Au Gabon, depuis quelques jours, le débat autour de la liberté de la presse s’est cristallisé autour de l’ordonnance modifiant et complétant la loi organique sur la Cour constitutionnelle dans l’alinéa b de son article 13. Il se passe quelque chose de très malsain dans ce pays. On n’y voit la volonté d’intimider les journalistes, et c’est totalement scandaleux.
En effet, cette procédure a pour but inavoué de faire taire les journalistes dans l’exercice de leur mission d’informer. Et les professionnels des médias se mobilisent depuis, dénonçant notamment les atteintes à la liberté de la presse. Cette dernière est menacée. Que la liberté de la presse au Gabon ne soit pas fameuse, ce n’est pas totalement nouveau, mais il y a des facteurs de fragilisation. La situation gabonaise est marquée par les insuffisances du cadre légal en matière de protection des journalistes. Car, les journalistes ne sont pas de simples observateurs, ils sont des lanceurs d’alertes et ils animent le débat d’intérêt général.
Cet article 13 alinéa b est extrêmement dangereux pour deux types de raisons : il est menaçant pour une raison de fond, et la Cour Constitutionnelle y instrumentalise les lois pour réduire le droit d’informer dont voici la substance « Toute personne physique ou morale ou tout organe ou agent de presse auteur de menaces, d’outrages, de violences et d’attaques de quelque nature que ce soit contre la Cour constitutionnelle ou l’un de ses membres peut être traduit devant le tribunal correctionnel suivant la procédure de flagrant délit.
Outre les sanctions pénales, la Cour constitutionnelle peut directement soit infliger des amendes, soit prononcer des inéligibilités ou les deux sanctions à la fois à l’encontre des auteurs de menaces, d’outrages, de violences ou d’attaques de quelque nature que ce soit faites à la Cour constitutionnelle ou à l’un de ses membres.
Le parquet de la République et les forces de sécurité sont tenus, dès leur saisine, d’intervenir immédiatement en apportant leur concours aux membres de la Cour constitutionnelle par l’interpellation et l’arrestation des auteurs des faits constitutifs des infractions suscitées ». Comment comprendre que les Députés ont adopté cette ordonnance ? Devrait-on museler la presse ?
Certainement pas, le Gabon est un pays où nous avons le droit de nous exprimer. Il n’est pas question que la presse soit contrainte de faire valider ses publications par un la Cour Constitutionnelle. Mais, le risque est que certains dossiers soient des attaques en grande partie creuses. Tant pis, puisque face à un dossier creux, il y a le plus souvent des dossiers sérieux. Il faut simplement que les organes de presse assument leurs responsabilités en acceptant d’être cité en justice pour diffamation.
Il ne doit pas y avoir de limites dans la liberté de la presse, il faut juste que les dossiers soient vraiment sérieux pour éviter de mettre en cause la Cour Constitutionnelle sans fondement. Et en face, l’Institution mise en cause ne doit pas réagir n’importe comment. La situation désastreuse, sinon tragique, de la presse gabonaise est due exclusivement aux politiques cyniques des tenants du Pouvoir. Ces derniers mettent en avant un état de siège fictif pour justifier leur répression complète de liberté de la presse.
La présente situation rappelle que la liberté de la presse n’est jamais acquise et doit sans cesse être défendue.