquelle se trouvent les promoteurs des petites et moyennes entreprises (PME) d’origine Gabonaise. Je tiens à faire la distinction entre la PME propriété des personnes de nationalité Gabonaise, mais d’origines étrangères et celles des personnes d’origines Gabonaises. Admettre la confusion, reviendrait à cautionner l’imbroglio qui règne dans l’environnement économique Gabonais, qui veut selon certains que tous les opérateurs économiques sont égaux. Nous au sein de la CGPMEI nous pensons que la distinction se doit. La distinction est visible sur le terrain.

Dans le secteur des BTP, vous constaterez que les PME propriétés des autochtones sont peu nombreuses. Aussi bien celles qui obtiennent des marchés directs avec l’état que celles que les sous-traitants. Dans le domaine des services c’est encore plus grave. En 2016, la PME Gabonaise représentait seulement 11% de part  l’environnement économique national qui contribue au PIB. Dans ces 11% tout le monde y était inclus. Y compris des entreprises comme  Airtel. Cela veut dire qu’en réalité si nous faisons un vrai découpage des parts de marché avec des structures comme mon Cabinet, les petites entreprises du BTP, et forestière de mes compatriotes, nous ne représentons même pas 4% de part de notre environnement.

C’est tout simplement scandaleux. C’est situation résulte de la discrimination imposée par les entreprises majors aux promoteurs Gabonais et des restrictions légales qui entretiennent volontairement la confusion dans notre environnement économique. A la veille d’une élection présidentielle aussi importante, nos gouvernant doivent comprendre que la PME, propriété des personnes d’origines Gabonaises se porte très mal et appelle à l’intervention du Chef de l’état.

Monsieur le président, au terme de notre entretien, quel est votre mot de fin.

Emmanuel Zue: Il faut que nos gouvernants sachent qu’aucun pays au monde ne s’est développé en marginalisant son contenu local, c’est-à-dire ses entrepreneurs autochtones. Le Gabon ne peut échapper à cette démarche. La difficulté que nous avons et que nous ne comprenons pas, est que depuis son premier mandat, le président de la république n’a jamais discuté avec les représentants des PME. Jusqu’ici le dialogue a été toujours organisé avec la CPG..Mais la CGP ne nous représente pas. La CPG est l’expression de la tyrannie économique que nous combattons.

Nous appelons le président de la république à nous écouter, à nous soutenir et à nous accompagner. Le ministre de l’économie doit comprendre quelle n’organisera jamais une véritable relance économique en tolérant la marginalisation des nationaux. Quand un entrepreneur autochtone a du travail, il fait non seulement vivre sa famille, mais également sa communauté, son quartier. L’argent qu’il gagne ne sort pas du pays, mais reste dans nos banques et est dépensé dans le circuit économique local.

En revanche, chaque fois que vous encouragez et soutenez ceux de nos frères naturistes, au détriment des autochtones, l’argent qu’ils gagnent va dans le maillage de l’environnement économique de son pays d’origine. Ce n’est qu’une stricte vérité que nos gouvernants refusent d’entendre. Le déclin des entités comme la CNSS ou la CNAMGS, sont des victimes collatérales de cette précarité économique qui accable les entrepreneurs locaux. A la veille d’une élection présidentielle aussi importante, nous interpellons le Chef de l’état afin qu’il ait un regard plus constructif en faveur des entrepreneurs Gabonais.

Nous souhaitons une instauration des échanges entre les représentants des organisations patronales que nous sommes et le Chef de l’état pour bâtir une économie forte durant le septennat avenir.

Paul Essonne

Journaliste

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