Gabon: Le débat de Missélé eba’a: Bientôt Néo à la barre…

En septembre 2019, en France, dans l’île d’Oléron, le procès du coq dénommé Maurice avait eu un effet retentissant. En effet, les chants matinaux de Maurice le fameux coq avaient été jugés dérangeants par les voisins de sa propriétaire. Aussi, ils avaient décidé de porter plainte. Au final, Maurice le coq avait gagné son procès et ses détracteurs avaient été condamnés à lui verser une indemnisation  de 1000 euros, soit 665.000 XAF environ. Avec cette victoire, Maurice était devenu le symbole des traditions rurales face à l’urbanisation.

Ce type de faits divers, lié aux animaux, qu’on aurait pu cantonner à l’univers occidental, trop évolué ou trop libéré, a également été observé dans le Sud Soudan avec le procès d’un bélier qui a été condamné à trois ans de prison ferme pour avoir tué une dame en lui donnant des coups de tête. Hélas, il n’a pas eu la même chance que Maurice le coq en France. Après avoir purgé sa peine dans un camp militaire, selon les dispositions légales, ce bélier sera donné à la famille de la victime.

En observant ces différents cas précités et après avoir suivi les procès de l’entourage de Brice Laccruche Alihanga, son aide de camp puis son chauffeur, auprès de qui les metteurs en scène de l’opération scorpion tentent en vain d’arracher des aveux ou des témoignages tirés par les poils du mollet droit, on ne peut que se demander, à quand le procès de Néo, le chien de l’ancien directeur de cabinet du président de la République?

Dans l’esprit des représentants du pouvoir en place, incrustés et manœuvrant dans la justice de notre pays, les différents chefs d’accusation sont tout prêts. Ils pourraient reprocher à Néo, le chien de compagnie de Brice Laccruche Alihanga, le fait d’avoir traîné dans les environs, donc d’avoir été un témoin, toutes les fois où son maître « arrosait » la République.

Du citoyen lambda prostré devant son portail aux différents généraux des forces de défense et de sécurité, des parlementaires aux membres des différents gouvernements, tous sont passés chez l’ancien directeur de cabinet du président de la République et Néo les aurait vu. Ces fameux exécutants qui font la loi au tribunal de Libreville, froissant toute honte bue l’indépendance existentielle même du juge, pourraient reprocher à Néo d’avoir humé les billets de banque que son maître aurait distribué à ses innombrables visiteurs.

Enfin, il pourrait lui être reproché d’avoir consommé des croquettes achetés à Prix Import ou à Mbolo, avec de l’argent dont il n’aurait pas pris le soin de vérifier la provenance, et non les restes de viandes mal hachées du boutiquier du Château, quartier de son maître. Ne serait-ce pas le comble du ridicule? Que faudrait-il encore faire comme cinéma ou dire comme énormité pour davantage discréditer la justice de notre pays? Le magistrat gabonais sera-t-il encore digne de la toge qu’il porte ou du serment qu’il aura prêté? Autant de choses qui inquiètent le citoyen libre et de bonnes mœurs. Ce foisonnement de jurisprudences dangereuses et inqualifiables tue l’image du Gabon à l’extérieur. De qui tenez-vous cette ambition assassine?

En effet, lors du procès de son aide de camp, l’opinion publique s’étonnait des chefs d’accusation énoncés et des répliques des avocats de l’État, notamment celles de maître Haymard Moutsinga qui à ce jour a été incapable de nous dire si l’insolent patrimoine laissé par son père, dont il est l’un des héritiers, n’a été acquis que par le fruit de son seul salaire de médecin, fut-il celui du président de la République Omar Bongo Ondimba. Et voici qu’on demande à un chauffeur de poser la question à son chef d’où proviendrait l’argent qu’il lui donnerait pour effectuer une mission.

Nous doutons que tous les présidents d’institutions de ce pays, tous les membres  du gouvernement ou tous les responsables de nos administrations soient d’accord avec ce genre de questions ou de méthodes. Il y a des choses pour lesquelles, même quand on appartient au même camp politique, on devrait s’indigner. C’est d’ailleurs tout le reproche qui avait contribué à tuer politiquement tous ceux qui avaient décidé de quitter le pouvoir Bongo Ondimba. Ces derniers ayant laissé prospérer des lois et des manières de faire qui par la suite se sont durement appliquées à eux. Or, qui veut aller loin doit ménager sa monture.

Dans l’esprit de ce procès, les acteurs politisés en toge de cette parodie de justice refusent de poser les bonnes questions. On va les y aider comme aurait dit François Mitterrand: (1) Selon la gestion du budget de l’État, quelle est la part de celui-ci ou sur quelle ligne budgétaire Brice Laccruche Alihanga aurait détourné l’argent public? (2) La présidence de la République, son secrétariat général ou le cabinet du président de la République  aurait-elle déposé une plainte pour détournement de fonds publics contre l’ancien directeur de cabinet du président de la République? Autrement, quelle est l’administration publique qui a décidé de poursuivre cet ancien collaborateur du chef de l’État? (3) Pourquoi le principal concerné n’est-il pas directement appelé à la barre, mais à chaque fois on préfère sacrifier ses collaborateurs pensant donner de l’épaisseur à un tissu de mensonges et de manipulations détecté par tous?

Nul doute que cette affaire finira très mal. Il n’y  a plus le moindre doute, comme Magloire Ngambia, Brice Laccruche Alihanga ne sera jamais jugé pour les prétendus détournements de fonds qui l’ont pourtant conduit derrière les barreaux. On comprend mieux, trois ans après, qu’on soit là à multiplier des accusations fallacieuses qui n’ont plus rien à voir avec l’argent dit détourné. Tantôt on nous parle de faux papiers. Puis de viol et maintenant de violences sur autrui. Diantre, est-il possible de stopper ce ridicule judiciaire sans nom qui n’honore pas notre pays? Et dire qu’il aurait été mille fois plus simple d’appliquer la jurisprudence Vital Kamerhe pour sortir de ce bourbier qui explosera, sans aucun doute, tous les acteurs de cette sordide affaire.

Quelle honte pour notre pays que certains juges ne puissent plus respecter leur serment et leur toge. Malheureusement pour ces derniers, il n’en n’est pas de même en France où cette affaire a déjà pris une tournure nocive insoupçonnée. Le temps pour les collégiens du bord de mer de goûter à l’amertume du pouvoir mal géré a bel et bien sonné. Comptons les jours en haut et en bas, et tous nous serons témoins d’une descente aux enfers des vrais indélicats de la République. Le Gabon et ses génies, il faut les respecter et les honorer. Un point c’est tout.

Pour l’heure, si on reste dans la logique suicidaire des collégiens du bord de mer, on ne peut que se demander: À quand Néo à la barre? Tellement la bêtise a la dent dure.

Par Télesphore Obame Ngomo

Paul Essonne

Journaliste

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