Gabon : La corruption, un microbe qui nargue les vaccins de la CNLCEI

Le ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance et de la Lutte contre la Corruption, Me Francis Nkea Ndzigue, a participé à un débat organisée par le cabinet Deloitte le 15 février 2022. Le thème « Corruption, parlons-en sans tabou » abordé au cours des échanges appelle à sortir du domaine de « l’intouchable » ce crime qui a de fâcheuses conséquences sur le bien-être des populations.

Cette initiative du cabinet Deloitte, dont l’une des missions est d’aider ses clients à confirmer la fiabilité des informations financières, a eu le mérite de réunir les représentants des administrations publiques et du privé pour un échange de point de vue sur la corruption et ses contours dans notre pays. Les débatteurs invités ont également esquissé des pistes de solutions contre ce fléau planétaire.

Cet atelier est le premier d’une série de rencontres entre les organismes qui élaborent des mécanismes visant à éradiquer cette pandémie au Gabon. Mais au-delà des débats, le gabonais attend plus des actes démontrant une réelle implication des autorités par la traque et le retour dans les caisses du trésor des fonds détournés de leur usage d’origine.

La Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), créée en 2003, a justement la mission de prévention, d’investigation et de consultation. Elle doit à cet effet traquer les pots de vin et veiller à ce que tout franc concourt à la réalisation du projet pour lequel il a été décaissé.

Depuis qu’elle existe de nombreux projets annoncés et financés n’ont jamais vu le jour ou ne sont pas encore achevés. Le cas du stade omnisport prévu d’abord pour la coupe d’Afrique des nations 2012, ensuite pour 2017 désole les gabonais qui caressaient l’espoir d’entendre très vite les chants de supporteurs sortir de cet « amphithéâtre » du football gabonais. Il n’est pas nécessaire de dresser une liste des affaires sur lesquelles la CNLCEI peut passer sa loupe.

Un indicateur montre que la lutte a ralenti. Publié en début du mois, le classement 2021 de Transparency international sur l’indice de perception de la corruption dans le monde place le Gabon à la 27e place sur le continent. Avec un score de 30/100, le Gabon a perdu 6 places sur les 54 Etats évalués en dépit de son statut du pays le moins corrompu en zone CEMAC : la RCA (37e), le Cameroun (38e), le Tchad (43e), le Congo (47e), et la Guinée équatoriale (51e).

A quand le gros coup de pied dans la fourmilière nommée corruption ? Les opérations Mamba et autres sont-elles des actions initiées par la CNLCEI ? Ou est-elle devenue la grande muette alors que ce mal prospère ?

Au niveau national, la loi n°002/2003 du 7 mai 2003 instituant un régime de prévention et répression de l’enrichissement illicite en République Gabonaise et la Stratégie de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux (SLCCBC) en vigueur depuis 2013 sont des outils à la disposition de la CNLCEI.

Pour canaliser ses actions dans le cadre du combat à mener contre ces fléaux, la commission peut aussi se servir de convention de Maputo adoptée lors du sommet de l’Union Africaine à au Mozambique, le 12 juillet 2003 et de la convention des Nations Unies signée à Mérida (Mexique), le 09 décembre 2003.

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